03/07/2025
Prise de parole :
Au Gabon, la loi existe, mais trop souvent, elle n’est qu’un texte couché sur du papier. Ce qui devrait être un instrument de justice et de régulation sociale devient, dans la réalité quotidienne, un outil vide, détourné ou tout simplement ignoré. Les failles de notre système juridique sont multiples, profondes, et alarmantes.
D'abord, l’inégalité devant la loi est flagrante. Alors que certains citoyens sont jugés et condamnés pour des infractions mineures, d’autres, protégés par leur rang social ou leurs connexions politiques, échappent systématiquement à toute forme de justice. Ce deux-poids-deux-mesures mine la confiance du peuple envers les institutions judiciaires. La corruption, les interférences politiques, le manque d’indépendance des magistrats et l’inaccessibilité du droit pour les plus pauvres ne font qu’aggraver cette fracture.
Le non-respect de la loi est également institutionnalisé. L’État lui-même, censé être garant du droit, en est parfois le premier violateur. Les détournements de fonds publics, les arrestations arbitraires, les violences policières impunies et les expropriations sans compensation équitable sont autant d’exemples d’une gouvernance qui piétine les droits fondamentaux des citoyens. Quand l’impunité devient la norme, la justice devient une illusion.
Mais il serait trop facile de n’accuser que l’État. Le peuple gabonais, lui aussi, porte une part de responsabilité. Par peur, par résignation ou par intérêt personnel, nous avons laissé faire. Nous avons accepté le silence comme solution, la compromission comme stratégie. Trop souvent, nous dénonçons en privé ce que nous tolérons en public. L’ignorance du droit, le repli sur soi et le manque d’engagement citoyen permettent aux injustices de prospérer.
Face à cette situation, il est urgent de repenser notre rapport à la loi, à la justice et à la responsabilité collective. L’État doit assainir ses institutions, garantir l’indépendance de la justice, renforcer les mécan