02/07/2025
𝗖𝗢𝗡𝗧𝗘 : 𝗟𝗔 𝗛𝗬𝗘̂𝗡𝗘 𝗘𝗧 𝗟𝗘𝗦 𝗖𝗛𝗘̂𝗩𝗥𝗘𝗦 𝗗𝗘 𝗟𝗔 𝗩𝗜𝗘𝗜𝗟𝗟𝗘 𝗙𝗘𝗠𝗠𝗘
Il était une fois, dans un village, une vieille femme. Elle possédait beaucoup de chèvres. C’étaient de grandes et grasses chèvres. Comme ses chèvres, en bêlant et en gambadant sur les toits des maisons, embêtaient trop ses voisins du village, la vieille femme alla fonder un autre village où elle habitait toute seule, au milieu de ses chèvres.
C’était l’occasion qu’espérait Surukuba l’hyène qui, depuis longtemps, brûlait de croquer les chèvres de la vieille femme. Elle ne pouvait pas, parce que simplement elle en avait envie, aller comme ça, les prendre et les manger. Le lion, le roi des animaux, lui demanderait de s’expliquer !
Alors, un jour, où Surukuba l’hyène se promenait dans la brousse, cherchant une idée, une raison de manger les chèvres de la vieille femme sans qu’on ait à lui demander des comptes. Alors qu’elle se grattait la tête, elle vit un oiseau. Elle sauta et le captura. « Tiens, se dit-elle. Je vais donner ce volatile à la vieille femme. Si elle le mange, j’aurai un bon prétexte pour dévorer ses chèvres à belles dents ! ». Elle courut chez la vieille femme et lui dit :
- Bonjour grand-mère. Comme tu es vieille et sans force, et qu’il est de notre devoir à nous les jeunes, d’aider les personnes âgées, je t’offre cet oiseau. Mange-le, ça te fera du bien.
La vieille grand-mère prit l’oiseau, mais comme elle n’était pas bête, elle alla le cacher dans le toit de sa case.
Dès le lendemain, voici l’hyène qui revient sur ses pas, toute joyeuse, pensant que, puisque la vieille femme avait mangé son oiseau, elle pourrait à son tour dévorer ses chèvres :
- Bonjour vieille femme. Bonjour à mon oiseau !
- Ton oiseau ? lui demanda la vieille femme avec l’air faussement étonné, je croyais que tu me l’avais donné !
- Ah non ! Ah non ! Mon oiseau, je te l’avais seulement confié. Et si tu l’as mangé, tu vas le payer avec tes chèvres !
- Non, Surukuba. Je n’ai pas mangé ton oiseau. Il est là, dans le toit de ma case. Va le prendre !
- Comme les grands-mères ne comprennent rien de rien ! Je plaisantais avec toi quand j’ai dit que tu allais le payer. Mange-le donc, cet oiseau. C’est pour toi. Foi d’hyène !
Pour autant, la vieille femme ne voulut pas manger l’oiseau. Chaque matin, l’hyène venait lui dire :
- Bonjour grand-mère ! Bonjour à mon oiseau !
Et quand la vieille femme lui disait de le reprendre, l’hyène refusait et s’en allait. Cela dura pendant longtemps, très longtemps.
Jusqu’au jour où la vieille grand-mère étant partie dans la brousse chercher du bois mort, sa petite fille venue du village voisin pendant son absence vit l’oiseau et le mangea. On ne sut jamais qui rapporta la nouvelle à Surukuba l’hyène. Mais ce jour-là, Surukuba l’hyène n’attendit même pas le lendemain. Dès l’après-midi, elle arriva toute joyeuse chez la vieille femme.
- Bonjour vieille femme ! Bonjour à mon oiseau !
Toute tremblante, la vieille grand-mère lui dit :
- Ton oiseau, ma petite fille l’a mangé !
- Ah bon, Eh bien puisque ta petite fille a mangé mon oiseau, moi aussi, je vais prendre une de tes chèvres que je vais manger avec ma famille !
L’hyène prit deux chèvres et les emporta.
Le lendemain, elle revint chez la vieille femme :
- Bonjour vieille femme ! Bonjour à mon oiseau !
- Ton oiseau, je t’ai dit que ma fille l’a mangé !
- Eh bien, si ta fille l’a mangé, moi aussi, je vais manger trois de tes chèvres !
L’hyène emporta trois chèvres chez elle qu’elle mangea avec sa famille. Cela dura pendant longtemps. A la fin, il ne restait plus qu’une seule chèvre dans l’enclos de la vieille grand-mère.
Entre temps, le lion qui passait par là, le lion vit la vieille grand-mère, qui pleurait. Il lui demanda :
- Grand-mère, qu’est-ce qui t’arrive donc ? La vieille femme lui expliqua que l’hyène lui avait donné un oiseau que sa petite fille avait mangé.
- Et depuis, dit-elle, tous les jours, l’hyène vient enlever mes chèvres. Quand il n’y en aura plus, c’est moi-même qu’elle va dévorer à belles dents !
Le lion alors lui dit de cacher dans sa case la chèvre qui restait et de l’attacher, lui, le lion, à sa place, dans l’enclos.
- L’hyène viendra me trouver ici et on va voir ce qu’on va voir ! ajouta-t-il en souriant.
C’est ce que la vieille grand-mère fit.
Ce jour-là, Surukuba l’hyène n’attendit même pas le matin pour venir. Elle vint dès le crépuscule. Or, au crépuscule, l’hyène voit mal.
- Bonjour vieille femme ! Bonjour à mon oiseau !
- Ton oiseau, je te l’ai déjà dix mille fois, ton oiseau, ma petite fille l’a mangé !
- Eh bien ! si ta petite fille a mangé mon oiseau, moi aussi, je vais croquer tes chèvres.
- Il n’en reste plus qu’une seule. Va la prendre !
- C’est ce que je vais faire.
Et l’hyène alla détacher ce qu’elle croyait être une chèvre. La voici en train de la conduire chez elle.
Soudain, alors qu’elle marchait devant ce qu’elle pensait être une chèvre, elle se ravisa :
- Mon Dieu ! Je ne comprends rien. Les autres chèvres que j’ai amenées chez moi, en marchant derrière moi faisaient craquer leurs articulations kumata kumata ! Celle-là, elle marche comme un félin ! Est-ce vraiment une chèvre ?
Le lion fit craquer ses articulations. Rassurée, l’hyène continua son chemin.
Mais quelques instants après, elle s’arrêta de nouveau :
- Mon Dieu ! Mon Dieu ! Moi, je ne comprends rien du tout. Les autres chèvres que j’ai amenées chez moi, que j’ai dévorées de belles dents, avec ma famille, ma femme et mes enfants, ont bêlé au moins une fois, elles. Mais celle-là, elle n’a pas bêlé une seule fois ! Est-ce une chèvre, vraiment ?
Le lion essaya de bêler mais ce fut un grand rugissement qui lui échappa.
Et l’hyène se sauva à toutes pattes. Le lion ne la laissa pas s’en tirer à si bon compte. Il la poursuivit, l’attrapa et lui assena un grand coup de patte sur son arrière-train. Il le fit et le refit plusieurs fois. Si bien que Surukuba l’hyène en garda l’arrière-train bas, tout bas, toujours bas. Même de nos jours encore.
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