23/07/2025
Présentation spéciale : Louis Borno est à l’honneur comme poète-diplomate président
écrivain, juriste. VOLUME 0
Ce dernier week-end de juillet, le Regroupement des Archives Diplomatiques et des Documentations de la République d’Haïti (RADRH) inaugure un cycle de réflexion historique consacré à deux versants fondamentaux de notre diplomatie nationale :
D’un côté, le ralliement à l’ordre établi par l’occupant, posture de compromis et de calcul politique ; de l’autre, la résistance souveraine, posture de rupture, de dignité et de refus.
Deux trajectoires irréconciliables, mais toutes deux solidement inscrites dans notre mémoire collective, comme les deux faces d’un même combat pour la nation.
Nous ouvrirons cette série avec l’examen critique des parcours de trois figures clés de la diplomatie haïtienne à l’époque de l’Occupation américaine (1915–1934) : Louis Borno, Constantin Mayard et Alfred Auguste Nemours.
Tous trois furent diplomates de haut rang, écrivains politiques et poètes de forme, mêlant finesse intellectuelle et sens aigu des enjeux étatiques. Ils incarnaient une tension profonde entre l’idéalisme des lettres et le pragmatisme des fonctions régaliennes. Ce furent des hommes de culture devenus hommes d’État, qui ont assumé avec élégance parfois, avec ambiguïté souvent leur choix de collaborer avec l’occupant. Que ce fût par souci de stabilité, par adhésion sincère à une certaine vision de l’ordre, ou par illusions stratégiques, leur engagement mérite aujourd’hui une relecture lucide, sans condamnation aveugle, mais sans effacement non plus.
Pendant trois week-ends consécutifs, ces figures seront mises en regard dans un exercice de mémoire critique. À travers leurs textes, leurs discours, leurs prises de position et leurs silences, nous interrogerons la modernité politique haïtienne :
sa conception de l’État,
sa diplomatie de survie ou d’allégeance,
sa verticalité institutionnelle,
et ses fissures, souvent invisibles mais profondes.
Viendra ensuite le temps d’honorer les diplomates de la résistance, ceux qui, au cœur même de la défaite politique, ont su tenir la voix du peuple et de la souveraineté. À leur tête, François Borgia Charlemagne Péralte, chef incontesté de la révolte armée, mais aussi stratège diplomatique, qui comprit que la lutte pour l’indépendance devait se mener aussi bien sur le champ de bataille que dans l’arène du droit international.
Par ses manifestes, ses lettres aux nations, ses appels à la dignité humaine, Péralte redonna une voix au peuple là où l’État s’était tu. Dans l’échec de la République officielle, la diplomatie populaire osa parler.
Le programme du RADRH est exigeant. Il convoque l’histoire, la mémoire, la responsabilité nationale. Mais nous devons nous y tenir, et tenir parole, car c’est dans l’examen rigoureux du passé que se reconstruit l’autorité morale de l’État.
Et peut-être, à l’issue de ce parcours, verrons-nous se dessiner les contours d’une diplomatie haïtienne digne, ancrée dans l’intelligence, la littérature et l’engagement, une diplomatie à la fois politique, poétique et historique, qu’il nous appartient désormais de redécouvrir, d’assumer et de défendre. A vendredi pour le volume 1, il était une fois « Louis Borno, Ambassadeur et envoyé extraordinaire et Plénipotentiaire en République Dominicaine. A bientôt