27/08/2024
Notre compagnon de route, Antoine Berteloot, nous a quittés le 2 août 2024, à l’âge de 67 ans.
Ancien de Bateaux et de Pêche en Mer, Antoine avait rejoint la rédaction de Neptune en septembre 2003. Pendant dix-huit ans, il fut la cheville ouvrière du magazine, sa caution technique aussi, tant sa connaissance en mécanique marine et en architecture navale était grande. Il est vrai qu’avant d’embrasser la carrière de journaliste, ce natif de Nantes avait beaucoup bourlingué.
Tout à tour, marin au long cours des côtes d’Afrique occidentale à la mer Rouge, convoyeur transatlantique de voiliers, capitaine de vedettes à passagers entre Hyères et Porquerolles, Antoine avait engrangé très tôt les expériences qui nourrissaient sa passion d’enfance pour la mer et les bateaux.
A la toute fin des années 80, son bagage maritime et ses amitiés dans le milieu de la voile de compétition lui valent d’être engagé au PC Course du premier Vendée-Globe.
De ses années de bourlingue, Antoine avait cultivé une image de vieux loup de mer et un caractère à la Tabarly parfois bourru qui masquaient une profonde humanité. A Neptune, ce lecteur boulimique de polars était devenu au fil des ans le « Monsieur Croisière ». Ses récits de voyages étaient vivants et hauts en couleur. Les Caraïbes étaient son rayon de soleil. C’est là-bas qu’il se sentait vraiment vivre. Mais plus que tout,
Antoine s’épanouissait dans les navigations qui revêtent un parfum d’aventure. On se souvient encore de son reportage rocambolesque lors du convoyage d’un Windy 42 d’Alexandrie à El Gouna aux confins de l’Egypte. Après une descente du canal de Suez épique, notre journaliste avait affronté en mer Rouge une tempête mémorable qui aurait pu très mal se terminer. Il était revenu de cette navigation un peu secoué racontant cette péripétie avec son humour très pince-sans rire qui le caractérisait.
Comme Camus, Antoine aurait pu dire « oui, j’ai beaucoup aimé la mer – cette immensité calme - ces sillages recouverts - ces routes liquides. » En homme libre, il a souhaité que ses cendres soient dispersées au large de Belle-île, un lieu d’une beauté rude et secrète qui lui ressemblait.
Il va cruellement nous manquer.