31/05/2025
Ces échecs qui devraient nous parler…
Par Habib Léon Ndiaye
L’échec de la candidature de notre compatriote, Amadou Hott, à la présidence de la Banque africaine de Développement (BAD) s’inscrit dans une série de revers diplomatiques subis ces dernières années.
Avant lui, le Professeur Abdoulaye Bathily, (candidature à la présidence de la Commission de l’Union africaine en 2017) le Professeur Eva Marie Coll Seck (candidature au poste de Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) en 2017), le Dr Ibrahima Socé Fall (candidature au Bureau régional Afrique de l’Organisation mondiale de la santé en 2024) et Me Augustin Senghor (candidature au Conseil de la FIFA en 2025), tous ont été recalés dans leurs ambitions de briguer les postes sus cités.
Notre pays a, donc, connu, cette dernière décennie, plusieurs échecs notables dans ses tentatives d’obtenir des postes de leadership au sein d’organisations internationales.
Le cas de Amadou Hott est un de plus qui illustre, non seulement, les limites de nos capacités de lobbying sur la scène internationale, mais révèle aussi combien notre absence dans les instances de décision pourrait, à terme, compromettre notre rayonnement et notre poids dans les grands arbitrages tant continentaux que mondiaux.
Un État doit veiller à asseoir et à développer sa compétitivité stratégique, c’est à dire son aptitude à se positionner, de manière durable et avantageuse, face à ses concurrents et à défendre ses intérêts fondamentaux, notamment sur les grands enjeux économiques, politiques et géopolitiques transnationaux.
Dans son versant diplomatique, cette compétitivité stratégique se manifeste par la capacité de projection et d’influence d’un État, usant, entre autres, de son soft power, dans les négociations régionales et mondiales pour une présence remarquable de ses citoyens dans les instances de décision internationales.
Nos autorités étatiques devraient, dans de pareilles circonstances, se comporter en véritables agents de marketing pour « vendre » leurs concitoyens.
Dans son livre « Le Temps des Tempêtes », Tome 1, l’ex président français, Nicolas Sarkozy, y raconte comment il s’était, personnellement, investi pour faire aboutir la candidature de Dominique Strauss-Khan au poste de directeur général du FMI, contre l’avis de certains de ses amis politiques.
Leur appartenance à deux camps politiques, historiquement rivaux, n’a pas constitué non plus un obstacle à sa décision de parrainer sa candidature.
Il avait mis l’intérêt supérieur de la France en avant, surfant, en même temps, sur l’enthousiasme que sa récente élection avait créé.
Pour revenir au cas du Sénégal, les échecs successifs de notre pays à placer ses ressortissants à la tête d’institutions africaines et internationales ne doivent pas être vus comme une fatalité.
Ils ne sont pas non plus une remise en cause des compétences de nos concitoyens, qui n’ont pas à rougir de l’expérience de leurs concurrents à ces postes.
Ces échecs devraient, plutôt, être perçus comme des signaux clairs appelant à une révision stratégique de nos alliances et de notre stratégie d’influence.
Nous avons, dans notre écosystème diplomatique, des figures et des parcours très honorables qui peuvent nous aider valablement à repenser notre présence dans les instances de décision africaines et mondiales.
Car, en définitive, il ne suffit pas d’avoir des candidats brillants, il faut, aussi et surtout, une machine bien huilée, des alliances solides et une vision d’influence à long terme.
« Par engagement pour la République et par amour pour la patrie »