17/09/2025
: De l’alliance militaire à la voix des peuples sahéliens
Le rendez-vous de Ouagadougou des 18 et 19 septembre 2025 ne sera pas un simple conclave institutionnel. Il s’inscrit dans l’histoire longue et douloureuse du Sahel, région éprouvée par le terrorisme, les ingérences extérieures et la fragilité de ses structures politiques. L’arrivée conjointe du Dr Mamoudou Harouna Djingarey, du Général Malick Diaw et du Dr Ousmane Bougouma symbolise une volonté claire : donner une voix parlementaire aux peuples du Mali, du Niger et du Burkina Faso au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Au-delà des textes techniques traités additionnels, règlements intérieurs, procédures , il s’agit d’un acte fondateur. Car un parlement confédéral, s’il voit le jour, ne sera pas seulement un organe politique. Il portera la légitimité populaire qui manquait jusque-là à l’AES, souvent perçue comme une alliance militaire et sécuritaire. En d’autres termes, l’AES veut s’enraciner dans la représentation citoyenne, et cela change tout.
Le Dr Djingarey a raison de rappeler que « le peuple attend beaucoup ». Dans une région où l’État a souvent été synonyme de distance et d’abandon, voir émerger une institution qui incarne la parole des populations serait un pas décisif vers une refondation démocratique adaptée aux réalités sahéliennes. Le Général Malick Diaw, en parlant de « tournant majeur », souligne la portée historique de cette étape : il ne s’agit pas d’un gadget institutionnel, mais d’un levier de souveraineté collective.
Certes, les défis sont immenses : comment assurer l’efficacité de ce parlement confédéral ? Quelle sera sa place face aux exécutifs nationaux ? Et surtout, comment éviter qu’il ne soit qu’une coquille vide, loin des préoccupations concrètes des citoyens ? La réussite dépendra de la capacité des dirigeants à aller au-delà des symboles pour construire une véritable culture de dialogue, de contrôle et de responsabilité partagée.
Mais une chose est sûre : pour des peuples trop longtemps fragmentés et fragilisés, l’idée même d’un parlement commun ouvre une brèche d’espérance. C’est le signe que le Sahel ne veut plus seulement subir l’histoire, mais qu’il aspire à l’écrire lui-même, avec ses propres institutions, ses propres règles et, surtout, avec la voix de ses citoyens.
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