17/10/2025
Conflit domanial meurtrier à Madina-Oula (Kindia) : le président du district de Dar-es-Salam et Cie à la Cour d’appel…
Un affrontement opposant les districts de Sékhousorya et de Dar-es-Salam, relevant de la commune rurale de Madina-Oula, dans la préfecture de Kindia, avait viré au drame en juin 2022. Deux personnes avaient trouvé la mort suite à ce conflit domanial. Le conflit portait sur un bas-fond appelé Fossikhouré, dans le secteur de Mèguèyah. Saisi du dossier, le tribunal de première instance de Kindia avait condamné à 10 ans de réclusion criminelle le président du district de Dar-es-Salam, Fodé M’oh Ciré Dramé, et plusieurs de ses coaccusés. L’audience en appel dans cette affaire criminelle s’est ouverte ce jeudi, 16 octobre 2025, à la Cour d’appel de Conakry, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Le président du district de Dar-es-Salam, Fodé M’oh Ciré Dramé, et plusieurs de ses coaccusés avaient été placés sous mandat de dépôt le 19 juillet 2024. Ils étaient poursuivis pour assassinat, séquestration et coups et blessures volontaires. En première instance à Kindia, ils avaient été condamnés par le tribunal criminel de Kindia à dix (10) ans de réclusion criminelle.
N’étant pas d’accord avec cette décision, ils avaient interjeté appel.
Le dossier s’est ouvert à la Cour d’appel de Conakry ce jeudi, 16 octobre 2025. Appelé à la barre, Moussa Dramé, secrétaire administratif du district de Dar-es-Salam, a nié les faits qui lui sont reprochés. « Le lundi, j’ai acheté mon billet pour voyager le mardi. Après la prière de l’aube, j’ai appelé tout le monde à la mosquée. Nos défenseurs, depuis Conakry, ont envoyé un écrit à Sékhousorya. La Cour suprême avait transmis un document pour que personne ne se rende sur le site. Un autre papier similaire est ensuite arrivé pour ordonner l’arrêt des travaux. Les personnes qui sont venues nous agresser ont blessé dix personnes. Nous avons averti les gens de ne pas aller là-bas. Le mardi, jour du marché hebdomadaire, j’ai vu les commerçants venir, puis rebrousser chemin à Linsan. On nous a ensuite informés que le pont était bloqué. Il y a eu des pertes en vies humaines à Sékhousorya, mais je ne suis pas allé sur les lieux de la bagarre. Je ne connais pas les responsables de ces actes. Nous avions obtenu un sursis à la Cour suprême. J’ai simplement informé le maire de Madina-Oula et donné des conseils aux jeunes. Nous avons été arrêtés au moment où un journaliste est arrivé sur place, en même temps que les gendarmes et policiers », a-t-il souligné.
Même son de cloche chez Fodé M’oh Ciré Dramé, président du district de Dar-es-Salam, qui nie toute implication. « Cette bagarre dure depuis longtemps. Nous avons tout fait pour l’éviter. C’est à cause de notre lieu de culture que les violences ont éclaté. L’imam central de Kindia, Elhadj Mamoudou Camara, nous avait appelés à la retenue, en rappelant que nous sommes des parents et des voisins. Mais, les gens sont venus faire des dégâts. Les gendarmes qui se sont rendus sur place ont constaté que des arbres avaient été abattus. Neuf personnes ont été arrêtées, et des négociations ont été engagées pour leur libération. Ils ont incendié notre village. Cinq de mes maisons ont été brûlées. Nos villageois n’allaient plus au marché hebdomadaire, et ceux qui s’y rendaient étaient attaqués. J’ai prévenu le président de la CR pour qu’il intervienne, mais il m’a demandé de lui fournir le carburant. Je ne peux pas dire qui a tué ces gens. Depuis quinze ans, je suis président de district. Je n’ai envoyé personne au tribunal. Je suis devant le tribunal parce que je suis le responsable de ma population », a-t-il laissé entendre.
Les avocats de la défense ont sollicité la remise en liberté de Sidiki Fofana et Fodé Alpha Dramé, estimant qu’aucune décision judiciaire ne les visait directement. Le parquet n’a formulé aucune objection, considérant également que leurs noms ne figuraient pas dans la décision du tribunal de première instance de Kindia.
Finalement, le président de la Cour a ordonné la libération de Sidiki Fofana et de Fodé Alpha Dramé, avant de renvoyer le dossier au 30 octobre 2025 pour la suite des débats.