07/07/2025
Le Père Boiteau 🙏🙏🙏
7 juillet 1947 - 7 juillet 2025
78ème anniversaire de la mort du père Boiteau
Le 7 juillet, à 7 h 10, le père Boiteau, figure tutélaire de Cilaos, curé de la paroisse et directeur du petit Séminaire rendait son âme à Dieu. La paroisse de Cilaos était subitement orpheline de ce prêtre hors-normes dont la modestie et le charisme avaient marqué durablement les esprits dans le cirque.
Le personnage, sous des dehors austères, avec sa soutane noire, sa barbe et son casque colonial vissé sur la tête ne laissait personne indifférent. Mais cette austérité cachait une belle âme et un dévouement sincère. Certains disaient de lui: « quand il s’agissait de rendre service ou qu’on l’appelait, il quittait tout, même une prière pour s’occuper des autres. »
Pauyl Antoine Boiteau est né le 13 aout 1901 à Bouloire, petit village de la Sarthe, à une trentaine de kilomètres du Mans. Très tôt, il ressentit l’appel de Dieu et entama sa scolarité au petit séminaire de la Flèche où on garda de lui le souvenir d’un élève timide, mais assidu et accumulant les bonnes notes.
Après le petit séminaire de la Flèche, il poursuivit sa formation au grand séminaire de Nantes, de 1918 à 1920. L’abbé Garand, supérieur du grand séminaire, disait de lui: « Ce jeune abbé m’avait fait part de son désir d’être missionnaire. J’ai étudié soigneusement étudié sa vocation et elle m’est apparue très sérieuse. »
Ordonné prête en 1924, son souhait d’être missionnaire pour porter la parole divine dans les territoires lointains fut exaucé en 1927, année où il fut envoyé à la Réunion.
L’histoire d’amour entre le jeune père Boiteau et Cilaos débuta en 1928, année. Il fut affecté par le diocèse en qualité de sous-directeur du séminaire de Cilaos alors dirigé par le père Mage. Lorsque ce dernier quitta Cilaos en 1934, le père Boiteau, devint directeur par intérim du petit séminaire.
Le 15 juillet 1935, le diocèse confia les rênes du petit séminaire et de la paroisse de Cilaos à ce jeune curé qui n’avait pas encore 28 ans. Son dévouement aux autres, mais surtout les jeûnes et les pénitences auxquelles il se soumettait de manière quasi quotidienne eurent raison de sa santé.
Le 28 juin 1947, sa santé commence à décliner. Les médecins détectèrent une occlusion intestinale. Son était de santé ne cessant de s’aggraver, il fut conduit le 30 juin à Saint-dénis pour être hospitalisé.
Le 7 juillet à 7 h 10, il rendit son âme à Dieu.
« Ses dernières paroles furent pour demander pardon à tous ceux près desquels il avait vécu: les pères, les religieuses, les séminaristes, les enfants, la paroisse… Une dernière fois il récita son chapelet. A la cinquième dizaine, les mots défaillirent, mais entre les doigts, les grains glissaient toujours. A sept heures dix, il s’éteignit doucement.
Une demi-heure plus t**d, la nouvelle parvint à Cilaos et toute la paroisse fut debout. Il fallu rouvrir les portes de l’église et celle-ci ne désemplit pas jusqu’au surlendemain lorsque la dépouille du père Boiteau, portée sur les épaules de ses enfants, sortit de cette chapelle bâtie par lui pour aller à quelques pas de là dormir de son dernier sommeil. La nuit qui précéda les funérailles, les hommes se relayèrent pour lui creuser un caveau. Les uns fournirent les planches, les autres le ciment, la chaux, le gravier. Un camion roula toute la nuit pour aller à cinq kilomètres de là chercher le sable. Le lendemain matin, le caveau était prêt. Mais personne n’accepta d’être payé. »
En février 1935, le père Boiteau avait écrit dans le journal « Les annales spiritaines », organe des pères du Saint-Esprit, une véritable déclaration d’amour à Cilaos dont nous reprenons ci-après quelques extraits:
« Si vous n’avez pas le temps de parcourir toute l’île, venez du moins à Cilaos (…)Ne voyez-vous pas cette raie sinueuse qui grimpe le long du rempart? C’est notre route. Certains se disent: la moindre maladresse du conducteur d’auto pourrait le réduire en bouillie au fond d’un ravin. Mais rassurez-vous: l’ange gardien de Cilaos est vigilant (…) La longue rue qui traverse Cilaos s’ouvre devant vous. De nombreux enfants aux joues roses, pieds nus, s’amusent près des maisons. De gracieuses villas voisinent avec de pauvres cases d’aspect misérable est des boutiques de Chinois et d’Indiens. Vous croisez des passants vêtus de guenilles, d’autres habillés à la dernière mode de Paris. Pauvreté et richesses se sont données rendez-vous ici? Oui, la même variété que vous avez constatée dans les paysages se retrouve ici dans les habitants. »
Arrivé dans le cirque en 1928, à l’âge de 27 ans, le père Boiteau aura consacré 19 ans de sa courte vie à Cilaos où il remplit avec passion son sacerdoce de missionnaire. Ill est mort dans la fleur de l’âge, quelques semaines avant de fêter son 46ème anniversaire.
Curé bâtisseur, missionnaire zélé, il a marqué son passage dans le cirque de son empreinte. Il fut inhumé devant l’église qu’il avait fait construire pour remplacer l’ancienne, qui tombait en ruine. Il en avait posé la première pierre, le 13 juin 1937 et avait procédé à sa bénédiction le 12 février 1940 en compagnie de Mgr Cléret de Langavant.
Son coeur, son corps et son esprit demeurent à jamais attachés à Cilaos, « le pays que l’on ne quitte pas » et ce qu’il appelait dans son article publié en 1935 « la longue rue qui traverse Cilaos » a été depuis baptisée « rue du père Boiteau » en hommage à ce curé qui avait fait de Cilaos, sa terre de mission et sa terre d’adoption.
Sources:
- Livret publié par la paroisse de Cilaos pour les 60 ans de la mort du père Boiteau
- Annales Spiritaines 1935
- Annales spiritaines 1947