12/11/2025
Je viens de suivre avec attention la partie du discours qui fait réagir nombre de personnes sur les réseaux sociaux, prononcée par le Ministre Directeur de Cabinet de la Présidence de la République de Guinée, Djiba Diakité, lors de l’inauguration du méga projet d’exploitation et d’exportation de l’un des plus grands gisements de fer au monde, SIMANDOU .
Avant tout, il faut reconnaître l’audace et la persévérance de l’homme pour avoir mené ce projet jusqu’à son lancement. Piloter une telle initiative dans un contexte aussi complexe n’est pas chose facile. On peut donc imaginer la pression et la charge mentale qu’impose la gestion d’un dossier d’une telle ampleur, devant un parterre d’acteurs économiques, politiques et internationaux.
Cependant, au delà du ton et du langage corporel du ministre, le vrai débat se situe ailleurs.
Il ne s’agit pas ici de juger la forme du discours, mais de questionner le fond et la pertinence même de ce projet dans le contexte actuel de notre pays.
La vraie question est donc la suivante :
L’exploitation du gisement de fer de Simandou devrait-elle réellement être une priorité pour un régime de transition militaire, dont la mission première est de rétablir la démocratie, restaurer la confiance nationale et préparer un retour à l’ordre constitutionnel ?
Alors que le pays traverse une période où la stabilité politique, la transparence et la refondation institutionnelle devraient être au centre des priorités, on assiste à l’inauguration d’un projet minier colossal engageant l’avenir économique et environnemental de plusieurs générations.
Or, le peuple guinéen reste peu informé sur les détails du projet :
1• Quelle est la part réelle de la Guinée, alors qu’une confusion persiste autour des 15 % annoncés ?
2•Comment les revenus seront-ils gérés et redistribués dans un contexte de gouvernance transitoire non élue ?
3• Et surtout, qui portera la responsabilité à long terme des engagements pris aujourd’hui au nom de la nation ?
Ce flou soulève une nécessité qui est la révision et la clarification des accords de Simandou. Car ce projet n’appartient pas à un régime, mais à la Guinée, à son peuple, et à son avenir collectif.
En parallèle, le discours du ministre nous rappelle que la communication publique et la prise de parole sont des leviers puissants de légitimité politique. Travailler la clarté, la maîtrise et la cohérence du message est essentiel, surtout lorsqu’on s’adresse à un peuple en attente de confiance et de transparence.
Amadou Sadio Diallo ( Sadio Barack) .