11/11/2025
TRIBUNE POLITIQUE
Bamako encerclé ? Non. Le Mali ciblé ? Oui.
Alors que les médias occidentaux orchestrent une campagne alarmiste autour d’une prétendue chute de Bamako, cette tribune démonte les ressorts d’un récit fabriqué et révèle les véritables enjeux géopolitiques en jeu. Elle expose avec force et clarté comment le Mali, loin d’être à genoux, incarne aujourd’hui la résistance à l’ingérence, la montée en puissance de l’Alliance des États du Sahel (AES), et la réinvention d’une souveraineté africaine assumée par les militaires au pouvoir. Une lecture essentielle pour comprendre la guerre invisible qui se joue : celle du récit, du respect et de la souveraineté.
La chute annoncée : un récit qui s’effondre
Depuis plusieurs semaines, une offensive médiatique coordonnée s’est déployée autour d’un scénario alarmiste : celui d’un Bamako prétendument encerclé, asphyxié, au bord de l’effondrement. France 24, RFI Afrique, Jeune Afrique, Le Monde… tous ont relayé ce récit sensationnaliste, calibré pour frapper les esprits : une capitale en détresse, un pouvoir en train de s'effondrer, un peuple à bout de souffle.
Mais derrière ce storytelling anxiogène se cache une guerre bien plus sournoise : une guerre cognitive, géopolitique et économique contre l’Afrique souveraine.
Une guerre de perception ajustée à la fabrique du consentement
À travers les assauts répétés des groupes armés terroristes, une stratégie d’usure ciblant les axes routiers et les convois de carburant s’est mise en place - potentiellement attisée par des groupes de pression étrangers. Mais parler si vite de “chute imminente” de Bamako relève de la pure spéculation, voire de la manipulation. Aucun assaut militaire, aucune percée stratégique n’est constatée dans la capitale. Ce que nous observons, c’est une guerre d’usure, mais surtout, une guerre de perception.
Ce récit prépare les esprits à accepter l’idée d’un Mali “en lambeaux”, d’un pouvoir aux abois, et donc, d’une nécessité d’intervention négociée auprès de l’Union africaine et du Conseil de sécurité de l’ONU. C’est une campagne de “promotion-vente” géopolitique du devoir d’ingérence : vendre l’idée d’un Mali en perdition pour justifier une reprise en main.
Le plan de déstabilisation : trois piliers
Selon plusieurs sources, cette campagne s’inscrit dans un plan plus vaste, alimenté par des tentatives d’infiltration stratégique - comme l’arrestation récente d’un agent de la DGSE - et des pressions diplomatiques. Ce plan repose sur trois axes : saturation médiatique par la diffusion en boucle des récits alarmistes pour créer un climat d’urgence ; la pression diplomatique par la mobilisation des chancelleries pour isoler le Mali sur la scène internationale ; et l'infiltration stratégique via le soutien logistique et armé apporté aux réseaux locaux pour amplifier les tensions internes et rendre la situation confuse.
L’émancipation africaine en question
Ce narratif alarmiste survient précisément au moment où le Mali, le Burkina Faso et le Niger amorcent une révolution géopolitique : rupture avec la France, coopération renforcée avec de nouveaux partenaires, et création de l’Alliance des États du Sahel (AES). Ce basculement dérange. Il menace les intérêts des anciennes puissances coloniales et leurs relais.
Le double discours occidental
La synchronisation des médias francophones n’est pas fortuite. France 24, RFI, Jeune Afrique et Le Monde reprennent sans nuance les éléments de langage sécuritaires, évoquant l’isolement du Mali et l’urgence humanitaire. Ce glissement éditorial participe à la fabrication d’un consentement international à l’ingérence.
Pendant que Paris dénonce le “repli souverainiste”, Washington, plus pragmatique, finit par saluer “l’efficacité des Forces armées maliennes”. Ces félicitations tardives ne sont pas anodines : elles marquent l’échec du plan initial.
Ambassades et institutions : complicité silencieuse
Les ambassades occidentales (UE, Canada, Australie) adoptent une posture d’observation active, mais leurs canaux diplomatiques s’alignent sur les analyses qui alimentent la mise en scène d’un Mali en déroute.
L’Union africaine, censée incarner la voix du continent, reste étonnamment silencieuse. Ce mutisme soulève des questions sur son indépendance face à ses bailleurs.
Pendant que l’AES s’évertue à construire une architecture de résilience, les chancelleries n’avaient d’autre choix que de provoquer le chaos par anticipation. C’était oublier que le Mali n’est plus seul. Que l’AES n’est plus une coalition fragile. C’est un outil militaire fonctionnel, avec un commandement intégré, une coordination transfrontalière, un contrôle logistique et des renseignements partagés.
Le “blocus du carburant” n’était qu’un élément de langage. La réalité a résisté. Les corridors ont tenu. L’AES a démontré sa capacité de coordination. Le véritable blocus était politique, et il vient de s’effondrer.
Résister à la fabrique du mensonge
La chute annoncée n’a pas eu lieu. C’est le récit occidental qui s’effondre.
Le Mali ne tombera pas, parce qu’il est porté par une volonté populaire, une vision stratégique, et une foi inébranlable en son destin. Bamako ne tombe pas. Bamako se relève. Elle incarne la résistance à l’ingérence, la réaffirmation de la souveraineté populaire, et la renaissance d’une Afrique qui pense par elle-même.
Ce qui se joue aujourd’hui, c’est une guerre de récits. Et dans cette guerre, le Sahel reprend la plume. Il impose sa lecture des faits, ses solutions, sa diplomatie.
Il est temps de déconstruire les mensonges, de réinformer nos peuples, et de mobiliser nos intelligences.
Renversons le narratif, pas notre dignité. Le mensonge médiatique et la guerre cognitive contre l’Afrique sont mis à nu.
Medy