27/09/2025
Détenus préventifs transférés à Makokou/ Quand le silence institutionnel devient une atteinte à la justice.
Le courrier adressé le 26 septembre 2025 par le Collectif des parents des détenus préventifs Déportés à Makokou au Directeur général des Services spéciaux ne se limite pas à une plainte circonstancielle. Il constitue un acte citoyen qui interroge le fonctionnement même de l’État de droit au Gabon. En s’unissant, ces familles rappellent que la justice n’est pas un privilège mais un droit garanti par la Constitution et les textes internationaux ratifiés par le pays.
combat légitime pour la dignité humaine #
La détention prolongée, sans procès ni accès effectif aux avocats, fait peser de lourds soupçons sur le respect des garanties judiciaires les plus élémentaires. Les parents rappellent avec justesse que leurs enfants ne sont ni condamnés ni jugés, et qu’ils demeurent donc, en droit, présumés innocents. Or, leur maintien dans des conditions décrites comme « inhumaines », sans communication avec leurs proches ni défenseurs, équivaut à une double peine : la privation de liberté et la négation de leur dignité.
Le collectif ne plaide pas pour une impunité. Il exige simplement que les règles établies soient respectées : que les « permis de communiquer » délivrés par un magistrat soient appliqués, que les droits de la défense soient garantis et que l’accès à une procédure judiciaire claire soit assuré. Ce rappel ferme mais pacifique s’inscrit dans la logique même de l’État de droit, où nul ne peut être arbitrairement écarté de la justice.
faillite institutionnelle préoccupante #
Le ping-pong administratif entre la DGSS et le Palais de Justice constitue une véritable démission des responsabilités publiques. Chacune des deux institutions se retranche derrière l’autre, laissant des citoyens ordinaires porter seuls le fardeau d’une opacité qui fragilise la crédibilité de tout le système. Or, lorsqu’une administration refuse d’assumer sa mission, ce sont non seulement des familles qui souffrent, mais aussi la confiance collective dans l’appareil judiciaire qui vacille.
En soutenant les parents, il faut souligner qu’ils ne réclament pas de faveur, mais un minimum de cohérence institutionnelle. Leur embarras reflète en réalité un malaise national : comment croire à l’impartialité de la justice quand ceux qui doivent la garantir se renvoient la b***e ?
appel à la conscience nationale #
Au-delà des aspects techniques, ce courrier est une interpellation morale. Les familles, dans leur détresse, rappellent que la justice ne se résume pas à des procédures, mais qu’elle doit demeurer un espace d’humanité. Refuser le dialogue, c’est condamner des parents à un silence insupportable, et des jeunes à un isolement destructeur.
L’argument du collectif est donc fondamental : en respectant les droits des détenus, ce n’est pas seulement leur sort individuel qui est en jeu, mais l’image et l’avenir d’une justice gabonaise digne de ce nom. La Direction générale des Services spéciaux est placée face à un choix historique : persister dans le mutisme ou démontrer, par un geste d’ouverture, que la sécurité d’État n’exclut pas le respect de la dignité humaine.
démarche à soutenir #
En définitive, l’initiative des parents doit être perçue comme un acte courageux qui transcende leur douleur personnelle. Elle pose une question essentielle : que vaut un État de droit si ses institutions deviennent elles-mêmes des vecteurs d’arbitraire ? Soutenir leur démarche, c’est défendre non seulement les enfants déportés à Makokou, mais aussi la justice gabonaise dans son ensemble. Leur souhait que ces jeunes regagnent Libreville pour être entendus devant un juge n’est pas une revendication excessive, mais un appel légitime à la transparence, à l’humanité et à l’équité.