26/02/2025
A la veille de la disparition de deux chaines de télé, je ne vais pas prendre position pour ou contre cette décision de l'ARCOM, juste donner mon sentiment sur les deux aspects.
3 chaines "nationales" ont déjà fermé depuis 1987: TV6 (décision politique), LA CINQ (faillite), FRANCE Ô (choix du groupe public).
Etant dans les médias et proche de nombreuses personnes de ces chaines, je ne me réjouis pas de la disparition de C8 et NRJ12. J'apporte mon soutien aux équipes.
Il faut faire la distinction entre Cyril Hanouna et la chaine pour la première, et en ce qui concerne NRJ12, il s'agit à mes yeux d'une victime collatérale de cette décision.
C8 est aujourd'hui la chaine la plus regardée de la TNT et emploie une centaine de personnes directement (300 à 400 avec les productions externes).
La décision de ne pas renouveler les autorisations des deux chaines semble bien politique, puisque les reproches sont étranges: Dire de C8 qu'elle ne produit pas assez de direct ni de diversité de programmes est purement un délire, puisqu'elle est la chaine qui a le plus d'heures de direct au quotidien, et propose plus d'émissions diverses que par exemple TFX ou encore TF1 SERIE FILMS qui n'est qu'un robinet à rediffusions de séries de TF1.
S'attaquer à la chaine et à des collaborateurs qui n'ont jamais fait de vagues pour sanctionner Cyril Hanouna, est un procédé critiquable, celui-ci rebondira ailleurs, pas les salariés qui resteront exclus en très grande majorité, les deux nouvelles chaines retenues, embauchant au mieux une trentaine de personnes.
Les sanctions de l'ARCOM sont disproportionnées par rapport aux mêmes affaires lorsqu'elles ont fait l'objet de condamnations judiciaires: 3,5 millions par l'Arcom (selon quel barème?) VS 4 000€ par la justice dans l'affaire Louis Boyard.
En ce qui concerne NRJ12, la chaine, malgré une audience au tiers de ses meilleurs jours, dégage depuis 2023 un résultat net positif, contrairement aux arguments de l'Arcom... d'ailleurs ce n'est pas son rôle d'évaluer les résultats financiers des chaines, si NRJ Group veut payer c'est son problème, ce n'est pas de l'argent public.
On pourra aussi parler du caractère censure, liberté d'expression (Hanouna ne plait pas à certaines élites)... Il y a une grosse différence de traitement entre C8 et certaines chaines, notamment publiques quand il s'agit de dérapages (3 récemment sur France Info, non sanctionnés)...
Le silence sidéral des syndicats et des partis de gauche, si prompts à soutenir la liberté d'expression, est inquiétant. Personne pour défendre les techniciens, maquilleuses, caméramans, rédacteurs... dont beaucoup sont des intermittents du spectacle.
A part se féliciter de la mort de la chaine, en confondant un média et son animateur vedette, pour l'extrême gauche.
D'autre part, effectivement, l'ARCOM n'a pas retiré l'autorisation d'émettre de ces deux chaines, elle ne l'a simplement pas renouvelée, dans le cadre d'un appel à candidatures légal.
Comme en radio, un principe domine: les fréquences sont un bien public, rare, non aliénable, et théoriquement non cessibles. Elles sont attribuées dans le cadre d'un appel à candidatures pour une période définie, renouvelables soit par tacite reconduction soit par une restitution et un nouvel appel à candidatures.
Mais, on l'a vu au fil des ans, de nombreuses chaines de télé ont été vendues alors que la loi interdit en théorie la vente de fréquences, propriétés de l'Etat: soit par augmentation de capital et prise de contrôle (TMC) ou par rachat (NT1, DIRECT 8, DIRECT STAR, NUMERO 23, BFMTV, RMC DECOUVERTE, RMC STORY).
L'Arcom dont certains critiquent la légitimité, existe depuis longtemps, même si ses prérogatives ont été étendues: il s'agissait du CSA depuis 1989, de la Haute Autorité auparavant (1982-1986) et de la CNCL entre les deux.
Comme pour un contrat de maintenance d'ascenseurs, un réseau de bus, et bien d'autres domaines, il y a un appel à candidature pour un renouvellement de concession. C'est comme ça, et c'est ainsi que toutes les chaines actuelles sont nées, au détriment d'autres projets.
En revanche, le choix des chaines retenues est contestable. L'une n'étant pas prête en temps et en heure et ayant renégocié ses engagements après sa sélection, revoyant à la baisse ses promesses en terme de programmes et d'embauches (OF TV), l'autre (T18) étant la propriété d'un milliardaire proche du pouvoir en place, dont la candidature aurait été favorisée.
La prise de contrôle des chaines au fil du temps par de gros groupes, fragilise l'idéal de ce que devait être la TNT à son lancement il y a bientôt 20 ans.. mais la renforce financièrement.
Elle devait permettre à de nouveaux entrants et de petites chaines d'arriver sur le territoire, devait permettre l'accès au marché publicitaire à de petits annonceurs absents des grosses chaines.
Au fil du temps les chaines ont toutes été absorbées par les gros groupes en place ou rachetées par des milliardaires.
Il ne reste plus que CHERIE 25 et L'EQUIPE TV comme chaines indépendantes.
Et en supprimant NRJ12, l'Arcom fragilise CHERIE 25, que le groupe NRJ envisage fortement de vendre!
Les soutiens d'aujourd'hui, sont (pour certains) un peu faux cul. Des politiques qui crient aujourd'hui au scandale, étaient proches du gouvernement Chirac en 1986, qui a eu la peau de TV6 au bout d'un an, chaine choisie parmi 3 candidats pour 18 ans.
Et là il ne s'agissait pas d'un non renouvellement d'autorisation mais bel et bien d'une loi mettant fin prématurément à son autorisation d'émettre.