01/12/2025
: Manu Katché
Cocorico ! Good Morning, les !
Vendredi débarque enfin, comme un riff qui déchire le silence. On range les soucis dans le flight case, on sort les pintes, et on respire : la semaine a assez joué faux. Maintenant, vrai dilemme du jour… où est passé Manu ? Qu’il descende siffler une mousse avec nous.
« Hey Manu ! Tu descends ?! »
Catch my beer… Et pour ceux qui auraient passé les trente dernières années en mode avion : Manu, c’est Emmanuel Katché. Un batteur français dont le groove a fait le tour de la planète, et continue à claquer sans demander de rappel.
Né en 1958, fils d’une couturière Dior et d’un père ivoirien qu’il n’a pas connu, il a été élevé par ses grands-parents avant de devenir l’un des batteurs les plus convoités de la planète. Cocorico dans les papiers, cosmique dans les fûts. Batteur, compositeur, parolier, interprète, Chevalier des Arts et des Lettres, multirécompensé, il a coché toutes les cases et rajouté les siennes.
Repéré très tôt, il a tapé ses premiers grondements avec Zao avant de prendre son vrai essor en 1985 chez Michel Jonasz. Un an plus t**d, Peter Gabriel l’embarque sur So et la planète découvre ce groove qui ne dort jamais. Avec Gabriel, il pousse l’aventure jusqu’à la B.O. de La Dernière Tentation du Christ, où son jeu croise celui de Youssou N’Dour. Une bande-son qui redessine le paysage musical de la fin des années 80.
Il enchaîne ensuite avec Préface, où il signe des arrangements qui lui valent une Victoire de la Musique. À ce stade, ses baguettes sont déjà partout.
Côté Jazz, sa rencontre avec Jan Garbarek en 1989 ouvre une autre voie : plus aérienne, plus nordique, mais toujours percussive. Leur travail commun chez ECM, notamment Neighbourhood (2005), scelle la signature Katché : élégance, précision, pulsation.
Et si vous avez allumé une télé ou une radio dans les années 2000, vous avez forcément croisé l’homme : juré de Nouvelle Star, maître de cérémonie de One Shot Not sur Arte, hôte des Musicalities sur France Inter… Manu a toujours joué sa musique, même lorsqu’il ne tenait pas les baguettes.
La liste de ses collaborations est un bottin de luxe : en France, de Bertignac à Voulzy ; à l’international, de Gabriel à Sting, en passant par Tracy Chapman, Dire Straits, Jeff Beck ou Joe Satriani. Ce n’est plus une carrière, c’est une diagonale du monde.
Makossa, Jazz, Pop, Rock, Zeuhl : Manu ne joue pas les styles, il les digère.
Depuis 2021, il mène aussi La Face Katché, une émission où il explore les identités, l’histoire, l’immigration et le racisme. Comme quoi, derrière chaque frappe, il y a un homme qui pense, un homme qui raconte.
Alors, pour boucler ce vendredi comme il se doit…
« – Hey Manu ! Tu descends ?
– Hé, pourquoi faire ?
– C’est ton destin de chauffer les fûts… Krkrkrkrkr ! »
Et nous, on termine la semaine comme on l’a commencée : en levant les baguettes… et les verres. Un tom qui vibre, une caisse claire qui claque, un kick qui annonce la délivrance : le vacarme parfait pour entrer dans le week-end.
Allez les Rockers… que ça tape fort.
Stay tuned on Rock Over Beethoven: Les Archives du Rock.
Photo by Jean-Baptiste Mondino ©