
08/08/2025
LA CHRONIQUE DE MLD
Sonko, le Plan Erdoğan et le secteur privé
Par Mamadou Lamine DIATTA
Même si l'actualité nationale reste dominée par le People et la politique politicienne, la visite officielle du Premier Ministre Ousmane Sonko présentement en Turquie est loin d'être banale. Surtout dans un contexte de raréfaction des ressources financières et de promotion d'un Plan de redressement économique et social (PRES) un tantinet controversé.
À la lisière de l'Europe et de l'Asie, la Turquie 20 ème économie mondiale, tire son importance géopolitique majeure de cette position géographique inédite. L'air guilleret, le Leader Turc Recep Tayip Erdoğan présente le Premier ministre de la République du Sénégal comme un "frère qui joue actuellement un rôle clé sur le continent africain". Une appréciation qui sonne comme une invite à une implication moins feutrée de notre pays dans des dossiers complexes comme le conflit israelo- palestinien. Erdoğan mesure à sa juste valeur la qualité et l'efficacité de la diplomatie sénégalaise dans de telles situations.
Pour autant, les enjeux économiques de cette visite du Premier ministre en Turquie sont les plus prégnants et les plus saillants. Évalué à près de 250 milliards fr cfa, le volume des transactions entre les deux pays devrait atteindre le chiffre- record d'1 milliard de dollars soit le double à savoir plus de 562 milliards fr cfa. Des ambitions qui restent raisonnables au regard de la présence en Turquie des ministres Sénégalais de l'économie, de l'énergie, des mines, de l'agriculture , de l'industrie etc.
Tout de même malgré les innombrables opportunités offertes par cette visite, il ya lieu de se poser des questions sur la faible implication des acteurs les plus en vue du secteur privé sénégalais dans la constitution de la délégation du Premier ministre. Interrogé par une télé de la place, l'homme d'affaires Serigne Mboup par ailleurs membre du club des investisseurs sénégalais ( CIS) informe que son frère fait partie des privés nationaux actuellement présents en Turquie. Maigre consolation.
Il faut souligner pour le déplorer que le Président Abdoulaye Wade a été jusque-là le seul Leader sénégalais à avoir mis les privés sénégalais dans les meilleures conditions de décrocher des contrats de joint- ventures avec les hommes d'affaires des pays développés. Wade avait une véritable ambition pour le secteur privé national. Macky Sall privilégiait plutôt les entreprises chinoises, turques et européennes principalement dans les gros chantiers du BTP. Aujourd’hui, les acteurs du secteur privé national sont pratiquement dans une phase avancée d'observation et d'attente pour connaître la vision du pouvoir Diomaye-Sonko relativement à leur rayonnement au Sénégal et à l'international. Le Conseil national du patronat - CNP- et la CNES ont également compris l'urgence d'une fusion déjà actée qui va accoucher dans les meilleurs délais d'une grande organisation patronale sénégalaise qui sera ainsi un interlocuteur crédible devant les plus hautes autorités. L'émiettement du patronat joue en sa défaveur. "Seul on va plus vite et ensemble nous allons plus loin " dit l'adage.
C'est l'une des missions des pouvoirs publics de promouvoir le secteur privé partenaire vital dans le processus de création d'emplois, de valeur ajoutée et de richesses. Le Roi du Maroc Mohamed VI le fait de même que le Président ivoirien Alassane Ouattara. Même s'ils n'ont pas la même surface financière que leurs homologues des pays du nord, les privés nationaux ont besoin de l'appui de l'État pour par exemple servir de réceptacle à des transferts de technologies dans le cadre de partenariats innovants. L'expertise sénégalaise est pourtant mise en lumière ailleurs en Afrique principalement dans les domaines stratégiques du BTP et de l'ingénierie financière.