03/10/2025
Imprimé !
JEAN-PASCAL DUBOST : «ANIMALERIES»
En librairies le 17 octobre
https://www.editionslateliercontemporain.net/a-paraitre/litteratures/article/animaleries
« Les naturels sanguinaires à l’endroit des bestes, tesmoignent une propension naturelle à la cruauté », écrivait Montaigne, cité en épigraphe et en conclusion de l’ouvrage. Ou encore : « La présomption est notre maladie naturelle et originelle […]. La plus calamiteuse et fragile de toutes les créatures, c’est l’humain, et en même temps la plus orgueilleuse […] Comment connaît-il, par l’effort de son intelligence, les mouvements internes et secrets des animaux ? Par quelle comparaison d’eux à nous conclut-il la bêtise qu’il leur attribue ? ».
À ces questions, le temps n’a fait qu’opposer de plus irréfutables preuves de la bêtise de l’humain, de sa « bestialité », qui sous ce mot même, si dépréciatif, n’entend pas le cri des créatures qui l’entourent et dont il se croit toujours le maître.
Après avoir célébré la force de vie de l’éros (Lupercales), recueilli des pensées de la mort qui ne célèbrent pas moins l’existence (Phrases de la mort), Jean-Pascal Dubost nous place cette fois devant ce qui la nie, ce qui l’horrifie, la blesse et la souille : devant l’inconscience sanglante avec laquelle compose notre société anesthésiée par sa suffisance. En cela, rien n’a changé depuis le seizième siècle – tout s’est même aggravé au temps du capitalisme le plus carnassier, dans une civilisation habituée à nier les désastres et les douleurs.
Animaleries est un livre de poésie qui se fait « la mauvaise conscience de son temps », selon le mot de Saint John P***e – temps de déprédation reconduisant toujours la souffrance animale dans la plus grande indifférence. Il s’agit donc de lever le voile sur l’horreur, de regarder en face la cruauté de l’humain, toujours prompt – et ce bien avant le siècle de Montaigne – à se gonfler d’orgueil pour dominer les autres créatures.