08/09/2025
De Lansana Gagny Sakho
🛠️ Gouvernance centralisée des infrastructures au Sénégal
La création d’un ministère des Infrastructures au Sénégal marque une rupture institutionnelle audacieuse et une innovation majeure dans la gouvernance publique. Cette décision semble traduire une volonté de l’État de reprendre la main sur la planification, la coordination et la maîtrise technique de ses grands projets.
Depuis plus de deux décennies, notre pays s’est engagé dans une dynamique ambitieuse de développement de ses infrastructures. Cependant, derrière cette effervescence, se cache une réalité moins reluisante : celle d’une gouvernance technique morcelée, inefficace et coûteuse.
Chaque ministère dispose de sa propre direction des travaux, avec des compétences souvent redondantes, des procédures hétérogènes et une coordination quasi inexistante. Entre le FERA, PROMOVILLES l’AGEROUTE on en perd son latin. La construction du siège de la cour des comptes a duré près de deux décennies. Les avenants sont la règle.
Cette fragmentation engendre des surcoûts considérables, des retards chroniques, et une traçabilité insuffisante des projets. Le résultat : une perte de performance pour l’État, une frustration des citoyens, et une attractivité amoindrie pour les investisseurs.
Le ministère des Infrastructures est peut être une grosse opportunité pour le Sénégal de pays se doter d’une entité technique centralisée, capable d’accompagner l’État dans la maîtrise d’œuvre publique, la planification stratégique et le suivi rigoureux des grands travaux. Cette réforme ne serait pas une révolution, mais une évolution logique, inspirée des meilleurs modèles régionaux éprouvés.
La Côte d’Ivoire, par exemple, a su rationaliser son dispositif à travers le BNETD, véritable bras technique de l’État, garant de la cohérence et de la qualité des projets publics. Pourquoi ne pas s’en inspirer ? La création d’une grande Direction Générale des Travaux Publics rattaché au ministère des infrastructures permettrait de centraliser l’expertise technique de l’État, renforcer la qualité, la bonne gouvernance et la traçabilité des projets, optimiser les délais et les coûts de réalisation, creer un pôle d’excellence technique national.
Ce dispositif pourrait être un vecteur de modernisation de l’action publique, un outil de pilotage stratégique, et un gage de souveraineté technique. Une telle réforme permettrait une amélioration significative de la gouvernance des infrastructures, une réduction des délais de mise en œuvre, une montée en compétence des ressources humaines techniques, un renforcement de la souveraineté nationale en matière d’ingénierie.
Cependant, c’est par la compétence que cette direction gagnera sa légitimité et sa crédibilité. Le recrutement par concours devrait être la regle, il s’agit d’une exigence de transparence, d’excellence et de méritocratie. Notre pays a les talents pour conduire tous les projets quelques soient leur complexité.