24/03/2025
« Guillaume, le GGG - Guignol grotesque de Guinée - en chiffres et en lettres » : Charles Sow, essayiste 🇫🇷🇬🇳
Le droit de réponse ne va pas aux grégaires, le devoir de silence s’impose aux tartufes. Une pastiche nidoreuse barbouillée au débotté en réponse à une réfléchie plume sapide ? Imaginez qu’une fourmi rêve de mettre la pile à un éléphant, puisque c’est à ça que renvoie votre sortie. Oh Hawing, encore vous !
Que Monenembo soit l’intellectuel le plus contesté du pays, mais rien de plus apodictique ! « Heureusement », j’ai envie de dire ! Heureusement qu’il l’est ; normal que le virtuose auteur qu’il est le soit dans un pays qui traine le sombre et le noir avec ses pas boués, qui - en tout cas globalement - souffre de tout sauf le martyre puisque réputé dans la légitimation inconsciente de dictatures, se trompant systématiquement de « Lion Noir » parce que trompé dès sa genèse moins par les Blancs que les faux frères noirs, qui patine sur les excréments de ses élites éhontées…
Guillaume Hawing, parfaite illustration des cibles légitimes chapitrées par Tierno : les élites pourries
Longtemps muet, trileux, terne et velléitaire dans le milieu intellectuel guinéen, Guillaume, souvenez-vous, s’est d’abord révélé à l’issue d’une « formule mathématique » plus qu’apocryphe ; et, comme l’aurait procédé tout humain vaniteux et creux, il s’est surtout démarqué par ses billevesées puériles, quand il ne béjaune pas sur les réseaux sociaux. Le Mathématicien Prolixe, en bon ubu roi, a ensuite emprunté, d’une Fenêtre d'Overton bien connue des cadres d’ici, la principale voie d’opulence pour les intellectuels guinéens, c’est-à-dire le Gouvernement, où il faillit réduire le Département des Aïcha Bah, des Dr Ousmane Souaré, des K2, à une guérite pour agent de propagande. C’est avec lui que la Guinée a opté pour une politique éducative basée sur la calomnie, promettant des caméras de surveillance pour les examens dans un système éducatif à 1080 écoles hangars (selon ses propres rapports de missions).
Mais puisqu’être mal famé n’a jamais été un obstacle pour un cadre guinéen, corrompu soit-il, le voilà repêché de la déchéance ministérielle, rappelé pour occuper les fonctions aux compétences innées des Guinéens (la propagande), pour s’intégrer à la tendance intellectuelle en vogue, jouer donc les troubadours pour le projet de trahison politique en cours. Comme ses paires, il arbore la tunique CNRD pour la confiscation du pouvoir, avec le dossard 7 de l’équipe titulaire des « A té Wala », les « sirènes révisionnistes » du moment, les dérivés des fautes d’hier, les effets de bord de nos choix candides d’il y’a quelques années.
Mais sérieusement, qui, à part bien sûr les zoïles du nombre desquels est justement notre ancien Ministre, peut objectivement contester le fait que la trame d’intégrité de l’intellectuel guinéen ne se résume qu’à sa couche d’avidité et de facilité ? Les formules et les angles d’analyse des régimes - pourtant sinistres, économiquement ou socialement - sont tous teintés de dithyrambes à l’endroit des chefs oppresseurs, une euphonie en l’honneur des pilleurs, au point que toutes les chansons, toutes les rengaines sociales, toutes les rues, toutes les occasions de prospérité reposent sur la même mélodie élogieuse, avec des expressions usitées puisqu’utilisées pour tous les régimes. Nous sommes de ces peuples complaisants qui portent systématiquement au pinacle les systèmes qui les déciment. Nous sommes des proies amicales, des cibles démarquées, des complices de nos tares, des suicidaires en masse…
Et c’est en pleine déflagration de cette déroute sociale de l’intelligentsia guinéenne que l’Être Suprême épargna, de cette peste agricole d’une société de leaders cabotins, quelques graines prometteuses : les seuls cadres oblatifs au milieu du bazar de Talibés, comme un certain « Pape du Droit » de notre système universitaire qui baigne actuellement dans les oubliettes que lui tendit le karma après que, souvenez-vous, il a manipulé les sciences juridiques au profit indécent d’un projet politiquement et socialement prohibé, problème dont l’embrasement nous a conduits à cette nouvelle ère de lutte contre une énième gente militaire de parjure et de régression.
Monenembo, l’hérésie en pleine déconfiture intellectuelle
Quarante-six ans après l’iconique « Eux qui auraient dû être la Solution… », le lauréat du Prix Renaudot 2008 fait parler la constance avec une la même hargne : « Cette vermine d'intelligentsia guinéenne ! », écrivait cette semaine le romancier de plus en plus éditorialiste - comme un certain Sassine. Et la toile guinéenne s’est embrassée contre leur albatros, le traitant d’éternel haineux, de Makanera à notre Hawing. Mais une prise de parole inverse m’a ébloui. Parlant de Monenembo, un journaliste guinéen écrit ceci pour me réconforter et faire le combat de la vérité : « On ne sait pas d’où lui vient cette démarcation intègre, pas plus qu’on ne sait sur l’origine de cette constance intellectuelle, mais le topissime natif de Porédaka, arrivé par les phares d’un béni juillet de la merveilleuse année de 1947, aura été l’un des paris intellectuels les plus réussis de notre continent, de notre ère. Le monde l’étudiera et enseignera ses œuvres - en littérature où il n’a plus rien à prouver au monde francophone notamment, et en valeurs intellectuelles, nobles et inflexibles… »
Au moment où je pensais être bercé, notre journaliste poursuit : « Parlez, Tierno. Écrivez. Si vous êtes si particulier, si spécial, c’est parce que les peuples de dictature acclamée ne disposent pas suffisamment de culture solide d’intégrité pour vous comprendre. Oh ! Qu’est-ce que c’est un honneur d’être incompris en Guinée ! Un jour, peut-être, nous aussi allons comprendre que toute démarcation d’une ligne sociale erronée mérite d’être célébrée, que tout citoyen crédité d’efforts de changement sincères est à reconnaître, que tout auteur engagé est plus patriote que les matamores qui résonnent à chacune de ses prises de parole - toujours placée à un siècle près par rapport aux mentalités environnantes. »
Hawing, à jamais parmi les matamores
Lorsque, dans les siècles suivants, l’Histoire sociopolitique de la Guinée se lira, filtrée a l’entonnoir de l’objectivité qu’aura institué une prise de conscience acquise entre-temps (gardons espoir, prions pour une résipiscence populaire), il y aura de grandes chances pour que nos futurs concitoyens constatent des noms comme Guillaume Hawing, au milieu d’une liste résumant la horde des cadres commis d’office des dictateurs, dans le chapitre « Élites félonnes » !
Charles Sow, essayiste 🇫🇷🇬🇳