
31/08/2025
🛑 Non, Monsieur le Ministre : la Forêt n’a jamais enterré 200 morts tous les deux mois ! Assez de mensonges !
C’est pathétique de voir un ministre fraîchement nommé se métamorphoser aussi vite. En tant que fils de N’Zérékoré, je démens avec fermeté le gros mensonge du nouveau ministre de la Pêche.
Contrairement à ses affirmations, les premiers conflits communautaires en Guinée forestière, sauf erreur de ma part, remontent à 1991, lors de la première élection municipale.
À l’époque, selon les anciens, Ibrahima Kalil Keïta, ancien préfet de Siguiri et père de l’actuel chef d’état-major de l’armée de terre, le Général Abdoulaye Keïta (dit Commando Fakhè), était le candidat du RPG face au camp des Madeleine Théa et autres du PUP pour la mairie de N’Zérékoré. Malheureusement, le régime du feu Général Lansana Conté avait mené une campagne sous un angle ouvertement ethnique, appelant les Kpèlè à ne pas élire un Malinké comme maire. La suite est connue...ma propre famille en a payé le prix.
Ensuite, les faits sont clairs :
Juin 2004 : un incident entre un imam Konia et un jeune Kpèlè près d’une mosquée du quartier Horoya dégénère en affrontements meurtriers.
2005 : l’usage d’un haut-parleur pendant un baptême chez une famille Kpèlè, à côté de la mosquée près de l'ecole N’Zébéla Tokpa, provoque un conflit religieux qui tourne au drame.
Février 2008 : un banal incident entre une femme Kpèlè et un policier communal à la mosquée de la Forêt Sacrée, en plein ramadan, se transforme en affrontements communautaires sanglants. Ma famille en a encore été victime.
Octobre 2009 : des tracts menaçant les Peulhs circulent à N’Zérékoré sous Dadis Camara, mais la situation est vite maîtrisée.
2011 : affrontements mortels entre Konias et Kpèlès à Galakpaï, dans la CR de Bignamou (préfecture de Yomou).
Juillet 2013 : N’Zérékoré connaît des affrontements meurtriers d’ampleur. J’y étais pour les vacances ; j’ai vu et vécu les violences en tentant de sauver des vies.
Mars 2020 : élections législatives et référendum, nouvelles tensions politico-communautaires avec morts, blessés et destructions.
Décembre 2020 : à Macenta, des affrontements entre Toma et Mania font de nombreux morts et blessés.
Voilà la réalité !
Alors quand le ministre des Pêches, visiblement plus zélé que ses prédécesseurs, prétend qu’avant le CNRD la Forêt « enterrait des centaines de morts chaque deux mois », je lui demande :
Où était-il pendant ces événements ?
Qu’a-t-il fait pour y mettre fin ?
À part ces affrontements documentés, quels autres peut-il citer ?
S’il parle des centaines de morts, prenons le minimum : 200 morts tous les deux mois, cela ferait 1 200 morts par an. En 11 ans de gouvernance Alpha Condé, nous aurions donc enterré 13 200 morts pour 66 affrontements ! Ce chiffre est totalement faux et grotesque.
Je rappelle d’ailleurs que le tournoi de la Refondation du CNRD, en décembre 2024, a fait plus de morts à lui seul que n’importe lequel des conflits communautaires cités depuis 1991.
Assez de mensonges ! Les jeunes conscients de la Forêt et de Guinée savent désormais faire la différence entre l’information et la désinformation. Vos tentatives de manipulation ne passeront plus.
Mamoudou Babila KEÏTA
Journaliste d'investigation
Éditorialiste. Voix libre en exil.