02/07/2025
Guyane : un soleil éclatant mais une transition électrique à la traîne
On pourrait croire qu’avec son soleil généreux, ses fleuves puissants et son immense biodiversité, la Guyane serait naturellement en tête de la course vers l’énergie propre. Pourtant, la réalité est bien moins rayonnante. Si la volonté de passer à l’électrique existe bel et bien, elle se heurte à des lenteurs, des oublis et parfois même à une forme d’indifférence qui freine une transition pourtant essentielle. Le territoire guyanais regorge de ressources naturelles capables d’alimenter une transition énergétique exemplaire. L’énergie solaire y est abondante toute l’année, l’hydroélectricité dispose d’un potentiel immense, et la biomasse forestière pourrait compléter efficacement le mix énergétique local. Sur le papier, tous les voyants sont au vert. Pourtant, sur le terrain, la mise en œuvre reste poussive. La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie prévoit bien une réduction des énergies fossiles et le développement de la mobilité électrique, mais entre les annonces officielles et les actions concrètes, un gouffre persiste. Certes, la Collectivité Territoriale de Guyane, EDF et certaines mairies ont lancé quelques projets pilotes : installation de bornes de recharge, aides à l’achat de véhicules électriques, bus et taxis électriques expérimentaux… Mais ces initiatives restent encore trop isolées et inégalement réparties sur le territoire. Le constat est d’autant plus amer lorsqu’on observe l’état du réseau de bornes de recharge. Elles sont peu nombreuses, souvent concentrées autour de Cayenne, Kourou ou Saint-Laurent. Mais surtout, beaucoup d’entre elles tombent en panne et restent des semaines, voire des mois, sans être réparées. Résultat : les usagers se découragent, et l’électrique reste une option risquée au quotidien. À cela s’ajoute le prix des véhicules électriques, encore trop élevé pour une majorité de foyers. Même avec les aides, ils restent inaccessibles pour beaucoup. La logistique d’importation et de maintenance, ralentie par les délais et les coûts, complique encore davantage la démocratisation de ce mode de transport. Et que dire des grandes distances entre les communes, de la fragilité du réseau dans les zones de l’intérieur ou du manque de garages spécialisés ? Tout cela freine une adoption fluide et équitable de l’électrique sur l’ensemble du territoire. Pourtant, la Guyane pourrait être un modèle pour les autres territoires ultramarins. Avec une vraie volonté politique, des investissements plus audacieux et un plan d’action structuré, elle pourrait devenir le fer de lance de la transition énergétique dans les tropiques. En l’état, elle passe à côté de ce leadership. Il est temps d’accélérer. D’arrêter de bricoler. De ne plus se contenter de quelques projets vitrine, mais de penser à une vraie stratégie à long terme. Car oui, l’avenir de la Guyane est dans l’électricité propre. Mais encore faut-il lui donner les moyens de ses ambitions.