23/09/2024
💔Je ne la prévenais jamais avant. Je préférais débarquer dans son quartier, me perdre dans ses dédales nombreux, retrouver la porte de son immeuble, et grimper quatre à quatre les marches défoncées de l’escalier jusqu’au quatrième. Là, il fallait tourner directement à droite, pousser la porte d’un palier, faire encore quelques pas, et frapper à la porte de gauche. Je ne frappais pas. Je tambourinais tant et tant que je ne l’entendais pas, à l’intérieur, qui criait Wa Dokhlo lbab mehlol ! (« Mais entrez c’est ouvert ! ») Il me suffisait alors de faire tourner la poignée et d’apparaître face à elle pour que ma grand-mère lève deux bras ahuris au ciel en criant Wa sa3di Wa sa3di Wa sa3di ! Son corps toujours svelte, toujours noueux, se collait alors au mien pour une embrassade aussi bruyante su embaumant le henné, l’eau de rose, et un relent d’anti-mites.
💔Je ne la prévenais jamais de mon arrivée. Elle me faisait pourtant un accueil à faire pâlir d’envie n’importe quel palace. Et puis elle se posait tout contre moi, sa cuisse pressant la mienne, et passait une main à la fois rude et chaude sur mon dos, enchaînant les questions, n’attendant pas mes réponses, répétant sans cesse Wa sa3di en rajustant son foulard.
💔Quand à moi, ravie de mon effet toujours renouvelée, jamais épuisé, je commençais à la regarder, à scruter ce visage marqué, à repérer les rides creusées depuis la dernière fois que je l’avais vue. Je la laissais se tourner vers mes parents, je la laissais dérouler la litanie des nouvelles familiales, et soudain j’attrapais un fil. Une info plus croustillante que les autres, et lui jetais une question matinée de provocation.
(Suite en commentaire👇🏽)
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