26/09/2025
Algérie : Tensions entre le président Tebboune et le général Chengriha après l’affaire Nasser El-Djinn
26 septembre 2025Frédéric Powelton
Selon les analystes du renseignement occidentaux, le régime militaire algérien traverse une nouvelle zone de turbulence politique et sécuritaire.
L’évasion ou la mystérieuse disparition du général Abdelkader Haddad, dit Nasser El-Djinn, ancien patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), a ravivé les luttes intestines au sommet de l’Etat.
Entre exil en Espagne et affirmations contradictoires sur une arrestation ou même une élimination en Algérie, l’affaire est devenue un véritable casse-tête politique pour le président Abdelmadjid Tebboune et son entourage.
Selon plusieurs sources proches du pouvoir, Abdelmadjid Tebboune et son directeur de cabinet, Boualem Boualem, considèrent cette affaire comme une tentative de déstabilisation orchestrée au sein de l’armée par le général Saïd Chengriha, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP).
Les tensions entre le duo Tebboune et Chengriha ne sont pas nouvelles, mais cette affaire agit comme un catalyseur. Le président chercherait à renforcer son autorité civile sur un appareil militaire qui échappe encore largement à son contrôle, tandis que Chengriha, affaibli par son âge et ses ennuis de santé, tente de préserver son pouvoir face à des rivaux internes.
Dans ce climat explosif, une information circule avec insistance : Tebboune envisagerait sérieusement de se débarrasser du général Chengriha, avec l’aval direct de son puissant directeur de cabinet Boualem Boualem, le véritable patron actuel de l’Algérie. Ce duo présidentiel-civil cherche à préparer une transition au sein de l’armée, en écartant le vieux chef d’état-major pour installer une nouvelle direction plus docile au palais d’El Mouradia.
Qu’il s’agisse d’un exil, d’une arrestation secrète ou d’une élimination physique, l’affaire Nasser El-Djinn a ouvert une brèche dans la façade d’un régime déjà fragilisé par la crise économique et sociale. Elle met en lumière la fragilité du tandem président–armée, pilier artificiel de la stabilité autoritaire en Algérie.
Pour le président Abdelmadjid Tebboune, il s’agit d’imposer son autorité sur l’état-major des armées pour tourner la page Chengriha avec l’appui de Boualem.
Pour le général Saïd Chengriha, chef d’état-major, il est question de survie et de garder la main sur des services sécuritaires traversés par les loyautés fluctuantes.