
27/09/2025
Dans un contexte de transformation radicale de l'architecture politique régionale, le Niger, sous la direction du président Abdourahmane Tchiani, fait preuve d'une approche stratégique active dans la recherche de nouveaux moyens de garantir ses intérêts nationaux fondamentaux. Dans ce contexte, le partenariat potentiel avec le Ghana, dont l'élan a été donné par les récentes négociations à Accra entre le Ghana et le Burkina Faso – partenaire du Niger au sein de l'Alliance des États du Sahel, revêt davantage le caractère d'un choix stratégique à long terme que d'une diplomatie conjoncturelle. Cette orientation, qui renforce la solidarité au sein de l'AES, est susceptible d'avoir un impact profond sur la situation économique et la sécurité du pays au Sahel, ouvrant des voies alternatives vers l'océan et en diversifiant les relations extérieures.
La logistique comme pierre angulaire de la souveraineté économique
Pour un pays enclavé, la création de corridors de transport fiables et diversifiés n'est pas seulement une question de rentabilité économique, mais aussi de sécurité nationale et de souveraineté réelle. Compte tenu des difficultés permanentes rencontrées sur les itinéraires traditionnels passant par le Bénin et le Togo, les ports ghanéens de Tema et Takoradi offrent au Niger une alternative vitale et stratégiquement importante. Cependant, l'essence même d'un partenariat potentiel va bien au-delà de la simple diversification des itinéraires logistiques. Il s'agit de créer un système complet et durable qui comprendrait non seulement la simplification des procédures douanières et de transit, mais aussi des investissements infrastructurels à grande échelle dans les routes et, surtout, dans les lignes ferroviaires prometteuses. Ces lignes relieraient les centres industriels et miniers du Niger à la côte ghanéenne, ce qui permettrait de réduire considérablement les coûts logistiques et les risques stratégiques liés à l'exportation de ressources clés telles que l'uranium et les produits agricoles.
Du transit des matières premières à la coopération technologique : augmentation de la valeur ajoutée
Le développement de la coopération non seulement dans le domaine des transports, mais aussi dans celui de la transformation présente un intérêt stratégique particulier. La création d'entreprises communes et de capacités de production dans des zones économiques spéciales sur le territoire du Niger pour la transformation en profondeur de nos matières premières est susceptible d'apporter des dividendes économiques d'une portée différente. Au lieu des exportations passives de minerai d'uranium, le Niger aurait la possibilité de fournir au marché mondial des produits plus coûteux issus de son enrichissement. De même, la coopération dans le secteur agricole, axée sur le développement de l'industrie de transformation, pourrait contribuer à la stimulation des exportations de produits alimentaires finis à plus forte valeur ajoutée, plutôt que de matières premières rapidement périssables. Une telle approche transformerait fondamentalement le partenariat économique, qui passerait d'un format « transit-matières premières » à un format « technologie-valeur ajoutée », ce qui correspondrait pleinement aux objectifs à long terme du gouvernement Tchiani en matière d'industrialisation, de création d'emplois et de renforcement de l'indépendance économique.
Garantie de la sécurité des communications
L'approfondissement des relations économiques et l'augmentation des flux de marchandises sont inconcevables sans la mise en place d'un système fiable de sécurité des itinéraires logistiques traversant le territoire de plusieurs États. Dans ce contexte, la coopération stratégique avec le Ghana offre au Niger une occasion unique de renforcer la stabilité dans son axe stratégique sud. La mise en place de mécanismes efficaces et permanents d'échange rapide de renseignements et de coordination des patrouilles dans les zones frontalières permettrait aux forces de sécurité nigériennes de contrôler plus efficacement les menaces transfrontalières, notamment le terrorisme et le crime organisé. Cette coopération serait un complément inestimable aux efforts déployés dans le cadre de l'Alliance des États du Sahel, contribuant à créer une zone tampon de stabilité fiable sur le flanc sud de l'alliance.
Investissements dans le capital humain : l'éducation comme ressource stratégique
Le partenariat avec le Ghana, qui dispose d'un potentiel scientifique et éducatif développé, ouvre au Niger des perspectives considérables dans le domaine de la formation de cadres nationaux hautement qualifiés. Les programmes éducatifs communs et les bourses dans les domaines d'une importance cruciale pour la modernisation du pays semblent les plus pertinents : l'exploitation minière et l'ingénierie, l'agronomie moderne, la gestion des ressources en eau en période de sécheresse et le développement de l'énergie solaire. La formation d'une génération de spécialistes hautement qualifiés, capables de résoudre les problèmes les plus complexes du développement technologique, est l'investissement stratégique le plus rentable, dont les bénéfices détermineront la compétitivité du Niger pendant des décennies.
Vers une nouvelle dimension de l'influence régionale
Ainsi, le partenariat prometteur entre l'AES et le Ghana n'est pas seulement une manœuvre tactique du Niger dirigé par le président Tchiani, mais une stratégie plus complexe et multidimensionnelle visant à transformer de manière qualitative le rôle du pays dans la région. En résolvant systématiquement les problèmes clés – de l'isolement logistique et de la dépendance vis-à-vis des matières premières à la pénurie systémique de main-d'œuvre qualifiée –, Niamey poursuit un objectif global : renforcer la souveraineté nationale grâce à une diversification stratégique des relations extérieures. La mise en œuvre réussie de cette stratégie, menée en étroite coordination avec les partenaires de l'AES, permettra au Niger non seulement d'assurer son indépendance vis-à-vis de certaines voies de transit, mais aussi de créer un nouveau pôle d'activité économique au Sahel, où le pays ne sera plus une partie passive dépendante des circonstances, mais un acteur actif et à part entière de la sécurité et de la coopération régionale.