14/12/2025
--- LIVE REPORT ---
LANDMVRKS 🇫🇷 + Underoath + Pain Of Truth + Split Chain à Halle Verrière Meisenthal – jeudi 4 décembre 2025 (Opus Live)
C’était une date que j’attendais avec impatience. La Laiterie de Strasbourg étant encore en travaux quelques mois (l’ouverture est enfin prévue pour fin-avril 2026), une partie de la programmation de la salle est transférée dans la magnifique Halle Verrière de Meisenthal, à un peu plus d’une heure au Nord de Strasbourg, une énorme usine réhabilitée en salle de spectacles avec un toit vitré un peu perdue dans la forêt mosellane.
Il est 18h30, une longue file d’attente se forme et celle-ci ne bouge pas alors que l’heure d’ouverture des portes approche… 19h, on attend tranquillement dans le froid, ça finit par avancer timidement et malheureusement c’est sur écran géant et sans son qu’on regardera le début de SPLIT CHAIN, grâce à un écran géant un peu visible depuis l’extérieur. Frustrant à la fois pour les spectateurs et pour le groupe de ne pas pouvoir accéder dans la salle à temps pour le début du concert.
Le set est déjà entamé de bien 15 minutes lorsque je pénètre dans l’énorme hall (bien chauffé) où la jeune sensation britannique essaye de réveiller le public qui ne les connait pas vraiment. Des cheveux longs en mode grunge, un batteur caché par un vieux téléviseur cathodique, le logo du groupe qui tourne sur un écran, les 5 musiciens sont placés tout en avant sur la scène, pour laisser de la place au reste du matériel des groupes suivants. "Extract", "Future", "Grey In The Blue" se suivent, bien exécutés mais plutôt assez répétitif et il faut attendre "Who Am I ?" pour que le set ne décolle vraiment. Le chanteur remercie à plusieurs reprises l’assistance et quitte la scène (après 9 morceaux au total) sur un très bon "I’m Not Dying To Be Here". Excellent sur album (Motionblur est sorti plus tôt cette année, Guillaume W. vous l’avait chroniqué), les nu-grungazers ont assuré mais pas non plus laissé un souvenir impérissable. Pas une déception, mais surtout l’envie de les revoir dans un cadre plus intimiste.
Le plateau change, un énorme chien gonflable est placé sur le côté droit de la scène, le gang hardcore à l’ancienne de PAIN OF TRUTH enchaîne pour un set de 10 titres piochés dans sa petite discographie. Assez ennuyant sur album, il en aura été de même en live aussi. Pas par manque de prestance du chanteur, juste un ensemble un poil trop old-school façon Merauder sans réel refrain fédérateur et un son de batterie tout pété. Un homme avec une barbe caché sous son sweet à capuche arrive pour chanter sur "This Falls On You" et repart aussi vite qu’il est apparu, sans capter qu’en fait il s’agissait de Timothy McTague, le guitariste d’Underoath. Sur le dernier morceau, le guitariste se fait plaisir, enlève sa chemise à carreaux, laissant apparaitre ses tatouages (là aussi à l’ancienne) et prend le micro, laissant sa guitare à son chanteur. Le meilleur moment de cette demie-heure de show avec une belle énergie et une chouette communion avec le public, mais pas sûr qu’on ait affaire à un futur Hatebreed ou Madball en revanche.
Les sets s’enchaînent et c’est au tour d’UNDERAOTH de s’emparer de cette belle grande scène qui bénéficie de part et d’autre de deux écrans géants, chose plutôt agréable pour ce type de salle qui peut accueillir jusque 3000 personnes. Ce soir, à vu de nez, c’est rempli à un peu plus de la moitié de la capacité (je peux me tromper) et c’est plutôt une belle performance pour cette affiche en province.
Les emocoreux floridiens entrent en scène sous des applaudissements fournis, les yeux sont rivés sur le batteur Aaron Gillespie, mais surtout Timothy McTague, en mini-short-plus-court-tu meurs, verre de rouge à la main. L’écran de fond de scène reprend la pochette du dernier album, des néons verticaux sont placés derrière le groupe, "Loss" est lancé mais c’est clairement les plus anciens titres qui vont faire mouche comme "In Regards To Self" ou "You’ve Ever So Inviting". Il faut lever les mains au ciel pour la fin du megahit "It's Dangerous Business Walking Out Your Front Door" (gloire à petit Jésus), le claviériste est toujours aussi excité et frappe sur ses touches comme un malade en remuant la tête dans tous les sens alors que McTague court de droit à gauche en maltraitant son instrument.
J’adore ce groupe et j’ai déjà eu la chance de les voir plusieurs fois dans le passé, alors ce show était bon, mais ça manquait peut-être d’une seconde guitare et d’un peu plus de coffre de Spencer Chamberlain (mais ça c’est fréquent avec lui). "All The Love Is Gone" et "Generation No Surrender" seront jouées afin de promouvoir le dernier album en date et le set se terminera dans la folie avec le classique "Writing On The Walls" magnifié par la voix claire d'Aaron qui martyrise simultanément son kit de batterie.
Là aussi, uniquement 40 minutes de créneau, ce qui est très court pour un groupe aussi énorme mais normal aussi vu qu’il n’a jamais réussi à vraiment percer par chez nous. En 9 titres, les Américains nous ont replongés en adolescence, nous ont mis le sourire et c’est tout ce qu’on attendait d’eux.
21h45, l’excitation est à son comble. Vu les t-shirts des spectateurs, ces derniers sont clairement là pour LANDMVRKS, le groupe français qui est en train de devenir une référence, comme l’a été un Pleymo à son époque. Le fruit d’un travail de longue haleine, de dévouement et de persévérance, qui force le respect. Le concert à La Laiterie de Strasbourg en avril l’année dernière avait déjà été très bon mais un poil trop court. Ce soir, on sent que les Marseillais commencent leur tournée avec l’intention de faire encore mieux et avec son lot de surprises.
Et ça sera le cas direct avec "The Darkest Place I've Ever Been" qui ouvre le bal après un tombé de rideau blanc et c’est une vraie nouveauté puisqu’ils ne l’avaient jamais jouée auparavant en public. Le son est massif, Florent joue de la guitare sur ce titre qui nous en met plein la vue, vraiment. Il lâche quelques mots de remerciements, bafouille même, ce qui fait rire son bassiste. "Creature" et son début rappé d’une efficacité redoutable suit et enfonce le clou de la plus belle des manières. Une seconde cartouche balancée, on est déjà KO debout. Tout le monde crie "Death" à la demande du jeune frontman prodige, avec le texte écrit sur les écrans géants. Visuellement, tout a été pensé et travaillé, la scène bénéficie d’une estrade derrière la batterie où les musiciens peuvent déambuler et chanter, les jeux de lumières, les fumées et les confettis sont de sortie aussi, mais pas les flammes, faute de hauteur de la Halle Verrière. Dommage.
"Blistering" calme le jeu… quelques secondes seulement puisque le morceau se transforme vite en un véritable brûlot avec ses riffs tranchants, notamment en deuxième partie. Et ce refrain chanté clair tellement classe et excellemment exécuté. "A Line In The Dust" et son début linkinparkien s’invite dans la setlist (Londres aura le droit à Mat Welsh de While She Sleeps trois jours plus t**d) puis "Visage" arrive et nous fout les poils. Une preuve que le mélange des genres est tout à fait possible et cohérent, et encore un témoignage que Flo est un immense chanteur à la palette vocale variée et maitrisée.
La setlist est plutôt bien équilibrée avec bien entendu les deux derniers opus mis en avant comme avec "Sulfur" puis "Sombre 16", non chantée mais diffusée dans la salle pendant que Flo fait un V sur un paperboard avec ses bombes de peinture, le tout en une minute chrono.
On reprend à peine nos esprits que "Say No Word" arrive ! Mais quelle baffe ce morceau avec ce flow absolument irréel de rapidité. A noter que Marc Zelli, chanteur de Paleface Swiss, est venu l'interpréter sur la première date à Wiesbaden en Allemagne – oui parce que la demande était tellement forte que le groupe y a joué deux soirs de suite là-bas !), et on l’image bien faire les voix deathcore dessus.
On repart un peu plus loin dans le temps avec "Scars" de l’album Fantasy, qui annonçait déjà ce qu’allait devenir le groupe. On a passé plus de la moitié du show avec "Suffocate" commencé à la guitare acoustique par Flo, mais on va encore avoir droit à quelques surprises, et pas des moindres puisque "La Valse Du Temps" intègre désormais la setlist, pour notre plus grand bonheur. Mais quelle classe et quel culot d’avoir créé un tel morceau entre chanson française et post-hardcore bourrin et de nous faire l’honneur de nous la jouer live pour la première fois à Meisenthal. Interlude avec "Les Vagues" et on enchaîne avec encore deux (autres) tubes : "Lost In A Wave" et son refrain démentiel, ainsi que "Rainfall", tout aussi puissant (même si on peut reprocher d’avoir fait un peu trop fait claquer le son de la caisse claire), avant que les cinq ne quittent la scène.
Le batteur Kévin D’Agostino revient seul pour quelques minutes de solo dans un arc-en-ciel de lumières… Daft Punk, Fonky Family, Linkin Park remixé et d’autres trucs que je n’ai pas forcément reconnus/retenus. Alors perso je n’ai pas trouvé ça hyper pertinent dans l’enchaînement du concert, mais ça permet de respirer à la fois pour le groupe et les spectateurs.
Le temps de se prendre un "Blood Red" dans la tronche, d’encaisser la férocité de "Requiem" et sa fin en douceur avec Flo qui reprend la guitare et il est l’heure du dernier morceau qui sera "Self-Made Black Hole". Le groupe salue chaudement la salle et quitte définitivement les lieux sous un tonnerre d’applaudissements après un peu plus d'une heure de demie de show.
La salle est toujours dans la pénombre et la voici transformée en véritable dancefloor puisque "Everytime We Touch" de la chanteuse Cascada (qui est aussi une reprise en plus...) est balancée et fait danser tous les metalleux présents. Toujours aussi drôle de voir cet effet !
Là où le concert un an et demi plus tôt à Strasbourg pouvait paraître encore un peu « léger », ce soir les Landmvrks ont assuré et ont montré une nouvelle fois qu’ils font partie de cette nouvelle génération de groupes qui ont tout compris et qui ne peuvent faire que grandir, encore et encore (leur Zénith de Paris est désormais sold-out). Puissant, carré, avec une production et une scénographie aux oignons, la France ne peut qu'être fière d’avoir parmi ses rangs une formation de cette trempe que désormais l'internationale commence à s'arracher. Merci les gars pour cette soirée qui aura mis des étoiles plein les yeux à beaucoup de spectateurs.
Sébastian D.
Merci beaucoup à Lorraine et Opus Live pour leur confiance.
C'était aussi un plaisir de rencontrer certains d'entre vous.
setlist :
1- The Darkest Place I've Ever Been (première fois en live)
2-Creature
3-Death
4-Blistering
5-A Line in the Dust
6-Visage
7-Sulfur
Sombre 16
8-Say No Word
9-Scars
10-Suffocate
11-La valse du temps (première fois en live)
Les Vagues
12-Lost in a Wave
13-Rainfall
Solo de batterie
14-Blood Red
15-Requiem
16-Self-Made Black Hole