28/09/2025
Les écrivains russes et leurs destins tragiques : simple coïncidence ?
Il est frappant de constater que nombre de grands écrivains russes ont mené une existence tourmentée, souvent ponctuée de crises, d’exils, de maladies ou de drames, et que plusieurs ont connu une fin tragique. Est-ce un hasard, ou bien l’écho d’une tradition littéraire façonnée par la douleur, la fatalité et l’âpreté de la vie en Russie ?
Léon Tolstoï
La fin de vie de Tolstoï fut dramatique. En rupture avec sa famille, il quitta secrètement son domaine et erra seul avant de succomber à une pneumonie dans une petite gare isolée. Ce dénouement bouleversant couronnait une existence marquée par des crises spirituelles profondes, des conflits intimes et une douloureuse quête de sens. Ses derniers mots résonnent comme un aveu d’impuissance et de désir d’évasion :
« Fuyons ! Il faut fuir. »
Mikhaïl Boulgakov
Atteint d’une maladie incurable, aveugle et terriblement affaibli, Boulgakov trouva encore la force, sur son lit de mort, de dicter à son épouse des phrases d’une intensité poignante :
« Dieux, ô mes Dieux ! Comme elle est triste, la terre du soir ! Comme ils sont mystérieux, les brouillards des marais… Celui qui a erré dans ces brouillards, qui a beaucoup souffert avant de mourir, celui-là ne le sait que trop. »
Fiodor Dostoïevski
Épileptique depuis sa jeunesse et profondément marqué par la violence du destin, il mourut des suites d’une crise d’apoplexie. Sa vie fut traversée par la souffrance, la prison et les humiliations, mais aussi par une quête incessante de rédemption. Son message ultime résume toute son œuvre :
« Dans la douleur, recherchez le bonheur… Mon Dieu, un moment de bonheur. »
Alexandre Pouchkine
Figure fondatrice de la littérature russe moderne, il connut une mort tragique à 37 ans, blessé mortellement lors d’un duel motivé par la jalousie. Sa dernière lettre reflète l’obsession de l’écriture, même au seuil de la mort :
« J’écris, et mon cœur a cessé de gémir. J’écris, et ma plume distraite ne dessine plus, au bout de vers inachevés, des têtes ou des pieds de femmes. »
Nicolas Gogol
Sa fin fut dominée par une crise mystique et un profond désespoir. Convaincu d’être la proie du démon, il brûla une partie de ses manuscrits et refusa de s’alimenter jusqu’à mourir de faim, à 42 ans. Ses derniers mots résonnent comme une vision d’ascension spirituelle :
« Une échelle ! Vite, une échelle