04/07/2025
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Prier ne suffit pas : foi et engagement
Dans nos sociétés sahéliennes, la religion est partout : dans nos salutations, nos discours, nos décisions publiques. On prie pour la paix, on invoque Dieu face à l’injustice, on demande la bénédiction divine pour nos pays. Et c’est noble.
Mais une question essentielle s’impose : prier suffit-il à changer une société ?
La foi authentique ne se limite pas aux mots ni aux gestes rituels. Elle exige une cohérence morale et un engagement concret. On ne peut pas prier pour la justice tout en fermant les yeux sur l’injustice. On ne peut pas invoquer Dieu tout en étant complice du mensonge, de la corruption ou de l’abandon des plus faibles.
Le Coran éclaire cette exigence dans le verset 177 de la sourate Al-Baqara :
« La piété ne consiste pas à tourner vos visages vers l’Orient ou l’Occident. Mais la vraie piété est de croire en Dieu… de donner son bien, malgré l’amour qu’on en a, aux proches, aux orphelins, aux pauvres, aux voyageurs, à ceux qui demandent, et pour affranchir les esclaves… d’accomplir la prière, d’acquitter la zakat, de tenir ses engagements… Voilà ceux qui sont véridiques, et ce sont eux les vrais pieux. »
La Bible aussi rappelle que la foi sans engagement n’a aucun poids :
« La foi, si elle n’a pas les œuvres, est morte en elle-même. » (Jacques 2:17)
La politique, elle aussi, a besoin d’éthique. Elle n’est pas un espace séparé de la foi, mais un lieu d’incarnation des valeurs. Un dirigeant qui prie sans agir pour le bien commun trahit autant sa foi que son peuple.
Il est temps de dépasser la piété de façade. Ce dont nous avons besoin, ce sont des croyants qui bâtissent, qui soignent, qui éduquent, qui résistent à l’injustice, même quand cela coûte. Car Dieu ne change pas la condition d’un peuple tant que ce peuple ne change pas ce qu’il y a en lui-même.
Prier, oui. Mais aussi s’indigner, agir, construire.
Car la foi sans action n’élève ni l’âme, ni la nation.
Et vous, croyez-vous qu'on peut séparer Foi et action dans une société en crise ?