18/07/2025
🛑 Niger: Fakara sous les balles, Kouré sous le choc : la junte a-t-elle encore un État à gouverner?
Mercredi 16 juillet 2025.
Mardi 15 juillet 2025. Encore une date sanglante, encore une preuve accablante. Les terroristes du JNIM ont une nouvelle fois imposé leur loi, cette fois dans la commune rurale de Fakara, région de Dosso, non loin du tristement célèbre parc de Kouré, entre Koddo et Doudo. Le bilan est lourd, indigne, insoutenable : six morts, dont cinq éléments de la Garde nationale nigérienne (GNN) et un civil. Des Nigériens tombés, encore, sur leur propre sol, abandonnés par un pouvoir militaire plus prompt à pavaner sur les plateaux de télévision qu’à défendre la patrie.
Dans le même temps, un ressortissant indien a été enlevé, dans ce qui est désormais une routine sinistre au Niger : les enlèvements d’étrangers qui mettent à nu l’effondrement total de la sécurité et de l’État de droit.
Un territoire livré.
Ce qui frappe ici, au-delà de l’atrocité de l’attaque, c’est l’endroit. Nous ne parlons pas des zones dites “rouges” du nord ou de l’est, mais bien de la région de Dosso, berceau historique de la stabilité nigérienne, à seulement quelques heures de Niamey. Quand des hommes armés peuvent tuer des gardes nationaux et enlever des étrangers aussi près de la capitale, c’est que l’effondrement est général.
Où est la junte?
La junte militaire au pouvoir, autoproclamée sauveuse de la souveraineté nationale, se révèle chaque jour un peu plus incapable, dépassée, absente. Les généraux, qui ont promis de “sécuriser” le pays, n’ont jamais été aussi silencieux que depuis que les terroristes s’en prennent aux régions jusqu’ici épargnées. Leur seule réponse semble être l’omerta et la diversion : pendant que les Nigériens meurent, le général Tiani rêve d’un sommet AES à Tombouctou, comme si la dénomination d’une capitale fictive pouvait masquer l’effondrement de l’ordre sécuritaire.
Investisseurs pris au piège.
Le rapt d’un indien, quelques jours seulement après l’enlèvement d’un chinois, renforce une évidence que tout investisseur étranger murmure désormais tout haut : le Niger est devenu un pays à haut risque. L’État n’est plus capable d’assurer la sécurité des travailleurs étrangers, ni même celle de ses propres soldats. Comment attirer un seul centime d’investissement dans ces conditions ?
Une mort silencieuse de l’État.
Ce qui se joue actuellement, ce n’est pas simplement une série d’attaques : c’est l’effritement d’un État, la mort clinique de l’autorité publique, et l’abandon de la population face aux groupes armés. Les militaires au pouvoir avaient juré de faire mieux que le président qu’ils ont renversé. Ils font pire, et plus vite. Ils ont trahi les jeunes patriotes qui les ont soutenus, trahi les commerçants qui espéraient en eux, trahi les soldats envoyés au massacre sans moyens, sans stratégie, sans vision.
Trop, c’est trop!
Ce 15 juillet, à Fakara, six nouvelles familles viennent d’entrer dans le cercle du deuil national. Elles ne recevront ni honneurs, ni vérités. Les dépouilles seront enterrées dans la poussière, et les bourreaux, eux, continueront leur route vers d’autres villages, d’autres cibles.
Mais le peuple nigérien, lui, commence à comprendre. Et un jour, bientôt, il présentera l’addition à ceux qui prétendent gouverner en son nom, mais ne savent que régner dans le sang, le silence et la honte.
Samir Moussa