24/07/2025
BYD ATTO 3 : Une Électrique Convaincante, Mais Pas Encore Prête pour le Gabon
J’ai pris le volant de la BYD ATTO 3, un SUV 100 % électrique de taille moyenne qui, sur bien des aspects, impressionne. Ce modèle chinois, très bien équipé, s’aligne sans complexe face à la concurrence internationale. Pourtant, derrière ses performances routières séduisantes, se cache une question fondamentale : est-elle réellement adaptée au contexte gabonais ?
Confort et silence : une expérience de conduite remarquable
Dès les premiers kilomètres, la différence est nette. La BYD ATTO 3, grâce à sa motorisation électrique, offre un confort de roulage exceptionnel. L’absence de bruit moteur laisse place à un silence quasi-total dans l’habitacle, renforcé par un excellent travail d’insonorisation. Contrairement aux véhicules thermiques, ici, aucun vrombissement ne vient masquer les bruits de roulement – mais ceux-ci sont très bien contenus.
À la conduite, les accélérations sont franches, dynamiques, et surtout continues. L’absence de boîte de vitesses permet au couple instantané de s’exprimer pleinement : appuyez sur l’accélérateur, et la voiture répond immédiatement. Une sensation grisante, typique de l’électrique.
Le seul bémol notable concerne le freinage. Il peut surprendre au départ, car la voiture freine plus fort que ce que le conducteur demande instinctivement. Cela dit, on s’y habitue rapidement.
Une mobilité nouvelle… mais à quel prix ?
Sur la route, la BYD ATTO 3 est une alternative zen et apaisante à la voiture thermique. Elle élimine les vibrations, réduit la maintenance (adieu vidanges et entretiens récurrents), et simplifie l’usage au quotidien. Une révision annuelle suffit dans la plupart des cas. C’est indéniablement un changement de paradigme.
Mais ce tableau flatteur se heurte à une réalité bien plus dure : la question de la praticité au Gabon.
Le mythe de l'écologie… et la réalité locale
On vante souvent la voiture électrique pour ses vertus écologiques. En réalité, cet argument ne tient pas dans notre contexte. Certes, elle ne pollue pas en roulant, mais l’électricité qu’elle consomme – notamment au Gabon – provient majoritairement de sources non renouvelables. Par conséquent, l’impact écologique global reste discutable. Il est donc important d’écarter l’idée d’un produit vertueux « par nature ».
Infrastructures quasi inexistantes.
Le véritable obstacle à l’adoption massive de l’électrique au Gabon, c’est le manque cruel d’infrastructures de recharge. À l’heure actuelle, une seule borne publique semble disponible, située… chez le concessionnaire de la marque. En clair, les usagers doivent recharger leur voiture via une prise domestique – ce qui pose plusieurs problèmes.
D’abord, le temps de recharge sur secteur est extrêmement long : ce qui pourrait être fait en 3 à 4 heures sur une borne rapide prendra entre 9 et 15 heures à la maison. Ensuite, toutes les habitations ne sont pas équipées pour supporter la charge d’un véhicule électrique. Ce manque de fiabilité électrique constitue une barrière majeure.
Enfin, aucune initiative publique sérieuse n’est visible pour accompagner ou structurer le développement de l’électromobilité. À l’heure actuelle, seul le concessionnaire semble vouloir investir dans le déploiement de bornes. Dans ces conditions, la voiture électrique ne peut être qu’un produit de niche.
Une opportunité pour les investisseurs ?
Et pourtant, l’expérience de conduite est si convaincante qu’on peut aisément imaginer un basculement massif… à condition que les infrastructures suivent. Le marché est donc mûr pour l’arrivée d’investisseurs capables de créer des start-up spécialisées dans l’installation de bornes de recharge, à Libreville comme dans d'autres grandes villes.
Car une chose est certaine : l’essayer, c’est l’adopter. Si les conditions étaient réunies, l’électrique aurait de beaux jours devant elle. Mais pour l’instant, au Gabon, la BYD ATTO 3 reste une belle promesse… encore difficile à tenir.