04/07/2025
Affaire BNC : Quand l’ULCC devient un instrument politique au service du pouvoir
L’accusation est lourde et doit interpeller toute la société haïtienne. Lors de son intervention sur Panel Magik, Jean Henry Céant, ancien Premier ministre, a dénoncé une dérive grave au sein de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC). Selon lui, le Premier ministre Garry Conille à instrumentalisé cette institution clé pour affaiblir le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), en ciblant notamment certains de ses membres dans le cadre de l’affaire de corruption à la Banque Nationale de Crédit (BNC).
Cette dénonciation soulève une question fondamentale : celle de l’indépendance réelle des organes censés garantir la transparence et la justice dans notre pays. L’ULCC, créée pour traquer les malversations, doit être un pilier d’impartialité, au-dessus des intérêts partisans. Or, quand une institution de cette importance est récupérée par un pouvoir politique pour servir des fins de luttes internes, elle perd non seulement sa crédibilité, mais fragilise aussi toute la structure étatique.
Céant appelle à une réforme urgente : un responsable à mandat fixe, à l’abri des pressions politiques, capable de conduire l’ULCC dans une démarche autonome et objective. Cette proposition met en lumière un problème systémique qui dépasse l’affaire BNC : le contrôle excessif et le manque de garanties institutionnelles rendent les organes de contrôle vulnérables à la manipulation politique.
L’instrumentalisation de l’ULCC est une menace directe à l’État de droit. Elle crée un précédent dangereux où la justice se plie aux intérêts du pouvoir en place, alimentant le cynisme et la défiance des citoyens envers leurs institutions. Plus encore, elle offre un outil aux gouvernants pour neutraliser leurs opposants sous le couvert de la lutte contre la corruption.
Dans un pays où la gouvernance et la transparence restent des défis majeurs, il est impératif de garantir que la lutte contre la corruption soit conduite avec intégrité et indépendance. La société civile, les acteurs politiques et la communauté internationale doivent s’unir pour réclamer la dépolitisation de l’ULCC, afin qu’elle redevienne ce rempart indispensable contre l’impunité et la dérive autoritaire.