18/07/2025
La Galilée d'aujourd'hui: une démographie à part article archives 2014
Même les plus fervents sionistes ne parlent plus de judaïser la Galilée, mais d'y créer un équilibre. Une région arabophone où la police a une politique très sélective d'application de la loi et où les facteurs terroristes se renforcent. Parler de souveraineté israélienne? Le "politiquement correct" ne le permettrait pas.
Dans le Talmud (4e siècle de l'ère vulgaire), traité de Baba Métsia, la Michna (1er siècle) nous enseigne que si l'on trouve un gros morceau de viande en Galilée, on suppose que celui-ci est certainement Cacher car "Quelle personne non juive pourrait-elle se trouver en Galilée?" Qui pourrait émettre un avis pareil de nos jours? Il n'y a rien d'agréable à parler de la démographie de cette région. Chez les plus idéalistes on ne parle plus que d'équilibre, abandonnant l'idée d'une contrée à majorité juive. La Galilée d'aujourd'hui parle arabe et les Juifs y vivent en minorité. D'aucun pourront poser la question: "Et alors?"
Les projets des pères du pays et ceux des années 70, les "Mitspé", création de villages éparpillés sur toute la région, n'ont pas connu un grand succès. Ces projets avaient été conçus pour faire barrage et éviter une autonomie nationaliste arabe. En 2014 il est difficile de reprendre ces idées et ces termes. Le " politiquement correct" fait taire ceux qui désirent y assoir une souveraineté juive-israélienne et démocratique. Cette souveraineté n'existe pas dans certaines zones, dû à l'application sélective de la loi par la police et aux liens tissés par la population avec des groupes terroristes.
Le "Grand" nord, une minorité juive évidente
La région est très vaste. Du Golan à Bet-Shean, en passant par Akko et Tsfat, entre la frontière syrienne et la mer les juifs ne sont que 43.4% de la population. Sans Bet-Shean et le Golan: 34%. Le déséquilibre démographique cause une instabilité et une inégalité dans de nombreux domaines comme l'économie, l'industrie, les taxes, la loi et l'identification au drapeau national. Les villes et villages arabes se sont construits avec très peu de planifications urbaines, les rues sont sans noms. Dans un vide étatique le mouvement islamiste s'infiltre. Est-ce que le rêve sioniste se termine au bout de la route 6? 67 ans après la décision de l'O.N.U. du partage de la Palestine, le partage est bien là. L'absence de l'administration se fait remarquer: constructions sans permis, carrières pirates faisant disparaitre des collines entières et le tout sans gêne et sans crainte aucune. On se souvient aussi en octobre 2000 que les chars de Tsahal ont dû apporter pain et lait à travers champs, aux habitants des villages juifs, les routes avaient été barrées! Quand nous, habitants du centre du pays, avons déjà oublié, dans la Galilée la confiance demande à être restaurée. La région est assez sûre mais les sources de tensions sont bien présentes.
L'économie, l'instruction et la politique
Il faut savoir que le niveau d'études supérieures parmi la population arabe est relativement élevé mais n'est pas exploité. 20% seulement des diplômés en sciences et technologies travaillent dans leurs branches. La grande majorité des 500 détenteurs de B.A. en High-Tech chaque année n'y sont pas intégrés. A Carmiel 10% des résidents sont des arabes qui désiraient améliorer leur niveau de vie. Presque tous exercent des professions libérales: médecins, avocats, experts comptables. Parallèlement les citadins souffrent d'une criminalité venant des villages avoisinants. Cambriolages, agressions sexuelles, voitures volées. Carmiel est une île entourée de dix villages arabes. En chiffres: 80% face à 20% de Juifs. A cela vient s'ajouter la lutte des familles bédouines qui se sont établies illégalement sur le territoire administratif de la ville. Une ordonnance des tribunaux pour le démantèlement de cette installation menace telle une allumette à côté d'un baril de poudre. Les députés arabes, qui viennent manifester contre "l'injustice" faite aux Bédouins, poussent vers un conflit national. Edy Eldar, le maire de Carmiel depuis 25 ans tient des propos clairs: "Je ne cherche pas à judaïser les arabes. Je ne suis pas contre les arabes, je suis pour les Juifs. Je veux voir plus de Juifs autour de moi. Il y a de nombreux exemples dans le monde où une minorité au plan national, majoritaire dans une province, a exigé son autonomie. Les frontières d'un Etat ne sont pas seulement fixées par des lignes tirées sur une carte. La région où il n'y aura pas de Juifs sera perdu pour notre pays". Eldar note aussi des différences, avec le temps, dans les mentalités. Comme par exemple la célébration de la "Nakhba" et le fait de brandir les drapeaux de l'O.L.P.
Les députés arabes, là aussi, entretiennent une "conscience nationale", encouragent l'espoir d'un renversement et d'une entité aux couleurs O.L.P. Edy Eldar prône le retour à la terminologie des années 70: un mouvement de la population juive vers la Galilée, développer les villes et villages juifs afin de restreindre la mainmise illégale d'autres populations sur le territoire national. Et enfin empêcher le départ des Juifs. Nazareth Elite connait pire encore. La ville a perdu 20% de sa population juive, remplacée aussitôt par des locataires ou acheteurs arabes. Ses problèmes sociaux- économiques sont parmi les pires du pays.
Et pourtant. Il n'y a pas de guerre. Nous parlons de citoyens israéliens légitimes. Pourquoi est-il si difficile de trouver une formule? Dans une autre région la situation est plus nette: La Judée et la Samarie, où vivent deux camps bien distincts. Certains émettent l'avis d'une très probable analogie entre les deux régions d'ici 10 ans. Et que dans ces mêmes 10 ans l'Etat d'Israël ne sera plus limitée qu’à la région de Tel-Aviv avec 20 km au nord et 20 km au sud.
Les solutions, les projets, les rêves et l'action.
Avec un chômage de 9.2% (6.4% moyenne israélienne), les jeunes sont souvent sous employés ou quittent cette province et cherchent à gagner leur vie dans le centre du pays. Chez les leaders galiléens les idées et les projets fusent. Chacun a ses propositions, ses solutions: une réforme du programme urbain au plan national, améliorer les transports publiques, édifier une école prémilitaire (Mekhina kedam Tsvaït) à orientation industrielle, orienter l’Alya vers la Galilée, stabiliser le centre de Peki'in et l'installation de panneaux de signalisation dans les villes et villages arabes. Le tout, main dans la main avec le gouvernement, ses ministères et ses institutions. D'autres n'attendent pas le gouvernement et sa lourdeur administrative. Réaya Strauss en est l'exemple. Elle transforme la Galilée en puissance touristique. Son vision: le tourisme encourage l'immigration, crée des emplois et peut changer l'image de marque de la région. 400 commerces ont été fondés par son intermédiaire. Réaya les encourage et leur apporte aussi un soutien publicitaire et commercial. L'association "Ofakim laAtid" de la communauté Druze où l'on se rencontre autour de projets, et où l'on renforce son identité Druze israélienne. Les initiatives là aussi fusent. Ils n'attendent pas qu'on leur donne. Ils vont chercher, ils créent.
Une mission nationale
A Nazareth Elite aujourd'hui 80% des appartements d'un quartier, qui a été construit spécialement pour les militaires de carrière, sont habités par des arabes. Le poids énorme de ces familles, ajoutées aux autres déjà présentes, pèse sur les services sociaux et éducatifs. Les données de la police et du Shabak (services de sécurité israéliens) montrent clairement la participation à des actes terroristes. L'absence du bras de l'Etat en est la cause.
Ofir Shick, initiateur du projet de développement "Lev Hagalil": "La question est être ou ne pas être. On peut baisser les bras, abandonner la Galilée. J'espère que non. Je crois que c'est un peu comme la finale jouée par Maccabi Tel-Aviv: contre les lois de la nature, nous gagnerons de toute façon à la fin ici!"
Emilie Amroussi par Haïm Bismuth