
07/08/2025
Al Gore : du Nobel à l’urgence climatique. Et la Guinée dans tout ça ?
Par Abdoul Gadiri Wagué
"On n’hérite pas la terre de nos parents, on l’emprunte à nos enfants."
— Vieux proverbe des forêts guinéennes
De vice-président des États-Unis à figure emblématique de la lutte contre le changement climatique, Al Gore a marqué l’histoire par sa capacité à transformer une défaite politique en un puissant levier de conscience planétaire.
En tant que vice-président (1993-2001), il a joué un rôle déterminant dans la promotion des premières politiques environnementales d’envergure, soutenant notamment l’accord de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre – bien que les États-Unis ne l’aient pas ratifié. Il a aussi lancé des initiatives sur l’efficacité énergétique, les technologies propres et la protection des écosystèmes, à une époque où le climat était encore peu médiatisé.
Candidat à la présidence en 2000, il a remporté le vote populaire avec plus de 500 000 voix d’avance sur George W. Bush, mais a été écarté par une décision controversée de la Cour suprême arrêtant le recomptage en Floride. Ce revers fut un catalyseur, non une fin.
Al Gore a su, mieux que quiconque, faire passer le climat du champ scientifique à celui de la conscience politique mondiale. Parmi ses actions marquantes :
• Son documentaire "Une vérité qui dérange" (2006), vu par des millions de personnes, a placé le dérèglement climatique au cœur des débats internationaux.
• Son organisation, The Climate Reality Project, a formé plus de 10 000 leaders climatiques dans 150 pays, créant un réseau mondial d’ambassadeurs du climat.
• Ses prises de parole dans les grandes conférences internationales (COP, forums onusiens) ont pesé sur les négociations et encouragé des avancées politiques majeures.
En 2007, il reçoit avec le GIEC le Prix Nobel de la Paix, récompensant leurs efforts conjoints pour alerter et mobiliser le monde face à l’urgence climatique.
Et la Guinée dans tout ça ?
Pendant qu’Al Gore formait des milliers d’activistes à Mexico, en Guinée, des mines rejettent encore leurs déchets dans le fleuve Niger. Le contraste est frappant.
La Guinée, pays riche en ressources, subit de plein fouet les conséquences d’un modèle extractiviste non durable :
• 35 000 hectares de forêts disparaissent chaque année (FAO).
• Érosion côtière, déchets plastiques et pollution minière affectent les écosystèmes.
• Cyanure, mercure, boues minières : les cours d’eau comme le Niger et la Gambie sont en danger.
• 80 % de la population n’a pas accès à une électricité propre.
• Désertification en Haute-Guinée, inondations chroniques à Conakry.
Aux décideurs politiques
Comme Al Gore a influencé Washington, la Guinée a besoin de lois audacieuses.
• Moratoire sur l’exploitation forestière illégale
• Taxe écologique pour financer les énergies renouvelables
• Renforcement de la transparence sur les contrats miniers
Aux entreprises (mines, énergie, agro-industrie)
Suivre l’exemple de Gore : faire de l’économie un levier vert.
• Traitement obligatoire des eaux usées minières
• Investir dans le solaire et l’hydroélectricité pour les zones rurales
• Responsabilité sociétale environnementale systématique
À la jeunesse et à la société civile
Devenez les Climate Leaders guinéens.
• Surveillance citoyenne des pollueurs
• Plaidoyer pour l’éducation environnementale à l’école
• Création d’associations locales de défense des écosystèmes
Aux médias
Tenez le rôle de Gore : alertez, éduquez, mobilisez.
• Enquêtes sur les crimes écologiques
• Portraits des “Gore guinéens” anonymes : agriculteurs, militants, enseignants engagés
Al Gore a montré qu’une seule voix peut faire trembler un système. La Guinée n’a pas besoin d’un seul héros, mais de milliers d’acteurs engagés pour une renaissance écologique.
Alors que les minerais quittent nos sols, semons les graines d’une Guinée verte, juste et fière.