03/06/2025
LETTRE OUVERTE À SON EXCELLENCE MONSIEUR MOHAMED OULD CHEIKH EL GHAZOUANI, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ISLAMIQUE DE MAURITANIE.
Objet : Appel urgent à la réconciliation nationale, à la justice sociale et à la renaissance démocratique
Monsieur le Président,
Au nom des milliers de Mauritaniens étouffés par les fractures d’une nation meurtrie, je m’adresse à vous avec le cri étouffé des mères en deuil, des jeunes naufragés de l’exil, et des communautés marginalisées. Notre pays, riche de sa diversité et de ses ressources, sombre dans une tragédie silencieuse que plus personne ne peut ignorer.
Nos enfants bravent désormais les déserts et les océans, préférant l’incertitude de la mort méditerranéenne au désespoir d’un avenir confisqué.
La Banque Mondiale le confirme : avec un capital humain réduit à 38 % de son potentiel, la Mauritanie condamne sa jeunesse à l’exil ou à la précarité .
Près de 600 000 personnes risquent la famine en 2025, et 1,2 million sont en situation de vulnérabilité critique. Le Plan National de Réponse 2025, bien qu’ambitieux, peine à mobiliser les 1,5 million d’euros nécessaires, laissant le Hodh Chargui et d’autres régions en détresse .
-Des prisons surpeuplées, des détenus sans procès, et un système judiciaire miné par la corruption. Comme le dénonce Abdoulaye Ba L’absence de programmes de réinsertion transforme les petites infractions en destins brisés.
ah Les bourreaux des purges ethniques des années 1980-90 marchent librement, tandis que les victimes – Haratines, Peuls, Soninkés – attendent en vain vérité et réparation. Les promesses de dialogue national restent lettres mortes, et la loi sur l’apostasie (article 306 du code pénal) sert désormais à museler toute voix critique.
Dans la vallée du fleuve, des terres ancestrales sont accaparées par une élite, privant les communautés noires de leurs moyens de subsistance. Le retour des déportés, promis depuis des décennies, est une urgence de dignité .
Le RAG (Rassemblement pour une Action Globale) et les FPC (Forces Progressistes pour le Changement), représentants légitimes des Haratines et des communautés marginalisées, sont privés de reconnaissance depuis plus de 13 ans. Pourtant, leurs leaders, Biram Dah Abeid et Samba Thiam, ont remporté des sièges parlementaires malgré cette exclusion.
Le ministère de l’Intérieur invoque des pour justifier cette anomalie démocratique .
Votre gouvernement entretient un système clientéliste où 76 partis fantômes sont tolérés, tandis que les formations gênantes sont diabolisées.
L’absence d’horizon politique nourrit les discours radicaux. Dans les kebbas de Nouakchott, des prédicateurs recrutent impunément parmi une jeunesse abandonnée .
Malgré une croissance à 5,1 % en 2024, notre dépendance aux minerais (75 % des exportations) et l’inflation rampante (7,8 % en 2023) fragilisent les plus pauvres. Le projet gazier GTA, retardé, ne suffira pas à lui seul .
Créer une Commission Vérité et Justice indépendante sur les crimes des années 1980-90.
Restituer les terres spoliées dans la vallée et accélérer le retour des déportés.
conformément à la Constitution.
Réformer la loi sur les partis politiques pour garantir l’équité électorale.
Dédier 10 % du budget de l’État à l’éducation et à la santé, en ciblant les régions vulnérables (Hodh Chargui, Brakna).
Lancer un programme national de réinsertion des détenus et de lutte contre l’esclavage moderne.
Renforcer la protection des défenseurs des droits humains, dont Biram Dah Abeid.
Monsieur le Président, votre discours Mon ambition pour la patrie sonne creux face à un peuple épuisé.
La Mauritanie n’a pas besoin de beaux projets sans âme, mais de courage politique.
Celui de regarder en face notre histoire, d’entendre la détresse de nos jeunes, et d’ouvrir les portes à une vraie pluralité.
En 2005, vous avez participé à un coup d’État pour libérer le peuple.
Aujourd’hui, ce même peuple vous somme d’accomplir votre promesse Faire de la Mauritanie une nation où la justice n’est pas un vain mot, mais un chemin concret vers la paix.
Avec l’espoir tenace d’une aube nouvelle,
Mamoudou Baidy dit Alia
Journaliste militant, témoin des souffrances et des résiliences mauritaniennes.