01/08/2025
🪀 Cameroun : L’interdiction de voyage de l’ancien ministre Issa Tchiroma Bakary au regard de l’État de droit
L’empêchement d’Issa Tchiroma Bakary, candidat déclaré à la présidentielle camerounaise d’octobre 2025, de quitter le territoire national soulève de sérieuses interrogations au regard des principes de l’État de droit. Dans un État démocratique, toute restriction à la liberté de circulation d’un citoyen, en particulier d’un candidat à une élection présidentielle, doit être strictement encadrée par la loi et fondée sur des motifs légitimes, clairs et communiqués. Or, dans ce cas précis, la notification d’interdiction remise à l’aéroport est restée muette sur les raisons ayant motivé cette décision, ouvrant ainsi la voie à des soupçons d’atteinte aux droits politiques.
Cette mesure, prise sans justification apparente, pourrait être perçue comme une entrave à la liberté d’un acteur politique en période préélectorale, ce qui contrevient aux principes fondamentaux de transparence, d’équité et de pluralisme qui doivent régir toute compétition démocratique. L’absence de communication officielle sur les motivations de cette interdiction fragilise la crédibilité de l’administration et jette le doute sur l’indépendance des institutions impliquées. De plus, ce type d'action nourrit les inquiétudes quant à l’utilisation arbitraire du pouvoir administratif à des fins politiques.
En conclusion, l’affaire Tchiroma Bakary illustre une tension persistante entre pratiques administratives et exigences de l’État de droit au Cameroun. Si des motifs valables existent pour restreindre temporairement les déplacements d’un citoyen, surtout d’un ancien ministre, ils doivent être rendus publics et soumis au contrôle juridictionnel. À défaut, cela alimente la méfiance envers les institutions et affaiblit le climat électoral. Dans une démocratie mature, nul ne peut être empêché de voyager ou de s’exprimer sans un fondement légal clair, proportionné et transparent.