20/05/2025
Le 19 mai 2025 restera dans l’histoire comme un tournant géopolitique majeur pour le Gabon. Alors que les projecteurs se braquent sur la perte de l’île Mbanié au profit de la Guinée équatoriale, une autre décision, bien plus structurante, s’est jouée discrètement mais puissamment à La Haye : la redéfinition de la frontière terrestre entre les deux pays, en faveur du Gabon.
Oui, Mbanié, Cocotiers et Conga ne seront plus gabonaises. Mais la vérité stratégique est ailleurs.
Dans un silence presque assourdissant, la Cour internationale de Justice a tranché en faveur du Gabon sur l’un des volets les plus sensibles du contentieux : la souveraineté terrestre. En invalidant la ligne frontalière basée sur la rivière Kyé défendue par Malabo, la CIJ a reconnu comme seule base légitime la Convention franco-espagnole de 1900. Résultat immédiat : les territoires autour de Mongomo et Ebebiyin, aujourd’hui administrés par la Guinée équatoriale, doivent passer sous autorité gabonaise.
Une décision historique. Une extension territoriale silencieuse.
Il ne s’agit pas simplement de “compensation” après la perte de trois îlots en mer. Il s’agit d’un réajustement frontalier majeur, avec des implications économiques, humaines et symboliques profondes. Mongomo n’est pas un nom quelconque : c’est la ville natale de la famille Obiang, cœur du pouvoir équato-guinéen. Quant à Ebebiyin, elle est un nœud stratégique de communication et d’échanges dans la région.
Ce que le Gabon “perd” en mer, il le gagne sur terre, avec force, légitimité et reconnaissance internationale.
Dans un contexte où les conflits frontaliers en Afrique finissent trop souvent dans le sang, le Gabon donne au continent une leçon de responsabilité diplomatique et de souveraineté assumée. Libreville a préféré la voie du droit à celle de l’affrontement, et la CIJ, au nom du droit international, lui donne raison sur l’essentiel : la terre, la paix, la justice.
Ce n’est pas une défaite. C’est une recomposition. Et dans cette recomposition, le Gabon sort avec plus de territoire, plus de stature, et plus de stabilité.
À l’heure où les réseaux sociaux s’agitent, où les lectures à chaud se multiplient, rappelons ceci : l’histoire ne s’écrit pas dans l’émotion, mais dans le temps long. Et dans le temps long, c’est le Gabon qui avance.