08/01/2025
Kajou Édito #56
Haïti : Une année 2025 sous la menace de l’effondrement total si rien n’est fait
La situation en Haïti, marquée par une crise humanitaire et politique sans précédent, s’aggrave chaque jour davantage. Les chiffres glaçants témoignent de l’ampleur de la catastrophe en cours. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 11 000 personnes déplacées ont trouvé refuge dans 18 centres d’hébergement à Port-au-Prince au cours des trois derniers mois de l’année 2024. Parmi ces déplacés, 95 % sont concentrés dans la région métropolitaine.
Cependant, ces refuges de fortune ne sont qu’un répit temporaire face à la terreur des gangs qui multiplient leurs attaques meurtrières. Les déplacés, dépossédés de tout, dénoncent l’inaction face à l’insécurité endémique et jugent les discussions autour de la tenue des élections totalement déconnectées de la réalité actuelle.
L’insécurité n’a cessé de s’intensifier. En 2024, plus de 5 600 personnes ont été tuées en Haïti, un bilan macabre qui représente une augmentation de plus de 20 % par rapport à 2023, selon le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies. En parallèle, plus de 2 200 personnes ont été blessées et près de 1 500 kidnappées. Ces chiffres terrifiants ne reflètent qu’une fraction des souffrances infligées à une population prise au piège d’une violence inhumaine.
Même la mission soutenue par l’ONU et dirigée par le Kenya, déployée pour contenir l’emprise des gangs, peine à faire une différence significative. La situation semble lui échapper, alors que les bandes armées étendent leur contrôle sur des pans entiers du territoire national.
Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, résume l’ampleur du désastre : « Ces chiffres ne peuvent à eux seuls rendre compte des horreurs absolues perpétrées en Haïti, mais ils montrent la violence ininterrompue à laquelle les gens sont soumis. »
Si rien n’est fait rapidement pour enrayer cette spirale infernale, l’année 2025 pourrait marquer un point de non-retour pour Haïti. Le pays se dirige vers un effondrement total, incapable de garantir un minimum de sécurité, de dignité ou d’espoir à sa population. La communauté internationale, tout comme les autorités locales, doivent agir sans délai. L’inaction face à cette crise équivaut à abandonner Haïti à un chaos irréversible.
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