17/11/2025
Les Éditions de Minuit ont appris avec une très grande tristesse la disparition de Michèle Audin le 14 novembre 2025. Autrice d’une œuvre immense, elle refusait de séparer les mathématiques, l’histoire et la littérature. Membre de l’Oulipo, elle aimait dire que personne ne disparait, personne n’est oublié. On trouve dans ses romans quelques-uns des plus beaux personnages de la littérature contemporaine, toutes des femmes, nommées : Marthe, Mlle Haas, Clémence, Josée, Emma… arrachées – souvent à partir d’un fragment d’archive - à leur invisibilité et rendues à leurs individualités sensibles et combattantes. Mais aussi la Commune, la guerre de 14-18, l’Occupation, l’histoire ouvrière des XIXe et XXe siècles, retrouvées grâce à la fiction.
Née à Alger en 1954, Michèle Audin était la fille de Maurice et Josette Audin. « L’Affaire Audin » de Pierre Vidal-Naquet, publié en 1958 par les Éditions de Minuit a contribué de manière décisive à la révélation de la responsabilité de l’Armée française dans la mort de Maurice Audin, militant communiste et anticolonialiste, torturé et assassiné pour s’être battu pour l’indépendance de l’Algérie.
Michèle Audin, dans « Une vie brève » (L’Arbalète, 2013), définissait ainsi le projet de ce portrait de son père : « Je le dis d'emblée, ni le martyr, ni sa mort, ni sa disparition ne sont le sujet de ce livre. C'est au contraire de la vie, de sa vie, dont toutes les traces n'ont pas disparu, que j'entends vous parler ici. »
Son dernier livre, « La Maison hantée » a paru en janvier 2025 aux Éditions de Minuit. Roman de Strasbourg pendant son annexion par le IIIe Reich, « La Maison hantée », écrivait-elle, n’est « pas l’histoire haletante d’un réfractaire poursuivi par la Gestapo. Non, simplement un roman de la vie quotidienne. Mais il n’y a plus de témoin. Et puis, dans un carton d’archives, j’ai découvert Emma… ».
Photographie ©M. Zazzo/Minuit