10/03/2025
🌳⭕ ... Une richesse éphémère
Le,,,,, 4
Le spectre de la pauvreté s'éloignait de nous.
C'était juste incroyable.
La seule condition était d'aller au cimetière tous les soirs
à minuit laver mes fesses.
Ma mère était enfin heureuse. Pegui sortit de l'hôpital.
Yves me dit que je n'avais plus besoin de travailler. Il
allait s'occuper de moi.
Il divorça et voulut m'épouser.
Ma mère me dit qu'il était trop pauvre pour moi. Nous
pouvions avoir plus. Cibler des hommes plus riches.
—Mais maman, je ne veux plus de tout ça et...
—Cloclo, regarde où on vit désormais. Tu veux rentrer
dans le quartier pauvre là n'est-ce pas ? Je vois que tu n'as pas
pitié de ta famille. Tu veux redevenir pauvre ?
—Cette richesse n'est pas normale. Je...
—Cloclo, écoute-moi. Rien n'est normal sur la terre ci.
Pourquoi d'autres ont droit à l'argent et pas nous ? Ne t'inquiète
pas, mais je suis là. Je suis ta mère.
Elle avait raison. Elle était ma mère. Elle savait mieux
que quiconque ce qui était bon pour moi.
Yves me donnait tellement d'argent que je ne savais plus
quoi en faire.
Je voulus retourner à l'école mais ma mère s'y opposa. Je
ne devais pas mener plusieurs batailles à la fois.
Je continuais ma pratique nocturne.
—Tu ne dois pas arrêter ça. Il faut seulement faire...
—Jusqu'à quand maman ?
—Jusqu'au jour où on sera plus riche.
Ma génitrice omettait de préciser qu'on n'est jamais assez
riche. On en veut toujours. Encore et encore.
Plus on a de l'argent, plus on devient son esclave.
Une seconde rencontre changea le cours de ma vie déjà
bien huilée.
Hermann était un banquier. Ma mère et moi étions à la
banque ce jour-là pour des transactions.
Pour couvrir tout ce que je faisais, elle me demanda d'ou
vrir une boutique de prêt à porter. Ainsi, tout le monde allait
croire que l'argent que je gagnais provenait de mes activités. Il
me fallait une couverture officielle.
Hermann était le directeur d'une banque. Il laissa son re
gard s'att**der sur moi.
Ma mère me dit à la sortie.
—Celui-là, il faut bien doser sa dose. Avec sa large
bouche là, il lui en faut plus.
—De quoi parles-tu maman ?
—Comment tu es même comme ça ? Je dois tout faire
pour toi. Tu ne vois pas que ce banquier te veut dans son lit ?
—Maman, je suis avec Yves et...
—Tsst... Tsst. Tssst... Arrête-moi ça vite. Quel Yves ?
Celui qui devient déjà pauvre là ?
Effectivement, Yves avait déjà tout perdu. Il croulait
sous les dettes. En quelques mois seulement, je l'avais tout dé
pouillé.
Il se retrouva pauvre, sans supermarché et sans femme.
Ce fut la déchéance totale.
Ma mère interdit à Yves de venir chez nous.
Elle avait jeté son dévolu sur Hermann.
Je devais le séduire et l'emmener à boire l'eau de mes
fesses.
C'était la même procédure.
Hermann n'y échappa pas. Il était plus âgé que Yves... Il
ne voulut plus me quitter.
Mon frère revint du pensionnat où je l'avais inscrit.
Depuis le début, il ne m'avait jamais rien dit.
J'étais dans ma chambre cette nuit-là lorsqu'il me de
manda s'il pouvait me parler.
—Pegui, bien sûr. Regarde comment tu deviens plus
grand que moi.
À quinze ans, il grandissait si vite. En deux ans seule
ment, beaucoup d'eau avait coulé sous le pont.
—Alors, ça va avec l'école ?
J'étais en train de me maquiller. J'avais au fil des mois
acquis une haute assurance et indépendance. Je prenais soin de
moi. Je portais des vêtements de qualité. J'étais vue dans des milieux huppés.
J'étais montrée du doigt partout où j'allais
comme un modèle de réussite. Ils disaient de moi que j'étais une
jeune fille intelligente qui avait su faire fructifier l'argent légué
par son père. Ma mère avait fait traîner la rumeur selon laquelle,
mon père était décédé et j'avais hérité une grosse somme d'ar
gent.
Ma boutique de vêtements était très fréquentée. À vingt
ans seulement, j'étais enviée par toutes les jeunes filles.
Mon frère me fixait.
Je vis son regard dans le miroir.
Je me retournai vers lui.
—Il y a un problème Pegui ?
Il secoua la tête avant de déclarer.
—Avant on était pauvre !
—Oui
Répondis-je du bout des lèvres. Je ne savais pas où il
voulait en venir.
Pauvre !
J'avais l'impression que c'était dans une autre vie qui me
paraissait bien lointaine à présent.
—Cloclo, l'argent qu'on a là, vient d'où ?
Surprise par la question, je laissai tomber mon pinceau.
—Viens d'où comment ?
—J'ai appris que pour avoir l'argent, il faut le gagner.
Alors, je demande quand on a gagné tout ça.
Sa question me laissa songeuse. Je ne savais pas quoi lui
dire. Je me mis à balbutier.
—Je... Tu...
Ma mère entra dans ma chambre à cet instant-là.
—L'argent vient du ciel... hein... On t'envoie à l'école, toi,
tu viens poser les questions sans sens. Au lieu de dire merci au
Seigneur comme tu manges l'argent, tu viens demander d'où il
vient ? Si on te dit, tu vas faire quoi avec ?
Disait ma mère en fixant Pegui.
"L'argent là vient d'où !"
Elle singeait son fils.
—Pardon, va te coucher. Tu n'as rien à dire dans cette
maison tant que ce n'est pas toi qui cherches l'argent.
Penaud, mon frère baissa la tête.
—Oui maman.
Il sortit de la chambre, tout triste.
J'eus envie de le rappeler pour le prendre dans mes bras.
Je voulais le rassurer. Tout à coup je voulus arrêter tout ce jeu.
J'avais déjà assez d'argent pour bien vivre. Je n'avais plus
besoin d'aller au cimetière.
Je le dis à ma mère lorsque mon frère sortit.
Elle éclata de rire.
—Donc tu crois que ta pauvre boutique là va nous nour
rir... Hein ? Ou tu veux seulement prendre dans ma bouche.
—Maman, je...
—Pardon, j'ai d'autres problèmes. Ma manucure a sauté.
Mon idiote de sœur regrette aujourd'hui de m'avoir chassée de
chez elle. Elle raconte partout que ma fille a l'argent et ne l'aide
pas. Me bi elang. Yor ah trô2...
Elle piaffa en terminant ses mots en notre langue mater
nelle.
Je me promis de tout arrêter le lendemain.
Lorsque le piège se referme sur toi, il devient plus diffi
cile de s'échapper.
Mes nouvelles résolutions moururent comme neige au
soleil lorsque Hermann gara une grosse voiture devant ma mai
son le lendemain.
2 Invectives en langue Béti, regroupement ethnique au Centre du Cameroun
—Pour ma princesse.
—C'est pour moi ?
—Oui mon amour. Je ferai tout pour toi.
Il me prit dans ses bras. Il sentait l'ail cru. Mais je ne
pouvais pas le repousser.
Il venait de m'offrir une voiture valant des millions de
francs CFA.
Je ne voulais plus reculer.
Je commençais à aimer l'argent. Beaucoup plus.
J'étais plus heureuse que lorsque j'étais pauvre.
Même s'il me fallait continuer à aller au cimetière, j'allais
le faire.
Hermann chassa sa femme et ses enfants.
Il me dit de venir vivre chez lui.
—Dis-lui qu'il va d'abord t'épouser. Sinon, pas de concu
binage. Et après, exige d'avoir ta chambre seule. Il ne doit pas
savoir où tu vas chaque nuit.
Me recommanda ma mère.
Hermann était prêt à se plier à mes exigences. Il m'aimait
et ne voulait pas me perdre.
—Bon, même lui-là n'entre pas dans ma tête. Un petit
pauvre directeur de banque. Si on ne garde pas l'argent chez lui,
il va prendre ça où ? Non, non, celui qu'il te faut c'est la personne
qui fabrique l'argent là lui-même !
Je regardais ma mère.
—Akieuu mama...
—Quoi ? Et si l'argent d'Hermann finit, on devient quoi
dans l'affaire ?
Ma mère avait désormais une voiture et un chauffeur. Et
pourtant, elle ne faisait rien de ses journées.
—Cloclo, c'est moi la tête pensante de cette maison, vrai
ment ! Ce monsieur, le ministre des Finances là, c'est lui qu'il
nous faut.
Il faut que Hermann t'emmène à la soirée qu'il a organi
sée. Des amies m'ont filé le tuyau.
—Maman, le ministre là est trop gros !
—Si son argent est aussi gros que lui, c'est où ton pro
blème ? Bon, l'herbe ci, il faut bien frotter dans tes fesses avant
de commencer.
Je savais de quoi elle parlait.
Je regardais d'un air suspicieux le bouquet d'herbes
qu'elle venait de retirer de son sac.
—Maman, c'est quoi ?
—Ce n’est rien. Fais seulement. Tu ne vois pas que je
suis celle qui pense à nous ?
Elle me le donna en précisant.
—Tu mets ça bien à l'intérieur.
Et c'était tout.
Le lendemain, Hermann m'annonça que je devais l'ac
compagner à la soirée du ministre.
C'était une grande coïncidence pour moi.
Je devais choisir ma tenue minutieusement. L'homme
était connu pour son goût excessif pour les jeunes femmes belles
et sophistiquées.
Il était ma prochaine cible.
Il ne fut pas difficile pour moi d'attirer son attention. Dès
mon entrée, il fixa son regard de prédateur sur moi.
Quelques minutes plus t**d, quelqu'un me murmura à
l'oreille :
"Son Excellence monsieur le ministre me demande de
vous dire qu'il veut vous parler en privée dans son bureau."
Je hochai la tête. Avant ça, je devais me rendre dans la
salle de bain.
Là, j'enfonçai très loin dans mon intimité quelques
feuilles de l'herbe donnée par ma mère. Et je me rendis à mon
rendez-vous.
La fête battait son plein lorsque je poussai la porte du
bureau du ministre.
Il était là, et il m'attendait.
—C'est comment ma petite ?
Il me souriait comme un prédateur ayant découvert une
nouvelle proie. Il ne savait pas alors que c'était lui la proie.
Je lui souris.
Il me serra contre un mur et commença à me dire com
ment il allait changer ma vie. Il avait assez d'argent pour faire de
moi ce que je voulais si je me laissais faire. Il me dit que beau
coup de femmes rêvaient d'être à ma place. Ce n'était pas donné
d'être désirée par un ministre. Il prononçait des mots obscènes
qui auraient fait sauter au plafond le pape lui-même.
Il me pelotait. Je me laissais faire.
Lorsqu'il souleva ma robe pour me prendre au mur, je ne
dis rien.
Il venait là de signer son arrêt de mort.
Sans le savoir,
il était pris au piège.
,,,
Histoire intégrale à lire sur https://www.youscribe.com/BookReader/Index/3621080/...