17/10/2025
A paraitre aux colonnes de Le Novateur ce vendredi 17 octobre 2025
Edito #497
Hayti-Politique : Vers une élite nationale (II)
Un État libre, indépendant et souverain est proclamé sur les ruines de l’ancienne colonie française le premier janvier 1804 par les généraux de l’armée indigène commandée par Jean-Jacques Dessalines. Mis au ban des nations du monde civilisé de l’époque, le nouvel État en majorité composé d’hommes et femmes incultes fraîchement sortis de l’esclavage allait faire face à un véritable défi malgré le rêve de la plupart de ses dirigeants d’élever dans les Antilles une nation qui n’aurait rien à envier aux pays les plus avancés de l’Europe. Seule une élite nationaliste consciente de sa mission sacro-sainte pouvait concrétiser un tel rêve dans la glaise du réel comme cela a toujours été le cas des pays avancés et développés.
Il se trouve que l’absence de cadres, d’hommes instruits, de citoyens dévoués et intéressés au progrès du pays et au bien-être du peuple, bref d’une véritable élite nationale, rend pour longtemps chimérique le rêve haytien. Conscient de ce déficit, déjà en 1917, le Docteur-diplomate Jean Price Mars retourne en Hayti, en pleine occupation américaine. Il a retrouvé les consœurs et confrères de son pays complètement contrariés, coléreux, voire désemparés. Le diplomate-pédagogue et écrivain hors pair a décidé de prononcer toute une série de conférences où il a rappelé à l’élite nationale « sa mission d’éclaireuse et de conductrice dans la dignité de l'esprit ».
Dans son ouvrage publié en 1919 intitulé « La Vocation de l'élite », le médecin-ethnographe et homme d’État Jean Price Mars décrit la mission des hommes et des femmes composant l’élite nationale appelée à œuvrer au progrès du pays. Cet éminent savant chercheur a préconisé « l'émergence d'une élite responsable de la destinée de notre communauté composée en majorité des grandes masses laborieuses urbaines et rurales ».
Plus d’un siècle plus t**d, le docteur en droit constitutionnel, Me Sonel St Louis croit éperdument que l’élite haytienne a piteusement échoué. À ses yeux, « Ces élites sauvages et barbares doivent être mis sur le banc des accusés. Elles sont complètement déconnectées avec le peuple et possèdent trois contre-qualités : Médiocre, corrompu et pervers. » Le professeur se demande même : « Est-ce pourquoi il faut une nouvelle génération d’élites en Hayti ?»
La mère-patrie, Hayti, est sur le point de connaître une énième intervention militaire multinationale de l’Organisation des Nations-Unies. La Résolution 2793, en effet, crée la Force de Suppression des Gangs (FSG), sous la demande des élites haytiennes mais de connivence avec leurs bourreaux malveillants des États-Unis. En 1915, 1994, 2004, Hayti compte trois interventions militaires des États-Unis. Ont-elles apporté la paix au pays ? Plus de 12 interventions onusiennes entre 1990-2025 et toujours pas de stabilité mais plutôt du carnage de la pédophilie, de l’homosexualité, du choléra et une avalanche d’enfants sans pères et sans encadrement étatique qui deviennent inévitablement, pour la plupart des gangsters. Le docteur en Relations internationales Jean L. Théagène ne voit-il pas juste lorsqu’il écrit : « Les décisions se prennent ailleurs et s’imposent chez nous. Jusques à quand » ? Une conséquence de l’absence d’une élite nationale responsable et serviable !
Le panafricaniste et défenseur des droits de l’homme Malcom X aurait prévu belle lurette que : « Quelle que soit la forme que prendra une éventuelle intervention militaire, son but sera d’aggraver les niveaux déjà horribles d’exploitation des masses haïtiennes par l’élite dirigeante locale et ses mécènes impérialistes ». Les élites nationales, un poison virulent à anéantir au plus vite parce qu’elles ne connaissent que le mot de Guizot « Enrichissez-vous ! »
Dans presque tous les pays du monde, « les élites nationales sont un groupe restreint de personnes occupant une position dominante dans un pays, détenant du pouvoir, de l'influence ou des compétences reconnues dans des domaines variés comme la politique, l'économie, la culture ou la science. Leur position peut provenir de l'héritage, de l'éducation ou d'autres formes de réussite » (www.melchior.fr). Mais dans notre Quisqueya, la mère de toutes les terres, elles représentent la déconstruction de la nation, l’appauvrissement des masses rurales et urbaines, la déchéance totale de la jeunesse et la servitude outrancière des nations malveillantes.
Hayti, haut-lieu sacré, requiert à ce moment précis de son histoire, où on la traite comme la risée du monde, une bonne élite nationale laquelle s’engagera fortement « pour l'unité et le développement du pays en priorisant l’agriculture et l’agro-industrie, la promotion de l'égalité et de la justice sociale (l’Idéal dessalinien), et une capacité à agir sur les valeurs ancestrales et traditionnelles, à promouvoir la culture et la spiritualité vodoun plutôt que sur les intérêts personnels, mesquins et claniques.
Haytiennes, Haytiens, du dedans et du dehors, devraient se mettre debout et en une seule voix pour dire farouchement non à cette Résolution 2793 de l’ONU visant une énième intervention américaine dans un pays souverain avec l’approbation d’un gouvernement haytien fantoche et illégitime, illégal et inconstitutionnel. Les douze missions antérieures, y compris les plus récentes la MINUSTAH, la MINUJUSTH et le BINUH ont été inefficaces.
Une telle élite dirigeante, au cours des 30 dernières années, a prouvé indubitablement son incompétence outrancière, a fait preuve d’immoralité publique et n’a aucune velléité à s'engager activement à résoudre les problèmes de la nation. Le diplomate Jean L. Théagène affirme justement qu’« il est absurde de demander à ces énergumènes de respecter la décence commune. Quand on nait petit, on meurt petit ».
Que le bon peuple haytien déracine ipso facto ces dix fripouilles occidentales au pouvoir ! On ne pourra pas attendre jusqu’au 7 février 2026. Ce dont la mère-patrie a grand besoin, est une nouvelle élite nationale avec des politiciens serviteurs créant l’État providence (article 22 de la Constitution de 1987) et priorisant l’instruction pour tous et toutes du préscolaire à l’université ; des hommes d’affaires axés sur une économie endogène et durable ; des intellectuels qui comprendront que l’université c’est la production du savoir et élimineront l’épistémicide, l’ethnocide, le linguicide et la spiritualicide ; des médias publics et étatiques qui vont répondre aux besoins en information de la population et des ecclésiastiques, même s’ils font allégeance au Vatican, qui arrêtent de diaboliser la culture et la spiritualité d’Hayti.
Que cette nouvelle élite nationale soit pour qu’on arrête de singer l’Occident ! Malcom X rappelle : Les conditions désastreuses auxquelles sont confrontées les masses haïtiennes ne peuvent être surmontées que dans une lutte politique indépendante menée par la classe ouvrière haïtienne, à la tête des masses opprimées et dans l’unité la plus étroite avec leurs frères et sœurs de classe aux États-Unis, au Canada et dans toute la région, pour mettre fin à l’oppression impérialiste du pays ».Une force d’intervention avec des Vétérans haytiens des armées américano-canadiennes résoudra la problématique de gangstérisation d’Hayti, à la fois institutionnalisée et structurée, à la place d’une force multinationale onusienne laquelle, avec plus de 12 missions, n’a jamais pu stabiliser Hayti, apparemment le tombeau des forces de l’ONU. Que les nations malveillantes nous foutent la paix avec l’insécurité qu’elles ont elles-mêmes instrumentalisé pour garder la mère-patrie instable !
« Un peuple sans culture ni mémoire, dit l’autre, est similaire à un être sans âme ». Hayti a une culture mémorielle, donc, elle a une âme et elle est immortelle. La tabula rasa est ce dont Hayti a grand besoin désormais pour pourvoir restituer tous les biens, les deniers publics volés par les soi-disant élites, intellectuelle, médiatique, politique, économique et religieuse, qui ont dilapidé les fonds du Petro Caribe ($4.3 milliards) et ceux de la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Hayti ($10.7 milliards) au détriment des plus vulnérables. Peu importe notre Dessalines, le peuple haytien sera reconnaissant, on n’en peut plus. Au Madagascar et au Népal, c'’st la « Génération Z » qui a provoqué le déboulonnement du système. Le juriste Dilson Alcéus atteste avec justesse que : « Sans rupture réelle, Hayti restera prisonnière d’un modèle où les élites entretiennent la dépendance et l’instabilité ». Il faut que les égrégores et les dieux tutélaires d’Hayti fassent quelque chose. Edito #497, Le Novateur, 17 octobre 2025
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