25/09/2025
Editorial
Le Cap-Haïtien et ses besoins
Le Nouvelliste | Publié le : 2025-09-25 00:00:00
Ces derniers temps, des conférences, réunions, colloques, séminaires et autres rencontres se tiennent au Cap-Haïtien. La ville fait enfin concurrence à la capitale.
Avec le seul aéroport qui relie le pays au reste du monde, un port en activité, une route internationale qui la relie, sans entrave, à la République dominicaine, le Cap a des atouts qui font pâlir d’envie Port-au-Prince et le reste du pays.
Dans le même temps, fuyant les dangers de Port-au-Prince, de nombreuses organisations internationales et des ONG ont décidé de transférer leurs bureaux dans la cité d’Henri Christophe. Le Cap a une communauté d’expatriés comme jamais dans le passé.
Tout ce beau monde, les présidents du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), les ministres et directeurs généraux, les experts et responsables d’institutions internationales circulent dans la ville, affrontent les mêmes difficultés que les Capois.
Si ces derniers se sont habitués à l’insalubrité permanente, aux eaux stagnantes et mares de boue après les pluies, à l’obscurité profonde à cause du manque d’électricité, à la rareté d’eau potable, aux rues embouteillées et occupées par le commerce informel, les chefs et étrangers de passage devraient s’étonner et faire des propositions de redressement.
Les mois passent, les années s’empilent, il n’y a pas encore de plan connu pour tenter de faire du Cap-Haïtien une ville vitrine alors que, de tout temps, elle est présentée dans les discours comme une ville à haut potentiel touristique.
Comme souvent, quand les politiques échouent à bien faire, ils cherchent des boucs émissaires. Le Cap-Haïtien a un nouveau cartel municipal à sa tête. Beaucoup ont cru que la situation de la ville allait changer d’un coup de baguette magique. Hélas, le changement ne se produit jamais grâce à des incantations.
Et pour cause, la ville est aussi désespérément sale et chaotique qu’avant. Les nouvelles autorités disposent d’aussi peu de moyens que les anciennes.
Et cela fait des années que cela dure. Les maires arrivent la bouche remplie de promesses, n’arrivent pas à les tenir, sont massacrés par l’opinion et tombent dans l’oubli. De nouveaux responsables, élus ou choisis, arrivent pour recommencer le cycle.
Dans les faits, la population de la ville et de ses banlieues augmente, le désordre urbanistique s’étend et les moyens ne suivent pas. Mais personne n’a un recensement sérieux ni des âmes ni des biens. Pas même une évaluation des besoins.
Le courage politique, le sens de l’organisation et les aptitudes pour rechercher des solutions ne semblent pas faire partie des qualités requises pour devenir maire de la deuxième ville du pays. Jamais personne n’a tenté de définir une politique, un système qui survivrait aux édiles et parviendrait à transformer le Cap-Haïtien en une vraie ville avec des structures fonctionnelles.
Et comme l’État central, même quand des originaires du Grand Nord y occupent des postes importants, ne se soucie pas de l’évolution du Cap-Haïtien, le mal empire.
Aujourd’hui, il faudrait des plans et des milliards pour changer durablement le visage du Cap. Est-il trop tôt ou trop t**d, ou bien personne ne veut vraiment s’y atteler ?
Frantz Duval