09/10/2024
*Crise dans les forces de l’ordre au Mali : un gendarme incendie une tente à l’école Balla Koné*
Le 8 octobre 2024, un événement inédit et révélateur s’est produit à l’école de la gendarmerie Balla Koné, au Mali. Un gendarme, visiblement excédé par un régime qu’il ne supporte plus, a incendié une tente abritant les élèves auxiliaires, détruisant ainsi 46 lits. L’intervention chaotique des sentinelles, prises de panique, a donné lieu à des tirs aveugles, blessant trois élèves. Cet acte de défiance n’est pas seulement un signe de la nervosité croissante au sein des casernes, mais aussi la preuve que la contestation, autrefois cantonnée aux civils, gagne désormais les rangs d’une armée supposée être le dernier rempart du régime militaire. Ceux-là mêmes qui servent de bras armé et de relais de renseignement pour le pouvoir en place commencent à craquer.
Loin d’être un incident isolé, cette flambée de colère survient dans un contexte de délitement généralisé, où l’armée, au pouvoir depuis le putsch de 2020, voit ses troupes se dérober chaque jour un peu plus, quittant les lignes de front à la première occasion. L’échec retentissant de l’offensive à Tinzaouatène, suivi d’un repli humiliant sur Kidal, démontre, si besoin était, l’incapacité des autorités à contenir le chaos. En parallèle, le pays subit une inflation galopante, des inondations dévastatrices et une répression croissante de toute forme de dissidence. Les arrestations arbitraires de figures politiques et la traque des leaders d’opinion, souvent poussés à l’exil, achèvent de peindre le tableau d’un régime à bout de souffle.
À l’international, le Mali se retrouve de plus en plus isolé. La scène des Nations unies, autrefois plateforme de communication diplomatique, est devenue un champ de bataille. L’Algérie, visiblement agacée, a ouvertement qualifié les autorités maliennes de « privilégiées ingrat », tandis que les relations avec les anciens partenaires occidentaux se dégradent, ces derniers dénonçant une dérive autoritaire sans précédent. Cette posture agressive, loin de renforcer la souveraineté nationale, précipite l’isolement diplomatique et économique du pays.
L’incendie de l’école Balla Koné et la réaction désordonnée des forces sur place marquent un tournant. Jusqu’ici, la grogne était l’apanage des civils, épuisés par des conditions de vie qui se détériorent et des libertés de plus en plus restreintes. Aujourd’hui, la révolte s’infiltre dans les casernes, touchant directement ceux qui, en théorie, devraient garantir la stabilité du régime. Les gendarmes, pourtant censés être les fidèles serviteurs du pouvoir, n’hésitent plus à exprimer leur ras-le-bol.
La multiplication des vidéos de « lanceurs d’alerte », ces soldats et agents qui exposent les magouilles d’un État en pleine décomposition, en dit long sur l’état de déliquescence du régime. Le Mali prend l’eau de toutes parts, et déjà, les premiers rats quittent le navire. L’intervention pathétique du conseiller du CNT, Albert Maïga, sur une radio locale, n’a fait que confirmer l’incapacité des militaires à trouver des solutions concrètes aux problèmes pressants des Maliens.
Officiellement, les autorités se murent dans le silence face à ce nouvel incident, promettant toutefois des enquêtes pour identifier et sanctionner les responsables. Mais qui peut encore croire que ces enquêtes changeront quoi que ce soit à la situation explosive du pays ? Face à une armée qui se désolidarise, un peuple exaspéré, et un isolement international grandissant, le régime malien semble courir à sa perte, incapable de redresser la barre. À ce rythme, l’effondrement n’est plus qu’une question de temps.
*DDS*