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31/08/2025

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|| Paysannerie haïtienne : une richesse étouffée par les problèmes structurels et sociaux

Écrit par PIERRE Macking, Étudiant en Sciences Agronomiques à l'UPSEJ

En Haïti, la paysannerie constitue le cœur battant de la vie économique et sociale. Dans les mornes, les plaines et les vallées, les paysans se lèvent chaque matin avant l’aube pour travailler la terre, cultiver le maïs, le haricot, la patate douce, le riz, le café, le cacao, le pois congo, ainsi que d’autres denrées vivrières indispensables à la survie de la population. Pourtant, malgré ce rôle vital, le paysan haïtien demeure abandonné, marginalisé et victime d’un système qui ne valorise pas son labeur.

Le premier grand problème auquel la paysannerie fait face reste le manque d’accès aux infrastructures de base. Les routes agricoles sont souvent impraticables, surtout en saison de pluie. Aujourd’hui encore, la route de Martissant, qui constitue un passage incontournable vers la capitale, reste bloquée par l’insécurité et les barricades. En conséquence, quatre départements du pays se retrouvent paralysés : les produits agricoles pourrissent dans les zones de production parce que les madan sara ne peuvent plus descendre à Port-au-Prince pour écouler les récoltes. Des tonnes de maïs, de fruits, de légumes et de tubercules se gaspillent sur place, alors que la population urbaine, de son côté, subit la flambée des prix. Cette réalité douloureuse montre comment une crise sociale et sécuritaire peut détruire à la fois l’économie paysanne et la sécurité alimentaire nationale.

À cela s’ajoute le manque d’accès au crédit et aux intrants agricoles. La majorité des petits planteurs travaillent encore avec des outils rudimentaires : la houe, la machette et la pioche. Peu de paysans ont les moyens d’acheter des semences améliorées, des engrais ou des produits phytosanitaires. Quand bien même certains voudraient moderniser leur agriculture, les banques commerciales ne leur font pas confiance et refusent de leur prêter de

À cela s’ajoute le manque d’accès au crédit et aux intrants agricoles. La majorité des petits planteurs travaillent encore avec des outils rudimentaires : la houe, la machette et la pioche. Peu de paysans ont les moyens d’acheter des semences améliorées, des engrais ou des produits phytosanitaires. Quand bien même certains voudraient moderniser leur agriculture, les banques commerciales ne leur font pas confiance et refusent de leur prêter de l’argent. Résultat : la production reste faible, l’agriculture demeure de subsistance, et les familles paysannes s’enfoncent dans la pauvreté.

Le paysan haïtien est également confronté à l’absence d’encadrement technique. Les services de vulgarisation agricole sont pratiquement inexistants dans plusieurs communes. Des paysans cultivent toujours sans véritable connaissance scientifique de la gestion des sols, de la rotation culturale, de la lutte intégrée contre les ravageurs ou de la conservation des récoltes. Ce vide institutionnel contribue à l’épuisement des terres, à la déforestation et à la baisse de la productivité agricole.

À côté de ces difficultés structurelles, la paysannerie souffre aussi d’un manque de débouchés commerciaux organisés. Les marchés locaux, tels que le légendaire marché de Croix-des-Bossales autrefois appelé « marché du peuple » ou « marché pèp la » témoignent de la centralité des petits producteurs dans l’économie nationale. Mais aujourd’hui, ce marché est devenu un espace de chaos, où les madan sara se battent pour trouver une place et vendre leurs produits dans des conditions insalubres, sans sécurité ni protection sociale. Le paysan, qui a peiné sur sa terre pour produire, se voit obligé de vendre à perte, car il ne dispose d’aucune structure de stockage, ni de transformation, ni de transport sécurisé.

Un autre défi majeur réside dans le changement climatique. Les sécheresses prolongées, l’irrégularité des pluies, les ouragans dévastateurs et les inondations à répétition détruisent les récoltes et accentuent la vulnérabilité des paysans. Faute d’irrigation moderne, la majorité dépend encore des pluies naturelles. Une seule saison perdue peut signifier la famine pour des milliers de familles rurales.

La vie paysanne est également marquée par une grande précarité sociale. Beaucoup de familles n’ont pas accès à l’électricité, à l’eau potable, aux soins de santé ni à une éducation de qualité. Les enfants des paysans, faute de moyens, abandonnent souvent l’école pour aider aux travaux champêtres ou pour migrer vers la capitale en quête d’une vie meilleure, perpétuant ainsi le cycle de pauvreté.

Pourtant, malgré toutes ces difficultés, le paysan haïtien demeure résilient. Chaque jour, il continue de labourer sa terre, de semer et de récolter, convaincu que la terre est son seul véritable héritage. La paysannerie haïtienne, loin d’être un fardeau, est en réalité la solution au problème de sécurité alimentaire du pays. Investir dans l’agriculture paysanne, c’

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30/08/2025

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La paysannerie haïtienne face à la crise multidimensionnelle

Écrit par PIERRE Macking, étudiant en sciences agronomiques à l’UPSEJ

L’histoire d’Haïti, depuis son indépendance, ne peut être racontée sans mettre en avant le rôle central des paysans. Ils sont les véritables bâtisseurs silencieux de la nation, ceux qui nourrissent le peuple et portent sur leurs épaules la survie économique du pays. Pourtant, la réalité contemporaine des paysans haïtiens contraste douloureusement avec cette mission vitale. Leur quotidien est marqué par des difficultés croissantes, une marginalisation persistante et une absence flagrante de politiques publiques adaptées.

Aujourd’hui, les paysans haïtiens doivent affronter une situation presque intenable. D’abord, la question des semences constitue un problème majeur. Elles sont devenues excessivement coûteuses et l’État ne joue aucun rôle réel dans la subvention ou l’accompagnement. Là où hier les intrants agricoles, notamment les engrais chimiques, étaient accessibles, désormais leurs prix exorbitants excluent la majorité des cultivateurs. La conséquence directe est une baisse drastique de la production locale.

À cette difficulté s’ajoute l’absence d’une banque agricole véritablement fonctionnelle dans le pays. Les institutions financières classiques refusent de prêter aux paysans, faute de garanties. Résultat : l’agriculture, qui devrait être le moteur du développement national, reste étouffée par un manque cruel de financement.

Pire encore, l’insécurité généralisée bloque désormais tout espoir de relance. La Route de Martissant, axe vital reliant Port-au-Prince au Sud, est depuis plusieurs années sous le contrôle de groupes armés. Quatre départements entiers (Sud, Nippes, Grand’Anse et Sud-Est) se retrouvent ainsi paralysés, incapables d’écouler leurs denrées dans la capitale. Les madan sara, qui constituaient autrefois le cœur battant du commerce paysan, ne peuvent plus se rendre à Port-au-Prince. Les produits récoltés dans les campagnes pourrissent, faute de marché.

Autrefois, on disait du marché Croix-des-Bossales qu’il était le « marché du peuple ». C’était là que convergeaient les récoltes, les sueurs et les espoirs des cultivateurs venus de tout le pays. Les madan sara, véritables piliers de l’économie populaire, montaient sur les camions pour acheminer les produits maraîchers, vivriers et fruitiers vers la capitale. Aujourd’hui, cette dynamique est brisée. Le marché du peuple n’est plus que l’ombre de lui-même, affaibli par l’insécurité, la rareté des produits et l’impossibilité des échanges interrégionaux.

Il faut rappeler que la crise de la paysannerie ne date pas d’hier. Pendant des années, des décisions politiques erronées ont accentué la vulnérabilité des cultivateurs. On se souvient encore du scandale des semences de riz distribuées dans l’Artibonite qui, loin d’apporter une solution, ont provoqué des pertes catastrophiques. Des champs entiers ont été ravagés par des rats à la suite de l’utilisation de ces semences, plongeant les riziculteurs dans un désespoir sans précédent. Aujourd’hui, pour aggraver la situation, l’insécurité s’est installée jusque dans la vallée de l’Artibonite, privant les paysans de leur principal grenier.

Cette accumulation de défis, entre semences inaccessibles, engrais trop chers, absence de crédit agricole, insécurité généralisée, blocage des routes nationales et paralysie du commerce, illustre la profondeur du drame paysan en Haïti. Et pourtant, ce sont ces mêmes paysans qui continuent, malgré tout, de gratter la terre, de semer avec espoir, de nourrir une population souvent ingrate et un État absent.

La situation actuelle doit interpeller tous les décideurs et tous les citoyens. Si la paysannerie s’effondre, c’est la nation entière qui bascule dans la famine et la dépendance. Haïti ne pourra jamais se relever sans une politique agricole forte, inclusive et adaptée aux réalités locales. Soutenir les paysans, c’est redonner espoir au pays.

Paysannerie haïtienne : une richesse étouffée par les problèmes structurels et sociauxÉcrit par PIERRE Macking, Étudiant...
29/08/2025

Paysannerie haïtienne : une richesse étouffée par les problèmes structurels et sociaux

Écrit par PIERRE Macking, Étudiant en Sciences Agronomiques à l'UPSEJ

En Haïti, la paysannerie constitue le cœur battant de la vie économique et sociale. Dans les mornes, les plaines et les vallées, les paysans se lèvent chaque matin avant l’aube pour travailler la terre, cultiver le maïs, le haricot, la patate douce, le riz, le café, le cacao, le pois congo, ainsi que d’autres denrées vivrières indispensables à la survie de la population. Pourtant, malgré ce rôle vital, le paysan haïtien demeure abandonné, marginalisé et victime d’un système qui ne valorise pas son labeur.

Le premier grand problème auquel la paysannerie fait face reste le manque d’accès aux infrastructures de base. Les routes agricoles sont souvent impraticables, surtout en saison de pluie. Aujourd’hui encore, la route de Martissant, qui constitue un passage incontournable vers la capitale, reste bloquée par l’insécurité et les barricades. En conséquence, quatre départements du pays se retrouvent paralysés : les produits agricoles pourrissent dans les zones de production parce que les madan sara ne peuvent plus descendre à Port-au-Prince pour écouler les récoltes. Des tonnes de maïs, de fruits, de légumes et de tubercules se gaspillent sur place, alors que la population urbaine, de son côté, subit la flambée des prix. Cette réalité douloureuse montre comment une crise sociale et sécuritaire peut détruire à la fois l’économie paysanne et la sécurité alimentaire nationale.

À cela s’ajoute le manque d’accès au crédit et aux intrants agricoles. La majorité des petits planteurs travaillent encore avec des outils rudimentaires : la houe, la machette et la pioche. Peu de paysans ont les moyens d’acheter des semences améliorées, des engrais ou des produits phytosanitaires. Quand bien même certains voudraient moderniser leur agriculture, les banques commerciales ne leur font pas confiance et refusent de leur prêter de l’argent. Résultat : la production reste faible, l’agriculture demeure de subsistance, et les familles paysannes s’enfoncent dans la pauvreté.

Le paysan haïtien est également confronté à l’absence d’encadrement technique. Les services de vulgarisation agricole sont pratiquement inexistants dans plusieurs communes. Des paysans cultivent toujours sans véritable connaissance scientifique de la gestion des sols, de la rotation culturale, de la lutte intégrée contre les ravageurs ou de la conservation des récoltes. Ce vide institutionnel contribue à l’épuisement des terres, à la déforestation et à la baisse de la productivité agricole.

À côté de ces difficultés structurelles, la paysannerie souffre aussi d’un manque de débouchés commerciaux organisés. Les marchés locaux, tels que le légendaire marché de Croix-des-Bossales autrefois appelé « marché du peuple » ou « marché pèp la » témoignent de la centralité des petits producteurs dans l’économie nationale. Mais aujourd’hui, ce marché est devenu un espace de chaos, où les madan sara se battent pour trouver une place et vendre leurs produits dans des conditions insalubres, sans sécurité ni protection sociale. Le paysan, qui a peiné sur sa terre pour produire, se voit obligé de vendre à perte, car il ne dispose d’aucune structure de stockage, ni de transformation, ni de transport sécurisé.

Un autre défi majeur réside dans le changement climatique. Les sécheresses prolongées, l’irrégularité des pluies, les ouragans dévastateurs et les inondations à répétition détruisent les récoltes et accentuent la vulnérabilité des paysans. Faute d’irrigation moderne, la majorité dépend encore des pluies naturelles. Une seule saison perdue peut signifier la famine pour des milliers de familles rurales.

La vie paysanne est également marquée par une grande précarité sociale. Beaucoup de familles n’ont pas accès à l’électricité, à l’eau potable, aux soins de santé ni à une éducation de qualité. Les enfants des paysans, faute de moyens, abandonnent souvent l’école pour aider aux travaux champêtres ou pour migrer vers la capitale en quête d’une vie meilleure, perpétuant ainsi le cycle de pauvreté.

Pourtant, malgré toutes ces difficultés, le paysan haïtien demeure résilient. Chaque jour, il continue de labourer sa terre, de semer et de récolter, convaincu que la terre est son seul véritable héritage. La paysannerie haïtienne, loin d’être un fardeau, est en réalité la solution au problème de sécurité alimentaire du pays. Investir dans l’agriculture paysanne, c’est investir dans l’avenir d’Haïti.

Il est donc urgent que les autorités publiques, les organisations de la société civile et la diaspora unissent leurs forces pour valoriser le travail paysan. Il faut reconstruire des routes agricoles, garantir la sécurité des axes routiers stratégiques, moderniser les pratiques de production, mettre en place des coopératives de stockage et de transformation, et surtout donner une véritable reconnaissance sociale au paysan. Car sans le paysan, il n’y a ni nourriture, ni stabilité économique, ni développement durable possible.

La paysannerie haïtienne crie son désespoir, mais aussi son espoir d’être entendue et respectée. Il est temps de transformer ce cri en action, pour que les générations futures puissent vivre dans une Haïti où la terre nourrit dignement ses enfants.

30/11/2022

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