06/09/2025
Quand le ministre de la Justice piétine la DCPJ pour protéger Nenel Cassy.
La convocation, hier jeudi, du ministre de la Justice par le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) autour du dossier de Nenel Cassy ne fait que confirmer une réalité brutale : l’impunité règne en maître, et la justice haïtienne se comporte en servante docile des élites politiques.
L’ancien sénateur a recouvré la liberté dans des conditions opaques, en dépit d’un rapport accablant de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). Ce rapport établit sa présence sur les lieux de l’assassinat de Jacques Pierre Matilus à Delmas 40B, un fait qui aurait dû peser lourdement contre lui. Au lieu de cela, Cassy bénéficie d’une libération express, hors des normes, qui ressemble davantage à une récompense qu’à une décision judiciaire éclairée.
Le scandale s’est aggravé lorsque, défiant toute décence, l’ex-parlementaire s’est empressé d’adresser un message de « félicitations » aux membres du CPT après sa remise en liberté. Ce geste, à la fois cynique et provocateur, sonne comme un aveu implicite : il sait qu’il est protégé, qu’il évolue dans un système où la loi n’est qu’une façade et où les puissants dictent les verdicts.
La réaction du ministre de la Justice, qui promet de demander au parquet de Port-au-Prince de « réexaminer le dossier », n’apaise en rien l’indignation. Elle illustre plutôt un simulacre d’action destiné à calmer l’opinion publique sans s’attaquer aux véritables racines du problème : une justice infiltrée, affaiblie, incapable de se tenir debout face aux pressions politiques.
L’affaire Nenel Cassy dépasse donc le cas d’un ancien sénateur soupçonné d’un crime. Elle met en lumière une justice sélective, où les rapports d’enquête les plus solides sont balayés pour protéger ceux qui appartiennent au cercle du pouvoir. Elle révèle une institution judiciaire incapable de remplir sa mission fondamentale : protéger les victimes, sanctionner les coupables et rétablir la confiance du peuple dans l’État de droit.
Tant que des figures comme Nenel Cassy pourront se pavaner librement malgré des accusations aussi graves, Haïti restera prisonnière d’un cycle d’impunité qui nourrit le chaos et détruit toute perspective de justice véritable.