03/08/2025
NATION : Damagaram : la ferveur populaire au rendez-vous d’une gouvernance attendue
Le 3 août 2025 restera une date symbolique dans l’imaginaire collectif nigérien. Ce jour-là, la ville de Zinder, capitale historique de Damagaram, a réservé un accueil d’une rare ferveur au Chef de l’État, le Général d’Armée Abdourahamane Tiani.
L’impressionnante mobilisation populaire, spontanée, joyeuse et dense tout au long de l’itinéraire du cortège présidentiel, témoigne d’un attachement profond à la République, mais aussi d’un espoir chevillé au cœur du peuple : celui d’un avenir nouveau, juste et souverain.
Devant cette foule immense, le Chef de l’État n’a pu rester dans le confort feutré de sa voiture officielle. Il est descendu, s’est offert un bain de foule, assumé et réussi, au contact direct de cette jeunesse de Damagaram, enthousiaste et déterminée à faire de cette visite un moment historique.
Ce geste n’est pas anodin. Il symbolise une rupture avec les pratiques verticales du passé et inscrit dans l’action politique un principe cardinal : écouter le peuple, marcher avec lui, non pas au-dessus de lui.
Cet événement avait pour toile de fond un hommage solennel rendu à l’une des grandes figures de notre résistance anticoloniale : Amadou Dan Bassa.
En dédiant plusieurs centaines d’hectares à des plantations d’arbres à sa mémoire, le Niger réaffirme une vérité essentielle : honorer ses héros, c’est honorer sa propre histoire.
C’est s’adosser aux valeurs de bravoure, de loyauté et de dignité pour se projeter avec confiance dans l’avenir. Il ne s’agit pas d’un simple acte symbolique. C’est un acte fondateur, porteur d’un message politique fort : nous devons écrire notre avenir à partir de nos propres racines.
C’est d’ailleurs dans cet esprit que le 65e anniversaire de la création de notre armée nationale – le 1er août 1960 – a coïncidé avec cette cérémonie.
L’institution militaire, aujourd’hui au cœur de la souveraineté nationale, mérite cette reconnaissance.
L’initiative de mettre à l’honneur nos blessés de guerre, de leur attribuer des médailles en signe de gratitude nationale, va dans le bon sens.
Mais elle doit aller plus loin : la création d’un mausolée dédié à nos martyrs, à tous ceux qui ont versé leur sang pour que vive le Niger libre et debout, s’impose comme un devoir de mémoire, mais aussi comme un pilier d’unité nationale.
Lors de sa prise de parole en langue nationale à Zinder, le Chef de l’État a su trouver les mots justes. Il a réaffirmé son serment de ne jamais trahir la volonté du peuple souverain du Niger. Il a rappelé le combat historique mené par nos ancêtres contre l’envahisseur, et a ancré son discours dans une continuité de luttes pour la dignité, la liberté et l’émancipation.
Ce rappel n’est pas anecdotique : il installe une filiation entre les résistants d’hier et les bâtisseurs d’aujourd’hui, entre les héros de la lutte contre la colonisation et les défenseurs actuels de notre souveraineté.
Mais l’intensité du discours présidentiel ne se mesure pas uniquement à la solennité des mots. Elle se juge aussi à l’ambition politique qu’il porte : construire un Niger avec et pour les Nigériens.
Cela signifie établir des partenariats, certes, mais uniquement avec des États ou des institutions qui respectent nos intérêts, notre souveraineté, notre volonté populaire. La souveraineté ne se limite pas à des slogans : elle se vit dans les choix stratégiques, économiques, sécuritaires, culturels.
Face aux appétits géopolitiques qui encerclent l’Afrique et qui transforment ses États en champs de bataille d’intérêts étrangers, le Niger n’a d’autre choix que de se rassembler autour de son peuple.
Ce que la scène de Zinder a révélé, c’est cette attente populaire d’unité, de confiance et de justice. La gouvernance vertueuse que réclament les Nigériens commence par là : reconnaître la souffrance de tous, valoriser les efforts de chacun, et surtout restaurer la justice sociale comme socle de la République.
Car la justice sociale est l’ennemie naturelle des fractures sociales. Là où elle est absente, surgissent l’injustice, l’exclusion, les conflits claniques et les replis identitaires. L’esprit clanique, qu’il soit régional, ethnique ou partisan, est un poison lent qui divise le tissu social et affaiblit la nation. Il est urgent d’y mettre un terme.
Le peuple nigérien ne demande pas l’impossible. Il demande à être gouverné avec respect, dignité et transparence. Il aspire à un pouvoir exercé par le peuple et pour le peuple – selon la formule universelle de la démocratie.
Cela signifie plus que la simple tenue de discours : cela exige des actes concrets, un climat de confiance, une gestion rigoureuse des ressources publiques, une lutte sans relâche contre la corruption et une reconnaissance réelle du mérite et de la compétence.
La tribune populaire de Zinder est un miroir. Elle renvoie au pouvoir l’image de ce qu’il peut devenir, s’il reste à l’écoute, s’il s’ouvre, s’il agit avec équité.
Le Général d’Armée Abdourahamane Tiani a là une opportunité rare de réinventer la relation entre le pouvoir et le peuple. L’histoire l’observe. L’Afrique l’observe. Le peuple nigérien l’attend.
Salou Gobi
Publié le 3 Août 2025