
17/06/2025
Détention illégale d’Ahmed-Hachim Said Hassane. Une affaire qui scandalise et interroge.
✍🏽 par Mohamed Moussa AlComorya
Depuis plus de deux semaines, Ahmed-Hachim Said Hassane est détenu sans base légale dans les locaux de la gendarmerie de Moroni. Ce citoyen comorien, connu pour ses activités commerciales, est au cœur d’un différend avec l’Office national importation et commercialisation du riz (Onicor). Ce conflit commercial semble aujourd’hui avoir pris une tournure alarmante, relevant davantage de l’arbitraire que de la justice.
Selon plusieurs proches du détenu, Ahmed-Hachim s’était rendu à la gendarmerie le 2 juin dernier pour y déposer plainte. C’est là qu’il aurait été directement interpellé, sans audition préalable ni notification des faits qui lui seraient reprochés. Depuis, il est maintenu en cellule sans avoir été présenté à un juge, sans accès à un avocat, ni même à des soins de base.
Un courrier adressé à la Présidente du Conseil National des Droits de l’Homme, signé par quatre citoyens comoriens (Touffaha ABDOULMADJID, Natuk MOHAMED MOUZAOIR, Nassuf AHMED ABDOU, Naid ALI YOUSSOUF) dénonce une « séquestration » pure et simple. Le communiqué décrit des conditions de détention dégradantes, absence d’hygiène, impossibilité de se brosser les dents, de se doucher, ou de changer de vêtements. Le détenu, indiquent-ils, a entamé une grève de la faim depuis quatre jours et son état de santé se détériore rapidement.
Dans une publication sur sa page Facebook, la journaliste Faïza Soulé Youssouf confirme que Said Hassane souffre actuellement de vomissements. Il n’a toujours pas été autorisé à consulter un médecin, ni conduit à l’hôpital. « Cette détention repose sur le fait du prince » écrit-elle, dénonçant une dérive grave de l’État de droit.
Mais cette affaire ne serait-elle qu’un simple conflit commercial? Le passé politique de Said Hassane interroge. Ancien opposant, il avait rallié le parti présidentiel avant de faire un nouveau revirement en se présentant récemment comme candidat indépendant aux municipales dans la capitale Moroni. Ce parcours atypique soulève des doutes sur un éventuel motif politique derrière son arrestation. L’absence de procédure judiciaire régulière ne fait que renforcer ces soupçons.
La Commission Nationale des Droits de l’Homme aurait été saisie du dossier. Mais à l’heure où nous écrivons ces lignes, elle n’a pas encore réagi officiellement.
Cette affaire soulève des interrogations profondes sur le respect des droits fondamentaux aux Comores, en particulier lorsqu’un conflit d’ordre économique, ou peut-être politique, est traité par la force et non par la voie judiciaire. Des voix s’élèvent déjà pour dénoncer une instrumentalisation de l’appareil sécuritaire, menaçant la crédibilité de l’État de droit dans notre pays.