
22/07/2025
Une publicité pour sextoys dans le métro parisien suscite l’indignation en associant la à des fantasmes sexuels
Paris juillet 2025 – Une affiche publicitaire pour une boutique en ligne de sextoys, placardée dans le métro parisien, fait scandale en raison d’un slogan jugé raciste et néocolonial. La marque y promeut ses produits avec cette accroche : « Atteindre des taux d’humidité record sans aller jusqu’en Guadeloupe ». Une formulation qui ravive des stéréotypes colonialistes associant les Antilles et les corps noirs à une sexualité exotisée.
L’affiche, visible dans plusieurs stations, a rapidement provoqué une vague de colère sur les réseaux sociaux. De nombreux internautes dénoncent une publicité qui réduit la Guadeloupe – département français d’outre-mer – à un fantasme érotique, en jouant sur l’idée d’une « humidité tropicale » à connotation sexuelle.
« C’est révoltant de voir ce genre de stéréotypes en 2025 », s’indigne Karine B., une Guadeloupéenne vivant en région parisienne. « On nous renvoie encore à l’image de la "Vénus noire", comme si nous n’étions que des objets de désir exotique et pas des êtres humains à part entière. »
Pour l’historien Marcel Dorigny, spécialiste de l’esclavage et du colonialisme, cette publicité s’inscrit dans une longue tradition de fétichisation des corps noirs :
« Depuis le XVIIIe siècle, les Antilles ont été fantasmées comme des terres de sensualité "sauvage". Cette publicité réactive un imaginaire raciste qui déshumanise les populations noires en les réduisant à des stéréotypes sexuels. »
La boutique en ligne concernée, spécialisée dans les jouets érotiques, n’a pour l’instant pas réagi officiellement aux accusations. Pourtant, les appels au boycott se multiplient, et plusieurs associations antiracistes envisagent des recours juridiques.
Le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) a annoncé son intention de saisir l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) pour « message discriminatoire et atteinte à la dignité humaine ».
« Ce n’est pas de l’humour, c’est du racisme décomplexé », dénonce Louis-Georges Tin, porte-parole du CRAN. « On ne peut pas tolérer que des marques instrumentalisent des territoires et des populations pour vendre des produits en jouant sur des clichés coloniaux. »
Les élus ultramarins montent au créneau
Plusieurs personnalités politiques, notamment des élu·e·s des Outre-mer, ont exprimé leur indignation. La sénatrice de Guadeloupe Victoire Jasmin a demandé le retrait immédiat de la campagne : « La Guadeloupe n’est pas un décor érotique. C’est une terre d’histoire, de culture et de résistance. Cette publicité est une insulte envers ses habitant·e·s. »
Du côté du gouvernement, la secrétaire d’État à l’Égalité, Nadia Hai, a déclaré « suivre le dossier avec attention », tout en rappelant que « la publicité doit respecter les valeurs de la République et ne pas véhiculer de stéréotypes racistes ».
Vers un retrait de l’affiche ?
Sous la pression, la régie publicitaire responsable de l’affichage dans le métro a annoncé « examiner la plainte ». Mais pour beaucoup, cela ne suffit pas : des collectifs demandent des excuses publiques de la marque et une campagne de sensibilisation sur les stéréotypes raciaux dans la publicité.
Par : SBM
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