
27/07/2025
Mopti : Pourquoi chaque projet de rénovation d’infrastructures devient-il un sujet de tension entre la mairie et les occupants ?
Mopti, ville au riche passé culturel et commercial, est aujourd’hui au centre de nombreuses polémiques liées à la réhabilitation de ses infrastructures. Depuis quelques semaines, la tension monte entre la mairie et les occupants de certains lieux publics, avec en toile de fond une série de rénovations lancées dans le cadre de projets de développement urbain.
Le point de départ de cette nouvelle crise est le marché Sakarawel, un vieux centre commercial vieux de plus de 30 ans. L’annonce de sa rénovation a soulevé une vague d’indignation parmi certains occupants, qui affirment n’avoir reçu aucune notification officielle concernant leur déplacement temporaire. L’affaire a rapidement migré sur les réseaux sociaux, devenant un véritable champ de joutes verbales entre les autorités municipales et les commerçants mécontents.
Mais l’affaire ne s’est pas arrêtée là. Elle s’est étendue à un autre site stratégique : la digue de Mopti. Dans le cadre du projet de restauration des terres dégradées, plusieurs zones de la ville ont été identifiées pour des actions de réhabilitation, dont le Berge du fleuve Bani, déjà en partie rénové. Voyant une opportunité d’étendre ces travaux, la mairie a voulu y associer la digue, occupée depuis des années par des commerçants et artisans.
La réaction ne s’est pas fait attendre : certains occupants ont catégoriquement refusé de quitter les lieux, allant jusqu’à déclarer qu’ils sont « prêts à mourir sur place ». Un bras de fer s’est alors engagé. Face à la montée de la tension, le maire est sorti du silence pour expliquer les raisons de cette décision. Ironie du sort : certaines personnes parmi les plus virulentes ont fini par faire marche arrière, allant jusqu’à demander pardon. Mais une question demeure : à qui ces excuses sont-elles réellement adressées ? À la mairie ? Aux citoyens ? Ou à eux-mêmes ?
Un problème de communication ou un manque de volonté ?
Ces répétitions de tensions entre la mairie de Mopti et les usagers des lieux publics posent de vraies questions sur la gestion de la communication institutionnelle. L’absence d’informations claires, d’échanges directs avec les concernés et parfois la brutalité de certaines décisions nourrissent la méfiance et la frustration.
Mais il serait réducteur de rejeter toute la responsabilité sur la mairie. Le refus systématique du changement, la désinformation sur les réseaux sociaux et parfois une instrumentalisation politique des projets contribuent aussi à cette atmosphère tendue.
Pourquoi Mopti est-elle toujours dans ce type de conflit ?
Plusieurs pistes de réflexion émergent :
Un déficit de confiance entre population et autorités locales
Une culture de gestion de crise plus réactive que préventive
Un manque d’inclusivité dans l’approche des projets publics
Au fond, ces crises répétées révèlent un besoin urgent de refonder le dialogue entre les élus municipaux et la population. Car si la réhabilitation des infrastructures est une nécessité, elle ne peut réussir sans l’adhésion des citoyens qui en seront les premiers bénéficiaires.