05/12/2025
FILM. «Les enfants vont bien»
Réalisation, scénario et montage : Nathan Ambrosioni. Acteurs principaux : Camille Cottin, Monia Chokri, Guillaume Gouix, Juliette Armanet. Directeur de la photo : Victor Seguin. Auteur de la musique : Alexandre de La Baume. Ingénieurs du son : Laurent Benaïm, Laure-Anne Darras. Costumes : Clara René. Monteur son : Alexandre Hecker. Décors : Rozenn Le Gloahec. Durée : 1h51.
Ce cinquième, et très beau, long métrage du réalisateur Nathan Ambrosioni (né en 1999 dans les Alpes-Maritimes), également scénariste et monteur du film, a reçu à la fois le Prix du meilleur réalisateur au festival de Karlovy Vary, en République tchèque, et le Valois de diamant au festival du film francophone d’Angoulême.
Interprété par Camille Cottin, très convaincante, comme d’ailleurs tous les autres acteurs du film, le personnage central, Jeanne, une quadragénaire, « est plus pragmatique qu’émotionnel et possède une grande intériorité, mais derrière une carapace difficile à briser », « c’est un personnage opaque, auquel on n’a pas facilement accès », indique Ambrosioni.
Pour sa part, Cottin estime que Jeanne est « une femme droite, honnête, mais très taciturne, qui ne dit que l’essentiel ». < Elle se tient à distance de ses états d’âme, ajoute Cottin. On imagine que sa vie est assez solitaire, quasi monacale. >
Jeanne est homosexuelle (comme d’ailleurs Ambrosioni). < Je n’ai jamais imaginé cette histoire autrement qu’incarnée par une femme q***r >, confie le cinéaste.
Au début du film, Jeanne vient de perdre l’amour de sa vie, Nicole, avec laquelle elle a vécu pendant une douzaine d’années, et « elle ne parvient pas à faire le deuil de cette relation », dit Ambrosioni. C’est parce que Nicole voulait un enfant, alors que Jeanne, elle, « n’en ressentait pas l’envie », que les deux femmes se sont séparées, précise le cinéaste.
Elle abandonne ses deux enfants
Un soir d’été, pendant les vacances scolaires, la sœur de Jeanne, Suzanne, une v***e trentenaire qui vit en province, débarque à l’improviste, avec ses deux enfants, Gaspard, 9 ans, et Margaux, 6 ans, chez Jeanne, en région parisienne, pour y passer la nuit. Les deux sœurs ne se sont plus vues depuis deux ans et n’ont que peu de contacts entre elles depuis longtemps.
Le lendemain matin, Suzanne a disparu, en laissant une lettre demandant à sa sœur de s’occuper de ses enfants. Suzanne - « femme très précaire », totalement seule, « à bout » - est injoignable et ne sera jamais retrouvée. Le film va raconter les premiers mois, difficiles, de la vie commune de Jeanne et des deux enfants. < Jeanne va devoir accepter d’accéder à ses émotions, ce qu’elle finira par faire, complètement >, dit Ambrosioni.
< Ce film est un film de deuil, même si ce deuil est impossible, poursuit le cinéaste. L’intention du film est de regarder ceux qui restent, de les voir avancer malgré une absence de réponses aux questions qu’ils se posent. L’histoire commence par un traumatisme, pour aller ensuite vers la vie. Vers l’acceptation. > Ambrosioni dit que, pour écrire son scénario, il a notamment rencontré un policier, une assistante sociale, une juge aux affaires familiales et une psychologue. < Dans le même temps, ajoute-t-il, j’ai fait un travail d’introspection pour comprendre pourquoi cette thématique m’intéressait autant… C’était sans doute parce qu’il y a quelque chose d’assez dysfonctionnel dans ma propre famille. >
LE RÉALISATEUR. Nathan Ambrosioni a réalisé son premier long métrage en 2014 alors qu’il n’avait qu’une quinzaine d’années. Son précédent film, Toni, en famille (2023), dont Camille Cottin était également la vedette, a reçu notamment les prix du meilleur film et du meilleur scénario au festival de Vierzon.
(SOURCE : "A2S, PARIS")