18/11/2025
Dans son dernier rapport publié le 17 novembre, Amnesty International Amnesty International alerte sur les pratiques discriminatoires mises en œuvre par le gouvernement dominicain dans le secteur de la santé publique. L’organisation dénonce un protocole migratoire appliqué dans les hôpitaux publics, qui conditionne l’accès aux soins pour les personnes perçues comme haïtiennes et les expose à des risques de détention et d’expulsion.
Selon Ana Piquer, directrice pour les Amériques à Amnesty International, ce protocole constitue « un écran de fumée utilisé par le président Luis Abinader pour masquer le manque chronique d’investissement dans le système de santé ». L’ONG souligne que la République dominicaine figure parmi les pays d’Amérique latine et des Caraïbes qui investissent le moins dans ce secteur, avec seulement 2,7 % du PIB alloué à la santé, alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande un minimum de 6 %.
Le protocole, entré en vigueur le 6 avril 2025, oblige toute personne étrangère à présenter une pièce d’identité, un passeport avec visa en cours de validité, une carte de travail délivrée par la Direction de la migration et un justificatif de domicile avant d’accéder aux services hospitaliers. Amnesty International précise que cette mesure ne répond pas à une saturation réelle des hôpitaux par la population haïtienne qui ne représente que 7,9 % des consultations et 14,8 % des hospitalisations au niveau national mais accentue les obstacles à l’accès aux soins et augmente les inégalités dans le système de santé.
Le rapport met en évidence les conséquences dramatiques de ce protocole : la crainte d’être arrêtées ou expulsées pousse certaines femmes haïtiennes enceintes à éviter les hôpitaux, recourant à des accouchements à domicile ou dans des structures informelles, avec des risques élevés pour leur santé et celle de leurs nouveau-nés. Les restrictions affectent également le suivi médical des maladies chroniques, la prévention du VIH et des maladies infectieuses comme la tuberculose.
Amnesty International dénonce un profilage racial et une xénophobie institutionnalisée qui cible non seulement les Haïtien·ne·s mais aussi les Dominicain·e·s d’ascendance haïtienne, aggravant la discrimination raciale dans le pays. L’organisation appelle le gouvernement dominicain à abroger immédiatement le protocole migratoire dans les hôpitaux publics et à garantir l’accès à la santé sans discrimination fondée sur la nationalité, la race ou le statut migratoire.
Enfin, le rapport rappelle le contexte humanitaire : depuis octobre 2024, plus de 300 000 Haïtien·ne·s ont été expulsé·e·s du pays, malgré la crise sociale et sécuritaire en Haïti et les appels répétés du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) pour mettre fin aux retours forcés. Amnesty International insiste sur l’urgence de mesures permettant de respecter les droits humains et de protéger la santé de toutes les populations vivant en République dominicaine.