04/08/2025
Zinder sous le règne de Tchiani le Grand, pharaon des dunes et sultan du micro
Hier à Zinder, Sa Majesté Tchiani Ier, pharaon improvisé mais convaincu, a daigné quitter ses salons climatisés pour gratifier le peuple de sa parole sacrée.
Au menu : un cours magistral d’histoire antique, un soupçon de mise en scène biblique et, surtout, un tsunami de promesses.
Car Tchiani a vu grand. Très grand.
Le voilà qui convoque Ramsès, Khéops et même le Nil pour justifier qu’un jour — Inch’Allah — il réussira peut-être à réparer la pompe du quartier.
Et tant p*s si, sous le soleil brûlant de Zinder, l’eau se vend plus cher que les slogans patriotiques : le peuple, assoiffé mais poli, a écouté religieusement.
Dans sa grande bonté, le Guide a expliqué que tout cela est normal : même les pharaons avaient des problèmes d’eau.
Il a oublié de préciser qu’eux, au moins, avaient laissé des barrages, des canaux, et quelques pyramides qui tiennent encore debout.
Mais qu’importe la logistique : l’essentiel, c’est le symbole.
Tchiani le Grand se rêve déjà en bâtisseur de digues invisibles, en dompteur d’orages récalcitrants et en architecte de discours plus solides que la réalité.
Et si le Nil refusait d’obéir ? Il menace déjà de lui envoyer une commission spéciale ou, pire, un comité de vigilance.
Pendant ce temps, la soif, elle, ne connaît pas les métaphores.
Elle ne boit pas de slogans, ne s’abreuve pas de mythes antiques et se moque bien du vernis pharaonique.
Elle attend juste un robinet qui coule.
Et comme dirait un vieux sage de Zinder :
« Quand le chef se prend pour un dieu, le peuple, lui, continue à chercher de l’eau sous les pierres. »