03/07/2025
Il dit vrai
Pour décrocher un contrat direct sur Simandou ou dans les grands bassins de la bauxite comme Boké, Il faut obligatoirement :
-Un RCCM, un NIF, un quitus fiscal à jour,
-Une comptabilité régulière,
-Une relation bancaire solide,
-Des compétences techniques pointues,
-Et surtout, des équipements lourds valant souvent plus de 50 000 à 100 000 dollars l’unité.
Mais posons la vraie question :
Combien de jeunes et de PME guinéennes issus de milieux modestes peuvent rassembler tout cela par leurs propres moyens ?
Nous abritons aujourd’hui l’un des plus grands projets miniers du monde :
-20 milliards USD d’investissements,
-Plus de 100 000 emplois directs et indirects attendus,
-Plus de 50 000 opportunités de sous-traitance locale dans des secteurs clés : logistique, BTP, fourniture, agroalimentaire, sécurité, environnement, informatique, gestion de déchets, etc.
Et pourtant, ce giga projet pourrait passer sous nos yeux comme un simple spectacle, sans que nos jeunes, nos PME, ni même nos régions n’en bénéficient véritablement.
Voici la réalité sur le terrain :
1- Comment un jeune qui se bat seul peut-il acheter un camion de 100 000 dollars pour répondre aux critères d’éligibilité des mines ?
2- Comment un entrepreneur de l’informel, depuis 5 ans sans accompagnement, peut-il se formaliser, produire les bons documents, comprendre une lettre de crédit, ou même ouvrir un compte professionnel ?
3- Comment une petite entreprise peut-elle recruter des ingénieurs à 1 000 dollars par mois, exigés dans les dossiers techniques des multinationales ?
On pousse les jeunes vers l’entrepreneuriat sans armes, sans financement, sans équipement et souvent sans formation technique ciblée.
Et ni Rio Tinto, ni WCS (Winning Consortium Simandou), ni Baowu ne signeront de contrat avec eux s’ils ne remplissent pas les standards internationaux.
Résultat :
-Seule une poignée aura accès au projet.
-Les autres resteront spectateurs sur leurs propres terres.
-Des opérateurs venus d’ailleurs profiteront de notre sous-traitance locale.
Une réponse nationale est urgente :
Nous ne construirons jamais un secteur privé guinéen fort tant que nos jeunes ne sont pas préparés à entrer en compétition économique, à défendre des offres, à exécuter des marchés, à négocier avec des géants comme Rio Tinto.
Car aujourd’hui, leur seule arme, c’est leur formation scolaire. Et souvent, ni leur famille, ni leur réseau, ni leur capital ne peuvent leur ouvrir les portes de ce type de marché.
Il est donc extrêmement urgent de mettre en place :
• Des institutions spécialisées dans la structuration, le financement et l’accompagnement technique des jeunes entrepreneurs ;
• Un objectif clair de créer 1 000 entreprises compétitives par an prêtes à intégrer les chaînes d’approvisionnement des grands projets miniers ;
• Des fonds dédiés pour soutenir les jeunes dans l’achat d’équipements, le recrutement d’experts et la préparation de leurs offres.
Simandou est déjà en marche.
Mais la jeunesse entreprenante guinéenne, NON !
Ce déséquilibre pourrait être la plus grande perte d’opportunité économique de notre génération si nous n’agissons pas dès maintenant.
Ne le permettons pas, derrière un jeune entrepreneur se trouve une famille, des vies, un rêve et des espoirs pour le développement de notre pays.