01/12/2022
Alé n’est pas Galilée
Nul n’est censé ignorer la loi. Pour cause, nous tenons à éclairer la lanterne des sénégalais et par acquit de conscience, faire savoir qu’en ces temps obscurs, lever le voile sur le visage du ‘’Monstre Mackyen’’ est synonyme de crime de lèse-majesté.
Intellectuels, politiques, sociétés civiles, religieux, journalistes et autres leaders d’opinion, trêve de télescopie ! Cessez de regarder plus loin que le bout de votre nez ! Cessez de vous indigner ! L’heure est venue de porter les baillons. Tels des masques en temps de Covid. Confinez vos idées ! Tant qu’elles sont en déphasage avec la dynastie Faye-Sall ; aux risques et périls d’être en télescopage avec cette foudre judicaire téléguidée. Cette ‘’justice inquisitrice’’ qui assimile tout acte de résistance à la rébellion et qualifie toute vérité dérangeante de ‘’Crime Galiléen’’.
En effet, face à l’obscurantisme tyrannique qui fait office de religion, dire que tout tourne autour du soleil est plus qu’hérétique. C’est quasi-suicidaire. Et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle, pour sauver sa vie, Galilée se rétracta. Pour échapper à l’inquisition, il relativisa plus ou moins la thèse copernicienne.
Mais Alé doit -il faire de même ? Doit-il renier la vérité ? Non !
Alé n’est pas Galilée. Et Galilée n’est pas sénégalais.
Pour une affaire censée être privée où tout un appareil d’Etat est mobilisé. Un dossier qui a fait basculer le Sénégal dans un cycle sans commune mesure de sanglantes manifestations. Dans un cas de viol présumé qui a ôté la vie à 14 sénégalais, entrainé les blessures de plus 600 personnes et le pillage de milliards de Fcfa. Pour autant de dégâts collatéraux, l’opinion mérite amplement d’être éclairé. Lumière doit être faite sur cette rocambolesque histoire. Quiconque voulant nous cacher la vérité doit être considéré comme complice de l’assassinat de ces jeunes âmes. Les responsables, qui puissent -ils être, devraient être dénoncés, avec vigueur et véhémence et par tout un chacun. Il s’agit là d’un devoir moral et civique à la mémoire des victimes de Mars 2021. Devoir auquel ne saurait se soustraire tout bon citoyen, à fortiori un journaliste. Ce serait trahir même la vocation et les principes fondamentaux du journalisme.
En effet, si on se réfère à la Charte des devoirs et des droits des journalistes plus connu sous l’appellation de "Charte de Munich’’, tels sont distingués ses obligations :
En premier lieu, le journaliste se doit de « respecter la vérité, quelles qu'en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître la vérité ».
Ensuite, il a pour devoir de « défendre la liberté de l'information, du commentaire et de la critique ». Sans doute là une réponse lapidaire aux fumistes et autres hypocrites qui soutiennent que ‘’depuis un certain temps, Pape ne fait plus du journalisme’’. Comme quoi, qui veut tuer son chien l’accuse toujours de la rage. Mais contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, les journalistes sont libres de commenter et de prendre position.
Et parmi leurs droits inaliénables, ils « revendiquent le libre accès à toutes les sources d'information et le droit d'enquêter librement sur tous les faits qui conditionnent la vie publique. Le secret des affaires publiques ou privées ne peut en ce cas être opposé au journaliste que par exception et en vertu de motifs clairement exprimés ».
Au regard des principes susmentionnés, il devient obligatoire de se demander en quoi Pape Alé Niang a-t-il fauté. Qu’a-t-il diantre fait pour mériter d’être arrêté comme ça, dans la rue, tel un vulgaire malfrat ? Rien de condamnable. A supposé qu’on se trouve toujours dans un Etat de droit et que le principe de liberté de presse a encore un sens.
Si le parquet est d’humeur à s’autosaisir pour « divulgation d’informations non rendues publiques par l’autorité compétente de nature à nuire à la Défense nationale ; recel de documents administratifs et militaires ; diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques » ; voici une cible de taille.
Il faut aller traquer l’OCCRP (Organized Crime and Corruption Reporting Project) pour la publication du contrat de 45 300 000 000 Fcfa TTC entre l’Etat du Sénégal et ‘’Petit Boube’’.
Le consortium international de journalistes d’investigation a non- seulement divulgué au public un document classé Secret-Défense mais il a ouvertement accusé l’Etat du Sénégal d’escroquerie par voie de surfacturation.
Réquisitoire pour réquisitoire, un contrat classé Secret-Défense dont le contenu énumère une liste d’armes achetées et leurs destinataires est plus à mesure d’être qualifié de « divulgation d’informations non rendues publiques par l’autorité compétente de nature à nuire à la Défense nationale ».
Quant à la « diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques » ; que faire des allégations de surfacturation délibérée en toute complicité avec ‘’Petit Boube’ ?
Soit l’accusation est vraie ! Soit elle est fausse ! Mais elle ne doit rester veine.
S’il s’agit d’allégations infondées, que l’Etat récuse et apporte la bonne information. Sinon, on peut aussi se contenter de leur silence coupable. Nul besoin d’avouer quoi que ce soit.
Qui ne dit rien, ne nie rien ! (‘’Xam na niou lepp’’).
Mais en tout état de cause, force est de constater que le traitement judicaire des ces deux cas est tout sauf équitable. PAN ne jouit-il pas des mêmes droits que tout autre journaliste ?
Y’a-t-il des citoyens de seconde zone dans ce pays ? Je ne saurais hâter ma réponse.
Cependant, la ‘’têtutesse’’ des faits laisse de plus en plus paraitre qu’il y a une justice à deux vitesses au Sénégal. Où arrestations abusives et détentions arbitraires font foison. Vraisemblablement, le monstre ne sort du maquis que pour chasser les proies jugées hostiles à sa majesté.
Toutefois, il aura beau tenté de nous effrayer, de nous intimider, de nous emprisonner ou de nous tuer au besoin, mais, il lui sera impossible de nous cacher éternellement la vérité.
Certes, on peut nous priver de la lumière du soleil, mais nul ne peut l’empêcher de briller. Et il brillera à nouveau car : « Il y’a trois choses qui ne peuvent pas être cachées bien longtemps : le soleil, la lune et la vérité. » Buddha.
Les germes de l’indignation se sont déjà enracinés dans nos esprits. Arrêter PAN n’y fera rien !
Un Alé emprisonné ! Des milliers en liberté !
Aslan