04/08/2025
Voilà maintenant près de 33 ans que je vis, avec passion, au rythme de la voile et de la yole. Cette 39e édition marque un tournant décisif dans l’histoire de cette discipline si chère à notre patrimoine.
Jadis simple course de pêcheurs, la yole a su, au fil des décennies, se structurer, se professionnaliser, pour devenir le spectacle grandiose que nous avons vécu cette année. Trois yoles, au coude à coude dans un mouchoir de poche, pouvaient prétendre à la victoire. Après la célèbre édition remportée pour 17 secondes, voici désormais un écart réduit à seulement 6 secondes. C’est dire à quel point le niveau s’est resserré, la compétition intensifiée.
Depuis 39 ans, les associations de yoles, puis la Fédération, ont patiemment taillé ce diamant brut, l’élevant au rang de véritable compétition de haut niveau. Mais plus ce joyau brille, plus les attentes sont grandes. Et les tensions aussi. L’année 2025 a été marquée par une série d’incidents et de réclamations qui ont cristallisé une polémique désormais virale sur les réseaux sociaux. Ces signes avant-coureurs, la Fédération les avait anticipés en instituant un jury extérieur, gage de neutralité et d’impartialité. Mais cela n’a pas suffi.
L’imbroglio entre les résultats de Georacing, la réclamation de l’équipage Cottrel et la méconnaissance par beaucoup des règles de la voile ont terni l’image de cette édition pourtant exceptionnelle. Ce n’est plus seulement un sport ou un rendez-vous populaire : le Tour des Yoles est devenu une institution, un symbole identitaire, une vitrine de notre excellence martiniquaise.
C’est pourquoi il est urgent de préserver ce joyau en le réformant avec lucidité, ambition et responsabilité. Le Tour est terminé, mais il reste cinq mois pour repenser son socle réglementaire et organisationnel. Cinq mois pour :
• Former un corps arbitral solide, compétent et respecté ;
• Réviser les règles de course pour les adapter aux exigences modernes de la voile et à la réalité du terrain ;
• Doter la Fédération d’équipements technologiques à la hauteur des enjeux, ou nouer des partenariats durables avec des prestataires spécialisés ;
• Impliquer toutes les associations dans une démarche collective, inclusive et constructive.
Ce travail est indispensable. Car réformer, aujourd’hui, ce n’est pas dénaturer. C’est au contraire garantir que le Tour des Yoles reste cette merveille martiniquaise, exigeante, vibrante et fédératrice, que nous voulons transmettre aux générations futures.
La critique est aisee, mais au cours de cette semaine passée aux côtés de la fédération, j’ai vu des hommes et des femmes impliqués, bénévoles, avec surtout l’envie de bien faire de régler les problèmes dont ils ont conscience. Les choses ne se. Feront pas en un seul jour.
Respect pour les associations de yoleurs, respect pour la Fédération des Yoles Rondes de la Martinique,
Respect aux supporteurs.
La yole la fierté de tout un peuple, le peuple martiniquais
Gilles CAZENAVE
Président de Caraibesport